LES MAINS DE POUVOIR Tome 2 Fragmented Désire [Terminée]

34 | Nouna

— On va faire tout le Deity à la recherche de l'Empereur ? grommelai-je et Takashi coula un regard amusé dans ma direction.

Je ne me sentais pas du tout à ma place dans cet immense Palais démesuré aux murs de pierres. Pour autant l'endroit paraissait chaleureux et plein de vie. Mais malgré tout, je me sentais comme une étrangère, voulant reculer plutôt qu'avancer, flippant à l'idée de rencontrer la figure politique la plus puissante du pays.

L'Empereur des lycans. Rien que ça.

— Je ne t'ai pas dit ? Jouer à cache-cache est sa spécialité.

Mouais. Trop drôle.

Nous avions laissé l'Australie-Occidentale pour venir au Deity. Il s'agissait de mes premiers pas dans un monde qui était en train de me happer, que j'en ai envie ou pas. Même en m'imaginant devenir une réhabilitée, je n'aurais jamais cru que je finirais ici, à chercher Aslander Valendyr dans sa propre demeure.

Je soupirai, observant les alentours, les coins de verdure qui apparaissaient par les ouvertures, les gardes qui se tenaient tranquillement un peu partout et même un ou deux enfants qui courraient sans se préoccuper de rien. Je me faisais l'impression d'être une voyeuse, d'être là où je n'étais pas censée être. Une intruse.

Les doigts de Takashi trouvèrent ma main et je croisai son regard.

— J'aurais bien amené une ou deux vaches pour te détendre un peu, mais...

Je lui donnai un coup de coude dans les côtes et ça le fit sourire d'autant plus, quand d'autres nous jetèrent de drôles d'œillades. Takashi restait un visage connu dans la masse du Deity, du coup, je sentais l'attention converger vers moi à chaque fois. Aurais-je pu parvenir jusqu'ici tout en étant encore une Terra ?

Je le restais. Fondamentalement. La réhabilitation ne changeait pas tout. Certainement pas qui vous étiez. Je me sentirais toujours l'âme d'une Terra. J'aurais, pendant encore un temps, l'impression d'être jugée par tout le monde. Mais pour le moment, je savais que je pouvais compter sur Takashi. Qu'il ne comptât pas me lâcher parce que c'était plus facile. J'avais bien conscience de lui rajouter du travail et de ne surtout pas lui faciliter la tâche, mais qu'importe. Il savait dans quoi il se lançait avec moi.

Nous quittâmes les couloirs frais du Deity pour arriver dans un immense jardin, fleurit et verduré. Une brise fraîche soufflait, jouant dans les brins d'herbe, s'enroulant autour des tiges et se faufilant entre les branches. Un véritable havre de paix au cœur même de l'Australie.

Le peuple ne voyait que ce qu'on voulait bien lui montrer et je fus subjuguer de pouvoir voir au-delà. De découvrir ce lieu. Même si ce n'était qu'une partie infime de la structure.

Takashi me fit signe de le suivre et bientôt, j'entendis le murmure équivoque de la présence de nombreuses personnes. Nous débarquâmes sur une portion de verdure, pareil à un petit bosquet très bien entretenu et jeu du mal à analyser ce qui se passait sous mes yeux. Peut-être parce que hormis durant ses apparitions publiques, l'Empereur m'était étranger et inconnu de bien des façons.

Tenant une longue épée en bois, il apprenait à un jeune garçon à parer ses attaques sans y mettre aucune force.

Il jouait habilement de ses pieds, une main dans le dos, cherchant non pas à déstabiliser son adversaire, mais à lui enseigner les rudiments de l'escrime. Il portait une tenue toute simple ; un pantalon blanc et un haut plus foncé. Sur sa tête, aucune couronne. Cette dernière reposait dans les mains d'une petite fille aux joues rondes. Elle la tenait fermement, ayant peur de la faire tomber. Il y avait en tout une petite dizaine d'enfants, de quatre ou cinq ans à peut-être quinze ans. Je n'aurais pas su le dire avec exactitude.