Chapitre 17

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Anthosa
Eros

Lorsque l'un des hommes, à la longue barbe s'approcha de nous, il fut propulsé par une chaise que Louisa avait jeté de toutes ses forces. Je me retournai alors vers elle et la vit dégainer une dague de ses bottes.

- Louisa ?

- Je ne laisserai personne me toucher sans avoir été sûre de m'être battue jusqu'à la dernière goutte de sang! Même si cela signifiera que ma fin sera plus brève !

Le mercenaire à la demie queue de cheval eu un rictus aux lèvres :

- Combattive...Intéressant, on pourrait peut-être l'emmener captive au camp.

Louisa lui cracha alors au visage. L'homme étant assez loin, ne reçut rien, mais son geste ne lui échappa guère, bien au contraire.

- Louisa ! La réprimanda Emna.

Alors qu'il commençait à s'approcher d'elle lentement, il fut retenu par son confrère qui lui pointa du doigt derrière lui.

J'aperçus alors l'homme qui tenait Anastasia s'effondrer par terre lourdement, pendant qu'elle s'échappait à tout vitesse pour rentrer à l'intérieur.

- Qu'est ce que ç'est ? Demanda-t-il visiblement confus.

- POURSUIVEZ LA! ET NE LA LAISSEZ PAS NOUS ÉCHAPPER ! Hurla Vilas.

Je le fusillai du regard tout en continuant de prier de le croiser après cette mascarade.

Quelques hommes se précipitèrent alors à sa poursuite, mais furent attrapés par une crise de toux incontrôlable, les ralentissant dans leur élan.

- Qu'est ce qui se passe ? Demanda Vilas.

- Je ne comprends pas. Dit l'un d'eux.

- Pourquoi vous me regardez ? Attrapez La reine ! Ordonna Vilas, fou de rage.

Le mercenaire à la demi-queue de cheval brandit son épée et bondit en ma direction. Je reculai rapidement avant d'être brutalement tirée par la cheville et mise à terre.

J'entendis les cris horrifiés de Louisa et Emna derrière moi à cette instant.

Mon assaillant, désormais sur moi, me surplombait. Mais soudain, ses yeux commencèrent à s'injecter de sang, et de la bave sortit de sa bouche, je le poussai afin de me libérer de son emprise. Il tomba lourdement sur le côté tandis qu'une toux incontrôlable secouait sa poitrine.

Je me tournai alors pour voir le visage enragé de Vilas. Sans prévenir il souleva une chaise qu'il jeta violemment sur une des torche, ce qui fit vaciller les flammes.

Il se mit ensuite à courir en ma direction, mais fut arrêté par Louisa qui se mit à travers son chemin, le menaçant avec sa dague.

- Un pas de plus et je te refais le portrait.

Dans un mouvement brusque, il lui tordit le poignet, menaçant de lui arracher la dague des mains.

Louisa se débattit et refusa de lui céder l'arme. Emna, elle se précipita vers moi et m'aida à me relever.

- Ça va ? Demanda-t-elle haletante.

Je hochai la tête avant de me redresser. Aussitôt fait, je vis Louisa projetée contre la table en marbre, faisant voler la vaisselle en éclat. Elle émit une grimace de douleur avant de tenir le bas de son dos.

Vilas se retourna vers nous. Il attrapa un couteau par terre et fonça vers nous.

Je tirai Emna et courus aussi vite que je pu pour contourner la table. Le mercenaire aux yeux gris s'avança vers nous, une épée à la main. Il vacillait légèrement, signe de fatigue. Il nous donna un coup d'épée que je pus contourner facilement vu la faiblesse de son action.

Emna lança le reste d'une chaise sur lui, causant sa chute. Sa tête heurta violemment le poteau de la grande torche. Il tomba par terre, une mare de sang apparut.

Vilas, qui en avait profité pour contourner la table discrètement, allait se jeter sur Emna sans l'intervention de Louisa, qui fut tirée à sa place.

Vilas la plaqua de nouveau sur la longue table et amena le couteau qu'il tenait à la gorge de mon amie.

Je me précipitai avec Emna vers la grande torche en fer à côté de nous et commencèrent à la pousser fortement vers eux.

Elle était vraiment imposante et lourde, mais je n'arrêtai pas pour autant de pousser. Le bas de mon dos me faisait souffrir énormément vu la pression que j'exerçais, et les veines d'Emna était ressorties dans son front tellement l'effort que nous y mettions était fort.

Dans un geste inattendu, Louisa planta sa dague dans le flanc de Vilas. Le cinquantenaire vacilla et mon amie pu se défiler sous lui, elle lui échappa mais tomba par terre quelque pas plus tard incapable d'avancer plus.

Au même moment, nous réussissons avec Emna à faire basculer la torche qui tomba sur Vilas et brisa la table en marbre en deux. Le bruit de vaisselle qui se fracassait par terre me fit serrer des dents.

La torche s'écrasa sur l'épaule gauche de Vilas qui se retrouva bloqué sous la lourde structure en fer.

La flamme de la lampe se propagea rapidement dans l'étoffe qui recouvrait la table. Aussitôt l'entièreté du tissu fut recouvert de flammes.

- Ne vous avisez surtout pas de me laisser là !

Emna se précipita vers Louisa et lui offrit une étreinte inquiète avant de l'aider à se relever.

Louisa tenait toujours le bas de son dos en retroussant son nez de douleur.

J'observai les flammes se nourrir et grandir en gagnant de l'espace, menaçant de brûler Vilas.

Pourtant le noble était particulièrement calme pour la situation...Non pas calme, concentré . Ses lèvres bougeaient imperceptiblement. Il récitait quelque chose que je n'arrivai pas à déceler.

Soudain, les flammes commencèrent à s'écraser et à perdre de l'ampleur. Qu'arrive-t-il ?

Je ne tardai pas à comprendre tandis que l'odeur métallique de la magie commençait à me chatouiller les narines.
il utilisait un sort...

J'accouru vers mes deux amies et les poussai vers la sortie. Trop tard, les flammes avaient presque disparu et Vilas poussai déjà la lourde torche pour s'en libérer.

Le chemin étant bloqué par un tas de marbre et de restes de chaises. Nous nous précipitons de l'autre côté afin de le contourner et de sortir de la terrasse.

Vilas nous y empêcha. Il enjamba la distance qui nous séparait à grande enjambés et se mis à travers notre chemin, tenant son épaule blessé d'une main.

Louisa dégaina sa dague et la pointa de nouveau vers lui, dans un geste menaçant.

- Louisa...Mon enfant. Commença la voix tremblante de Vilas. Tu peux toujours changer de camps, rien n'est trop tard pour réparer sa faute. Tu préfère te faire exécuter auprès de ta reine déchue ou rejoindre les vainqueurs ?

Louisa eut un sourire en coin :

- Quels vainqueurs ? Retourne-toi Lord Vilas !

Il se retourna alors lentement et prudemment pour voir tous ces soldats, suffoquant et ruisselant de sueur.

- Que vous arrive-t-il ? S'affola-t-il avant de se retourner vers nous. Vous les avez empoisonné ?

Les mercenaires commencèrent à tomber par terre un après l'autre, du sang coulant du nez ou la poitrine secouée par des toux.

La vue était macabre, les neufs mercenaires restés ici tous allongés par terre, peinant à respirer ou vomissant du sang.

Il s'avança alors vers la porte pour constater que les trois partis à la poursuite d'Anastasia était aussi étendus par terre, inconscients.

Alors qu'il allait s'avançait encore plus Louisa l'arrêta.

- Un pas de plus et je vous égorge.

- Comment, ciel avez vous fait pour les empoisonner ? Sorcières !

Emna vint à côté de moi en souriant :

- La reine et sa compagnie sont plutôt intelligentes, vous ne trouvez pas Lord Vilas ?

Il cracha alors sauvagement en notre direction.

- Oh, Lord Vilas, quel vil comportement. Surenchérit Emna.

- Gardes ! Gardes ! Appela Louisa.

-Personne ne viendra Demoiselle Louisa. Les gardes sont tous au sous sol, sous mes commandes. Et même s'ils reviennent alertés par les bruits, mes mercenaires les élimineront.

- Les voilà revenus Lord Vilas. Annonça la voix d'Anastasia. Sous mes ordres.


- Anastasia ! S'enjoua Emna.

L'expression de visage de Lord Vilas s'assombrit, avant de se tourner rapidement chercher de l'espoir en ses mercenaires, tous, malheureusement au sol, vivant certainement leurs derniers instants.

- Où étiez vous, gardes ? Réprimandai-je.

- Votre majesté, Lord Vilas nous avait ordonné d-

- C'est moi qui donne les ordres Ici ! Pas Lord Vilas, ni aucun autre noble.

- Mais, il nous avait dit-

- Assez ! Je ne veux pas vous entendre ! Je n'oublierai pas cet incident de si tôt...Crachai-je violemment. Maintenant attrapez Vilas, et jetez le au cachot au nom de la Couronne !

Mais avant qu'ils ne puissent obéir à mes ordres, Vilas courut en direction de la deuxième grande torche et arracha brutalement le haut de cette dernière afin de la tenir comme arme et de la brandir en direction de Louisa et des gardes.

- Lord Vilas! Coopérez et lâchez cette torche. Dis-je.

- Je préfère encore mourir.

- C'est ce qui vous attend de toute façon. Répondit Louisa.

- Arrière ! Cria ce dernier en brandissant la flamme prés du visage de mon amie, de manière à la faire reculer.

Il se mit alors à courir à toute allure vers la sortie forçant les gardes à s'écarter de son passage.

- Attrapez le ! Ou vous en paierez le prix, je vous le promet ! Les menaçai-je alors.

Je me dirigeai ensuite vers le mercenaire à la demi-queue de cheval étendu par terre, je m'accroupis afin d'être à son niveau :

- Tu peux voir mon visage désormais. Dis-je en enlevant le tissu. Mais ça sera le dernier que tu verras !

Il émit un grognement de douleur avant d'attraper sa poitrine. Je me levai alors et lui assena un coup de pied au ventre l'obligeant à cracher du sang. Mais il n'eut plus de force pour combattre, ses souffles étant désormais comptés.

J'autorisai mes yeux à errer sur ce qu'est devenu cette terrasse : Le parquet tâché de sang et de cendres des chaises cassés balancées au quatre coins de l'endroit, la longue table brisée en deux. Les instruments enjoués au sol, perdant leur éclat.

Un vrai champs de bataille...

Un frisson glacial me parcourut l'échine réalisant ce qui venait de se passer, et la pression relâcha brusquement lorsque je croisai le regards de mes amies.

Elles accoururent vers moi et me prirent toutes les trois dans les bras. Le son de leurs pleurs commencèrent à me parvenir, et leur détresse apparut au grand jour.

Après un long moment à nous enlacer au rythme des pleurs de mes amies. Emna décida de briser l'embrassade.

- Vous allez bien ? Demanda-t-elle en nous étudiant l'une après l'autre.

Louisa hocha la tête, suivie d'Anastasia qui tremblait violemment.

- Et toi, Anthosa ? Demanda Emna à voix basse.

Je la regardai un instant avant de détourner mon regard vers les hommes au sol.

- Ils sont morts maintenant. Dit mon amie.

Louisa enlaça Anastasia dont les sanglots n'avaient pas quitté sa poitrine.

- Reprends tes esprits Anastasia. Tout est fini. C'est fini. Ils sont morts. On a réussi... Parvînt à la rassurer Louisa avant d'avoir la voix brisée par l'émotion. Des larmes dévalèrent alors sa peau pâle, parcourant ses tâches de rousseurs et arrivant jusqu'à ses lèvres fines.

C'est fini. C'est fini, on a réussi...

********************
Le lendemain

- Par Ordre de Sa Majesté La reine Anthosa d'Éros, nous déclarons le bourreau royal coupable de haute trahison envers la couronne et sa constitution. Il est alors condamné à l'exécution publique par décapitation.

Assise sur mon trône, j'observai la grande salle de réception bondée de nobles et de fonctionnaires venant assister à la condamnation du bourreau.

La salle du trône était l'une des plus grandes pièces du château, elle était située en plein milieu du bâtiment principale, de façon à ce que tous les couloirs menaient à elle. La pièce était ouverte sur ces derniers avec de grandes arcades en pierre blanche.

Le marbre blanc du sol reflétait violemment la lumière du soleil qui parvenait à travers les ouvertures en verre ornant le toit en dôme.

Mon trône était situé sur des estrades en pierre au fond de la pièce. La base de ma chaise était un simple siège en pierre sur-vêtu d'une épaisse étoffe blanche. Le trône était entouré de part et d'autres par des racines fantastiques entremêlées. De ces dernières émanaient une sorte de lueur blanchâtre qui créait un halo de lumière autour du trône royal.

D'Ici, je pouvais apercevoir le bourreau royal se faire traîner jusqu'au centre de la pièce. Il portait une longue tunique noire délabrée et usée. Sa barbe était sale et son visage pleins d'hématomes, preuves de la conversation qu'il a eu avec mes hommes.

Le tortureur torturé

Il avait avoué avoir reçu l'ordre d'un membre haut placé pour tuer le cuisinier afin de l'empêcher de communiquer des informations compromettantes.

Les deux gardes portant un uniforme en cuir spécial pour l'occasion, s'avancèrent avec le bourreau et le forcèrent à s'agenouiller devant le billot .

Son regard froid et tranchant ne lâchait pas le mien. Depuis le début de sa condamnation, il ne parlait pas, ne bougeait pas, et obéissait simplement aux ordres le tout en me fixant.

Les gardes l'installèrent et attachèrent ses mains avec des chaînes en fer.

- Un dernier mot avant la sentence monsieur. Fit l'annonceur.

Le bourreau ne dit rien et se contenta de me lancer un regard noir.

- Bien. Dit-l'annonceur avant qu'un garde lui saisisse la nuque pour la poser sur le billot. Mais ce dernier se débattit enfin en lui mettant un coup d'épaule.

Quatre gardes se précipitèrent en sa direction, une dague à la main. Ils l'encerclèrent tandis que lui ne bougeait pas, ses iris noirs posés sur moi. Son corps baraqué tremblant de rage.

Sans crier garde, le détenu cracha brutalement en direction de l'estrade.

- Au diable, vous et les gens de pouvoir. Au diable la dictature ! Cria-t-il en se faisant projeter la tête violemment contre le billot.

L'annonceur regarda en ma direction, je hochai la tête, il tourna vers l'exécuteur qui hocha la tête à son tour.

Il saisit la lourde hache posée sur la table en bois, s'avança vers le bourreau, leva l'arme au ciel avant de l'abattre violemment sur la nuque du condamné. Le son de la lame aiguisée contre les os du bourreau mit fin à l'attente, suivi du sang qui gicla brutalement de sa gorge tranchée.

Un silence de mort s'en suivi.

Je me levai enfin, redressai ma robe avant de quitter la salle du trône.

Je ne pourrais pas nier mon malaise à chaque fois que je suis présente lors d'une condamnation à mort. Mais je pourrais affirmer néanmoins que je me suis habituée, que je me suis forcée à m'habituer...

Arrivée au bout d'une bifurcation, je retrouve enfin mes amies.

- Anthosa ! Ça s'est bien passé ?

- Louisa ?! Rétorqua Emna. Comment veux-tu qu'une décapitation soit un moment plaisant .

Je leur offris un faible sourire comme réponse.

Louisa s'adossa alors contre le mur et ferma les paupières.

- Je suis sincèrement reconnaissante de l'avoir échapper belle hier soir. Dit-elle finalement.

- Moi aussi. Souffla Anastasia.

- L'idée du parfum était du génie, Anthosa. Me confia Emna en croisant les bras.

- Je suis presque jalouse de ne pas avoir eu l'idée en premier. Plaisanta Louisa.

Je savais que la plante que m'avait offerte cette petite fille avait des propriétés toxiques. Et je me suis souvenue que Louisa avait fabriqué un parfum à l'aide de cet échantillon. Alors je me suis dit que ç'était une manière de les empoisonner sans confrontation- Le repas étant déjà servi, je ne pouvais pas l'utiliser pour les piéger, Alors nous nous somme munies d'un foulard - et d'accessoirement de courage, afin d'essayer de les avoir.

Vilas, lui n'a pas succombé au poison, il était bien trop éloigné pour cela. Les mercenaires eux ont été en contact direct avec nous avant que le perde son effet. Ce qui a permit au poison de bien s'imprégner dans leur narines. On aurait pu y succomber aussi, mais Dieu nous a protégées, et nous en sommes sorties saines et sauves.

Ce n'était pas un plan sûr, mais ç'était un plan qui se tentait. À vrai dire rien n'était sûr pour moi à cet instant là.

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⏰ Dernière mise à jour : Feb 18, 2023 ⏰

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