19 | Nouna

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Je remuai une première fois, trouvant que ce maudit matelas était bien plus dur que dans mon souvenir. Du genre un roc, quand il aurait dû être nuage.

Je ne voulais pas ouvrir les yeux ; pas encore. Je sentais que ma faiblesse passagère s'en était enfin allée, me laissant tranquille, au moins jusqu'à la prochaine fois. Je voulais profiter encore un peu avant de replonger dans le boulot et de voir les dégâts causés par mon absence. Je ne me leurrai pas, pas plus que je ne me jetai des fleurs, mais je savais que Tobias n'avait pas pu tout gérer pour deux. Il savait que lorsque j'étais alitée de la sorte, seul le temps comptait et faisait son œuvre. Pour le reste, de la patience et une bonne dose d'huile de coude.

Je bougeai une nouvelle fois, grognant, souhaitant me rendormir quelques heures. Quelques minutes ?

— Si tu m'effleures encore une seule fois les couilles, je te mords, grogna une voix dans mon oreille.

J'ouvris les yeux en grand, comprenant enfin pourquoi mon matelas ne pouvait pas être mon matelas ! Je reposai contre Takashi, ayant dû rouler lors de mon sommeil.

Seul le haut de mon corps était en contact direct avec le sien, mes jambes ramenées contre moi, en presque position fœtale. L'un de ses bras reposait contre mon flanc, ses doigts sous la rondeur de mon sein. Mon coude se situait dangereusement proche de sa zone d'intimité suprême, d'où la menace à peine voilée dans ses paroles.

Même pas désolée, d'abord.

— Je suis malade, tu ne peux pas faire ça, répliquai-je.

— Tu ne l'es plus, sinon tu ne parlerais pas autant.

— Autant ? J'ai sorti à peine une dizaine de mots !

— C'est déjà bien trop.

Je roulai des yeux, amusée par cette petite joute verbale de bon matin. Enfin, je crois.

— Qu'est-ce que tu fou dans mon lit, d'abord ?

— Tu m'as supplié de rester avec toi.

— J'ai dû te confondre avec le Saint-Bernard local...

Il me pinça la hanche et je gloussai. Je ne trouvai pas dérangeant qu'il soit là, pas plus que gênant. Je ne m'arrêtai pas à ce genre de considération. Terra ou non, je restai une lycan et je comprenais à quel point le contact avec quelqu'un de mon espèce importait. Je n'avais plus Ian avec moi et je me voyais mal me frotter à Tobias ou Adamo lorsque j'en avais besoin.

Ainsi, lorsque ça devenait trop pesant, je retournai chez Elior quelques jours, parfois seulement quelques heures, ça suffisait à me requinquer et ça suffisait surtout à l'animal en moi. Pouvais-je profiter impunément de Takashi ? Peut-être pas.

— Quel humour de bon matin, Nouna. Il serait peut-être temps que tu bouges ta carcasse.

— Pas puante, ris-je de ma bêtise.

— Merci au bain.

— Tu m'as frotté le dos ?

À son tour de rire, parce que cette conversation n'avait aucun sens ni aucune logique.

— Tu puais tellement... j'ai préféré rester éloigné de toi, tu comprends ?

J'aurais pu être vexée. Tellement estomaquée que je lui aurais broyé les couilles, mais...

— T'as l'excuse facile, Koning. C'est un critère d'embauche ?

— Non, ça, c'était ma belle gueule. Et mon sourire ravageur.

— Le Joker me fait plus d'effet.

Un sens à cette conversation ? Non, aucun, vraiment ?

— T'es vraiment la pire des garces du coin.

LES MAINS DE POUVOIR Tome 2 Fragmented Désire [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant