LES MAINS DE POUVOIR Tome 2 Fragmented Désire [Terminée]

26 | Takashi

Comme j'avais plusieurs visioconférences avec les autres Konings pour faire un point sur les différentes trouvailles dans les camps de Terra, j'avais enfilé une chemise et replié les manches. Hettie travaillait déjà d'arrache-pied ce matin pour me permettre d'avoir toutes les données qu'on avait pu récupérer. Je trouvai l'endroit vide sans William, mais il avait dû être installé dans un centre d'insertion qui lui permettrait de trouver un travail, d'être bien relié à une meute et surtout à un Freiherr du coin. J'avais demandé à ce qu'il reste sur Perth et avais obtenu gain de cause avec Aslander. Le gamin aurait aimé être plus proche de Lothar, mais ce dernier avait refusé, souhaitant que William prenne son envol naturellement.

Tout comme moi, Lothar avait senti la nature dominante du jeune. Malheureusement, étant un réhabilité, il n'aurait pas le droit d'aller dans un Fief avant quelques années supplémentaires et après il serait trop vieux pour vraiment s'intégrer dans un Fief. C'était très compliqué d'entrer dans un Fief si vous n'y entriez pas directement à l'âge des plus jeunes. Le plus tard était cadet, puisque vous aviez normalement suivi des cours normaux en dehors. Seulement, William n'avait pas eu un vrai cursus et j'avais peur qu'Aslander ne veuille pas qu'un enfant de Terra se retrouve dans un Fief. C'était un peu contradictoire pour moi : après tout, on récupérait bien les Earhjas pour les mettre au Deity. N'était-ce pas encore pire ?

Bref, j'avais eu une dernière conversation en rentrant hier et ensuite, il s'était fait embarquer par Nixon qui l'y avait accompagné. Il avait reçu des papiers d'identité provisoires et bien sûr, j'avais appris pour la première fois à lier quelqu'un à l'immense réseau qu'était la toile tenue par Aslander. Lier les réhabilités était une prérogative des Konings. Nous nous devions de savoir qui était sur notre territoire et qui se liait à notre réseau. Après tout, les lycans qui étaient sur ce territoire étaient avant tout des lycans de l'Australie-Occidentale et j'étais la main d'Aslander sur ce territoire. Je me devais de connaître les Herres, les Freiherrs sur le bout des doigts. Mais bien sûr aussi tous les Godar qui officiaient ici, ainsi que tous les camps de Terras.

Je m'étirai un instant, terminant mon café sur la terrasse. Yvain était parti en vadrouille avec Zeus. J'avais l'impression qu'Yvain allait mieux ici, avec un but particulier. J'étais heureux de le voir s'épanouir, gérer des problèmes et surtout trouver toutes sortes de solutions. Hettie me rejoignit et s'installa à côté de moi.

— Tout va bien ? s'enquit-elle.

— Oui. Désolée d'avoir été absent quelques jours, soufflai-je.

— Tu avais sûrement une très bonne raison qui te retenait, répondit Hettie avec un clin d'œil.

Je ne pus retenir mon sourire et Hettie émit un doux rire.

— Les paris ont été lancés, tu sais ? Tu ne peux pas disparaître sans que ça cancane sur toi.

Je haussai un sourcil et croisai mes bras sur mon torse.

— Et donc ? Qui a osé dire des âneries sur ma personne ?

— Ce ne sont ni des âneries ni sur ta personne.

J'éclatai de rire, sachant déjà pourquoi elle disait ça. Ils cherchaient qui je pouvais bien aller voir pendant plusieurs jours comme ça et revenir de si bonne humeur.

— Nixon hésite encore sur le sexe de cette personne. Homme ? Femme ? énuméra Hettie en comptant sur ses doigts. Archer pense que tu as trouvé une nana. Robins et Dara pensent que tu as...

Elle me jeta un coup d'œil comme pour mesurer l'ambiance entre nous. Pouvait-elle dire le mot à voix haute ? Robins avait compris, car elle savait où se trouvait son Anchor sans pouvoir vraiment agir pour l'instant. Donc, elle comprenait mon besoin de passer de temps en temps. Dara, lui, savait que je ne perdrais pas mon temps avec une simple nana, donc il avait dû en déduire que mes dernières années ici m'avaient permis de trouver un trésor que je ne voulais plus lâcher. Archer pensait que je flânais parce qu'il savait que j'avais besoin de décompresser après la guerre, mais je n'avais jamais été un dragueur invétéré bien que j'aie un bagou plutôt aisé.