7 | Nouna

677 151 16
                                    

Ma main glissa du poitrail du cheval et je me redressai, n'arrivant pas à détacher mon regard de l'animal qui venait de mourir sous mes yeux sans raison apparente. Enfin, aucune bête ne mourrait sans signe avant-coureur, seulement j'avais eu l'espoir de découvrir la cause avec le trépas. J'étais agacée, à la limite de la rage, ne supportant pas me sentir à ce point inutile, surtout quand on comptait sur ma personne. Et comme pour Sam, le problème ne se cantonnait pas à un animal mort, mais bien à une dizaine depuis de début d'année. Rien de glorieux.

— Les autres ? m'enquis-je.

Elior haussa les épaules et me fit un signe vers le champ s'étendant à perte de vue. Ici, chaque parcelle avait été achetée à des humains, ainsi, ça annulait le risque de se les voir reprendre par un Koning trop zélé. Et nouvellement nommé.

— C'est une accumulation de symptômes qui ne se ressemblent pas. Et puisque tes analyses n'ont rien donné...

Ouais.

Une autre mauvaise journée. À quel point pouvait-on cumuler au juste ? Bonne question.

— Je suis désolée, dis-je.

— C'est pas de ta faute, Nouna.

Déjà avant la guerre des animaux étaient morts sans raison, tombant du jour au lendemain. Et bien que j'aie tenté quelques rapports à une autorité supérieure, je savais très bien où tout ça avait fini. Au mieux dans une armoire, au pire, à la poubelle. Je m'en voulais de ne pas pouvoir faire plus pour Elior et sa communauté. De ne pas parvenir à endiguer ce qui finirait par être une véritable épidémie si je ne finissais pas par trouver la cause de cette merde monumentale.

Elle faisait plus que nous pendre au nez. Et je savais à quel point la situation des gens d'Elior était compromise. Plus de bouches à nourrir, une production éreintante et un faible revenu à la fin. Le serpent qui se mord la queue.

J'essuyai mes paumes contre mon Denim.

— Je vais faire quelques prélèvements, histoire d'écarter les pistes de base et j'aviserai ensuite.

Que faire d'autre ? Peut-être demander à Tobias de venir jeter un coup d'œil ? Et encore. Je ne voyais pas ce qui m'échappait à ce point. Mais il allait bien falloir que je trouve une putain de solution pour endiguer toutes ces morts. La guerre avait suffisamment raflé.

— Comment ça se passe pour Casey et Sera ? m'enquis-je alors.

Le sourire d'Elior eut le don de me mettre un peu de baume au cœur. Il fallait au moins ça.

— Casey est encore réservé, mais il s'intègre bien et aide bien aux fermes. Sera, c'est un peu plus–

— Compliqué, le coupai-je. Ouais, je sais.

Mais au moins, elle essayait et ça, c'était bien.

— Tu sais, les rumeurs circulent déjà sur le nouveau Koning.

Je fis les prélèvements réglementaires sur la carcasse et nous nous dirigeâmes vers le corps de ferme d'un pas lent.

La poule aux œufs d'or. Tout le monde en parlait, mais hormis les Herres et quelques Freiherrs, personne n'avait eu la chance de voir son éminente personne. J'étais mauvaise sans raison, mais j'ignorai ce que je voulais vraiment. Au moins, dans sa bêtise profonde, Thatcher nous avait toujours laissés tranquilles, ne nous apportant aucune aide d'aucune sorte. Si le nouveau Koning décidait de fourrer le nez dans les fermes locales, ça risquait de faire mal pour pas mal de fermiers qui embauchaient des Terras. Qu'ils soient humains ou non ne changeait rien à la donne et les Terras seraient priés de retourner d'où ils venaient. On ne pouvait pas cracher sur le système tout en profitant de ses avantages.

LES MAINS DE POUVOIR Tome 2 Fragmented Désire [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant