Chapitre XXII

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-Tout le peuple vous ovationne, déclare le secrétaire du roi.

-Je n'ai rien fait d'extraordinaire. Je sais qu'il y en a parmi eux qui ne cherchent qu'une occasion pour me critiquer. Le même peuple qui voulait couronner Jésus, roi, fut le même qui demanda de le crucifier. Attendons de voir, s'ils changeront sur le long terme, ne nous précipitons pas.

-Vous avez tout de même réussi à signer un traité de paix avec la Corée du Nord, ce n'est pas insignifiant.

- Je ne dis pas le contraire, je me réjouis du fait que cela se soit produit.

-Mais pourquoi semblez-vous chagrinée ? Je suis convaincu que le roi se réveillera très bientôt, il ne sera que fier de tout ce que vous avez fait durant son absence.

-Merci, dit-elle en posant une main délicatement sur son épaule tout en le contournant pour sortir du bureau, en direction de ses appartements.

Elle s'efforçait à ne pas laisser le chagrin ou quelque autre émotion triste l'envahir. Elle se devait de demeurer dans la foi pour son époux qui était dans le coma depuis trois mois maintenant. En réalité, la seule chose qui l'attristait, c'était le fait qu'il ne vivait pas les premiers mois de sa grossesse avec elle.

Néanmoins, elle avait la pleine assurance qu'il se réveillerait bientôt, très bientôt. Parce qu'elle n'en pouvait plus de l'imaginer caresser son ventre comme il aimait si bien le faire, lorsqu'elle portait Su-yeon dans son sein.

Épuisée par cette longue journée, elle se réfugia dans la salle de bain. Elle avait l'impression d'étouffer tant qu'elle avait chaud sous cette tenue traditionnelle dont elle avait été obligé de se vêtir afin de recevoir des ministres de divers pays.

Installée devant sa coiffeuse, elle essayait de faire des tresses, en vain avec ses cheveux qui étaient devenus si longs. Elle pensait même à les couper. Elle décida alors de ne pas se fatiguer davantage et abandonna l'idée de faire des tresses, elle risquait de s'énerver.

Elle décida d'aller dans la chambre de Su-yeon qu'elle trouva assise, les yeux fermés, avec sa Bible pour enfant dans les mains. Elle resta cachée derrière la porte pour l'observer. Voir sa fille s'intéresser toujours aux choses de Dieu, la rendait joyeuse au point où elle arrivait même à oublier ses soucis. Jésus est l'unique héritage qu'elle veut laisser à ses enfants, elle se disait, même si elle allait rejoindre le Seigneur avant eux, elle partirait en paix, car elle aurait l'assurance de les revoir un jour.

Elle s'approcha d'elle dans une lenteur délibérée et s'installa sur son lit.

-Tu sens bon, eomma, déclara l'enfant en posant sa tête délicatement sur le ventre d'Ha-eun.

- Merci, no sarang. Que fais-tu ?

-Je priais afin que Dieu réveil mon papa.

- Veux-tu que l'on continue à prier ensemble ? Proposa Ha-eun en caressant furtivement sa joue droite.

Elle acquiesça en prenant les demains de sa mère et prièrent conjointement afin que le roi sorte de ce coma qui commençait à durer trop longtemps. Elle ne voulait pas mettre au monde leur fils sans qu'il soit là.

-Ton papa sera avec nous très bientôt ma chérie, Dieu écoute toujours les prières de ses enfants. Il va ramener ton papa à la maison.

Elle acquiesça et se rapprocha d'Ha-eun pour se blottir contre elle. Ha-eun entreprit de faire de douces caresses sur son dos jusqu'à son ensommeillement. Elle avait, elle aussi, fini par prendre sommeil.

À son réveil, elle fut accueillie dans la salle à manger par Clara qui avait préparé un petit déjeuner copieux. Elle n'avait pas d'appétit, mais sous son regard insistant, elle n'eut d'autre choix que de se nourrir.

-Tu ne penses pas que tu devrais déléguer un peu plus ? Tu es déjà à cinq mois.

- Je peux encore me déplacer sans aucun soucis, tant que je ne suis pas alitée, j'exercerai mes fonctions.

-Tu es très têtue.

-Il le faut bien Clara, après tout ce qu'il s'est passé, je ne peux pas me permettre de faire confiance à n'importe qui. Gloire à Dieu, je me porte à merveille. Pourquoi rester enfermée entre les murs du palais alors que je n'ai aucun problème ? C'est en m'enfermant que je vais laisser les pensées de tristesses m'envahir et me faire sombrer. Tandis que, lorsque je m'occupe, j'évite de penser aux choses tristes.

-C'est vrai, mais promets-moi de ne pas faire au-delà de tes forces.

-Je te le promets, promit-elle en terminant son verre de jus de kiwi que Clara l'obligeait à boire tous les jours.

-Je dois y aller, prends soin de Su-yeon pour moi, je te prie.

-Sois sans crainte, je prendrai soin d'elle.

Elle offrit à Clara un large sourire avant de rejoindre la voiture qui la conduisait à l'hôpital.

-Allons-nous passer à l'orphelinat aujourd'hui ? Questionna son secrétaire.

-Je n'ai pas vraiment envie que l'on sache que c'est moi qui fais des dons, je veux que ce que je fais reste dans l'anonymat total. Donc, je n'irai pas, peut-être un jour. Mais j'ignore quand,dit-elle en se retournant vers la vitre et vit cet hôpital dont elle connaissait les couloirs par cœur maintenant.

-Je vous comprends. Nous sommes arrivés, déclare-t-il en allant ouvrir la portière pour Ha-eun. Elle le remercia, avant d'être conduite vers la chambre du roi par ses gardes.

Ils lui ouvrirent la porte comme à leur habitude. Depuis l'annonce de sa grossesse, tout le monde semblait être au petit soin avec elle, alors qu'elle leur disait à chaque fois qu'elle était en mesure de se débrouiller par elle-même. Et elle n'arrivait pas à accepter ces attentions toutes nouvelles.

Elle ne voulait pas de la pitié des gens. Elle avait compris que pas mal de personnes pensaient qu'elle ne pouvait pas faire une excellente souveraine, car elle n'avait pas fait ses études dans la plus grande université du Royaume de Corée.

Mais, ils ne savaient pas que Dieu est celui qui prend toujours ceux que l'on méprise pour faire d'eux les porteurs de sa gloire parmi les nations.

-Nous aurons bientôt un petit garçon, murmura-t-elle à l'oreille du roi en posant une main sur l'emplacement de son cœur. J'espère qu'il sera aussi beau que toi, réveille-toi rapidement afin que tu puisses le voir et le tenir dans tes bras.

Tandis qu'elle parlait encore, elle sentit son rythme cardiaque se ralentir, jusqu'à ne plus sentir son cœur battre. Il venait de mourir, alors qu'elle lui demandait de se réveiller.

Au même instant, le médecin en chef fit son apparition dans la chambre.

-Que se passe-t-il ? S'enquit-il en s'approchant du roi.

Les yeux remplis de larmes, elle déclara :

-« Tout va bien. »

𝗛𝗔-𝗘𝗨𝗡 𝗧𝗼𝗺𝗲 [𝗜𝗜] : Le défenseur de mon cœurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant