LES MAINS DE POUVOIR Tome 2 Fragmented Désire [Terminée]

18 | Takashi

Warburton, Nord de l'Australie-Occidentale.

Mon lycan traînait la patte à cause de cette chaleur horrible qui sévissait de ce côté du continent. Nous courrions depuis plusieurs heures avec Dara et Finn. Je n'en pouvais plus et je le sentais jusque dans mes os. Mon lycan bondit et se cacha derrière un nouveau buisson. À quelques mètres devant nous, il y avait une barrière assez haute pour qu'un humain ne puisse pas simplement sauter par-dessus. Pour un lycan, c'était différent. Nous aurions pu aisément sauter par-dessus, mais sincèrement, si je me prenais les barbelés qui étaient enroulés sur le dessus, je ne donnais pas cher de ma peau. Je me demandais encore pourquoi j'avais accepté tout ça. C'était idiot de vouloir pénétrer ici, encore plus que dans le camp de Lance.

Mon lycan fit un signe de son museau à Dara qui se mit à changer de nouveau en humain. Il déroula le short qu'il avait accroché à sa cheville et l'enfila. Il s'approcha lentement de l'immense palissade et se mit à la frôler du doigt. Son regard navigua de gauche à droite. Nous étions sur la partie sud du camp de Terras. Nous ne pourrions pas entrer par la porte au Nord, néanmoins, Lothar m'avait dit qu'il y avait peut-être un passage au Sud qui n'était pas extrêmement difficile à trouver quand vous saviez regarder au bon endroit. Il m'avait aussi confirmé que c'était un camp fermé certes, mais que les Terras n'avaient pas pour vocation de surveiller les accès de leur camp. Dara, un grand bonhomme plein de muscles et un très bon ami, qui était membre de la Garde. Enfin, intérimaire plutôt. Vu qu'il voulait absolument nous rejoindre. Il avait fait partie de notre escadron et j'adorais l'avoir avec nous. Il était plutôt taciturne, mais quand on rigolait, bon sang c'était à se taper le cul par terre.

Mon lycan jeta un coup d'œil autour de nous tandis que Dara se figeait pour se pencher en avant. Il tira sur quelque chose et mon lycan se faufila. Il gronda sur le lycan de Finn qui voulut le suivre par la trappe et ce dernier resta à l'extérieur.

— Si tu ne reviens pas d'ici moins de vingt-quatre heures, murmura Dara en m'attrapant au garrot, je viens te chercher.

Il me relâcha et mon lycan lui lécha la tronche avant de griffer la terre pour réussir à s'introduire dans le camp.

Une fois à l'intérieur, j'évaluai la forêt devant moi. Je restai sous ma forme de lycan, espérant pouvoir en croiser d'autres pour me fondre dans la masse. Néanmoins, j'étais conscient que la population ne dépassait pas les huit cents personnes et que la plupart se connaissaient depuis plusieurs années, si ce n'est plusieurs siècles. Le camp était normalement divisé en trois grands groupes d'après Lothar et la palissade entourait des hectares entiers de terrain. La plupart des enfants ne savaient pas qu'un monde extérieur existait, les adolescents peut-être un peu plus. Le chef de ce camp, James, était en place depuis le début de ce camp. Sous le règne de Thatcher, le camp avait été très vite fermé et depuis, il était resté ainsi. Je ne savais pas qui était ce James, ni ce que Lothar et lui avaient en commun, mais je savais qu'il y avait un historique, car Lothar avait été très frileux de me donner toutes ces informations. Je sentais quand il était réticent à vouloir me passer des indices. Et là, ça avait été clairement le cas. Tous les chefs des camps avaient leur histoire, leur chemin jusqu'à leur place.

Nouna avait raison sur un point, ils avaient leur position comme un Alpha pouvait prendre sa place au sein d'un groupe. C'était naturel et plutôt bien vécu. James avait quand même instauré bien plus de limites qu'Elior par exemple, donc je savais qu'il était un peu plus autoritaire que prévu. Pas comme Lance l'idiot du seul camp de Terra qu'il fallait que je démantèle d'ici la fin du mois.

Je laissai mon lycan se balader tranquillement dans la forêt qui entourait le camp. L'espace ici était immense et c'était fait exprès évidemment. Histoire que les gosses ne viennent pas courir jusqu'ici. Je mis plusieurs minutes à rejoindre la première habitation en courant assez vite sous ma forme animale. Je m'installai à l'abri d'un buisson et trouvai des fringues attachées à un fil derrière la maison que j'observais. J'allais Changer et piquai les fringues qui m'allaient le mieux. Ensuite, je restai sous couvert de la forêt autant que possible avant de sortir à la lumière du jour. Je fis en sorte de garder les odeurs des vêtements que j'avais pris pour ne pas me faire repérer.