LES MAINS DE POUVOIR Tome 2 Fragmented Désire [Terminée]

16 | Takashi

Je regardai l'enclos où il y avait plusieurs cochons. Je détestai les cochons, je vous l'avais déjà dit n'est-ce pas ? C'était bien trop compliqué à attraper et en plus, ça vous filait un mal de crâne en trois minutes top chrono. Nouna discutait avec la propriétaire qui m'avait redonné la même plaque que la première fois pour pouvoir chopper Teddy.

Cet enculé de Teddy.

Qui avait fait un abcès par-dessus son abcès.

Enfoiré de cochon pourri.

— Tu comptes attendre la fin de l'année ou on va pouvoir avancer ? me héla Nouna d'un peu plus loin.

Je lui jetai un mauvais coup d'œil avant de faire rouler mes épaules. Je pouvais le faire. Je pouvais améliorer ma première prestation. Surtout ne pas tomber dans la bouse et la boue. Heureusement pour moi, le temps était assez sec pour que la boue soit minime. La bouse par contre, je ne pourrais pas l'éviter dans ce putain d'enclos, alors il valait mieux être efficace.

J'étais un prédateur et mon lycan en moi aurait dévoré ce petit cochon sur pattes si nous avions été sous notre forme. Il était d'accord sur le principe et m'autorisait à l'utiliser comme le prédateur qu'il était. Je ricanai de moi et passai l'enclos en sautant par-dessus.

— Aller viens-là Teddy. Qu'on te refasse un peu mal, grognai-je.

Sincèrement ? Je suis un peu près sûr qu'il m'a reconnu. Parce qu'au moment où il m'a vu m'approcher, il a déjà commencé à hurler.

Je mis plus de dix minutes à le chopper entre mes jambes et à la maintenir. Il hurlait à la mort, prétextant mourir et se faire déchiqueter, mais non. Nouna ne fit qu'inciser l'abcès pour faire tout sortir.

En ayant assez de ce vacarme, je resserrai ma prise sur le cochon et crachai :

— T'es mal placé dans la chaîne alimentaire pour faire ta grande gueule ok ?

Le cochon se figea un quart de seconde avant de se débattre de nouveau. Nouna éclata de rire et finit son travail tout en me tirant vers la sortie de l'enclos. J'avais évité la boue et la bouse et pour ça je me donnais quelques points supplémentaires. Nous saluâmes rapidement la propriétaire de l'animal et nous décollâmes.

La journée s'enchaîna à partir de là et je ne vis même pas les heures passées. Nouna me nourrit de deux gros sandwichs le midi et je me promis de faire correctement à manger ce soir. Il fallait que je garde un bon régime si je voulais avoir une bonne forme physique. Les sandwichs ? C'était pas trop ça.

Nouna parut dévastée par la perte de deux veaux supplémentaires que nous ne réussîmes pas à sauver. Elle me fit savoir que quand il y avait des jumeaux soit nous arrivions assez tôt et la mère et les petits étaient sauvés. Soit nous n'arrivions pas assez tôt et dans ces cas-là, les petits passaient trop de temps dans l'utérus de leur mère et suffoquaient. Ce n'était jamais la joie et je me fis la réflexion que Nouna vivait ça presque tous les jours. Elle me rappela que c'était aussi une question d'économie. Les fermiers comptaient sur elle pour faire attention à leur gagne-pain et inversement. Je voyais la fragilité de tout cet écosystème et me fit la réflexion que Ian, l'ancien propriétaire, avait dû faire beaucoup de sacrifice pour réussir à tenir tout ça debout.

Comme Nouna allait devoir le faire.

Quand nous retournâmes à la clinique après deux autres urgences et deux autres décès, Nouna semblait à bout de force. Je lui fis avaler une grosse tasse de café et me penchai sur ses papiers. Elle avait des recherches sur des maladies équines. Elle avait quelques soucis avec les chevaux d'Elior. Visiblement, ça la tracassait au point qu'elle reste éveillée toute la nuit et qu'elle soit épuisée ce soir.