13 février 1790
— Écoutez, mon mari va bientôt rentrer, s'il voit que...
— Élisabeth ? questionne une voix masculine
Je tourne la tête vers l'entrée et découvre mon mari sur le pas de la porte de ma chambre.
— A qui parle-tu ? demande-t-il, il n'y a personne dans cette pièce.
— Je... J'écris une pièce de théâtre ! tenté-je d'expliquer.
— Ma femme, écrire une pièce de théâtre ? Quelle idée ! dit-il
— Pourquoi pas ?
Mon regard se pose au-dessus de son épaule. L'âme se tient sagement derrière lui, j'essaie d'esquisser un geste pour lui faire comprendre de partir mais mon mari s'en aperçoit et se retourne.
— Élisabeth, tu te sens bien ? s'inquiète t-il.
— Bien évidemment ! Pourquoi ?
Il ne me répond pas puis me fait part que nous sommes invités à une réception chez Lord Winchester.
— Oh mon dieu, pas lui, désespérée-je.
— Que tu le veuilles ou non, on ira !
Comme si je n'étais pas au courant que je n'avais pas mon mot à dire ! Il me presse pour que je me change avant de quitter la pièce.
Une fois chez ce Winchester de malheur, j'affiche le sourire que j'aime le plus, celui de l'hypocrisie. Ce Lord je ne sais quoi de pacotille attend qu'une certaine Hélène soit assez âgée pour se marier avec elle. Qui voudrait d'un porc comme mari ?
— Mon Dieu quel grand homme ! s'étonne une femme à mes côtés
— Sa taille ne se calcule pas en longueur mais en largeur ! maugrée-je sans qu'elle ne m'entende.
Mon cœur rate un battement quand je vois, parmi la foule, une enfant. Elle semble perdue. Aucune brume ne l'entoure, cela signifie qu'elle est bien vivante. Cela me rassure car je n'aurai rien pu faire face à tant de monde. Des larmes commencent à couler sur son visage. Je m'empresse d'aller la rejoindre, je me mets à sa hauteur.
— Où sont tes parents, jeune enfant ? demandé-je
— Je ne sais pas, pleure-t-elle.
Quand je regarde autour de moi, les yeux des invités se portent sur moi. J'entends la voix de mon mari.
— Bon Dieu Élisabeth ! crie-t-il, à qui parle-tu encore ?!
Je me suis fais avoir, cette enfant est décédée. Trop de témoins, je suis fichue.
— Je...Euh...
— Est-ce encore ta fameuse pièce de théâtre ?! s'énerve t-il.
— Est-ce ma faute si je dois aider des âmes ?! me défendé-je.
Je viens de signer mon arrêt de mort. Le silence s'installe, mon mari me regarde horrifié. Le Lord Winchester vient vers nous, un sourire sur son visage. Il se tape le ventre et se met à rire.
— Et bien, je crois que votre femme préfère s'allier avec un démon plutôt que vous !
— Qu'est-ce que vous racontez ! m'indigné-je.
— L'homme parle, la femme se tait, surtout si celle-ci est une hérétique ! crache t-il.
Il se tourne ensuite vers mon mari, il se penche à son oreille. Je n'entends pas ce qu'il lui dit mais le visage de mon compagnon se ferme subitement.
Après cela, le Lord annonce à ses invités que la soirée continue. Mon mari s'éloigne de moi tout comme les convives.
Le lendemain, à mon réveil, un groupe d'hommes vient m'appréhender. Je demande de l'aide à mon mari qui m'ignore totalement. Ils me font quitter le manoir, une foule de personnes se tiennent devant moi. Ils tiennent tous une torche à la main en me criant que je suis une sorcière. Je n'ai pas le temps d'agir qu'ils me bousculent pour que j'avance. Malgré mes tentatives pour me sortir de là, les supplications envers mon mari, nous arrivons tous devant le lac.
Un prêtre vient vers moi en faisant le signe de croix.
— Je n'ai rien commis comme crime ! crié-je.
— Silence harpie ! s'insurge un des hommes en me giflant.
Un homme m'attrape d'une main par les cheveux puis m'entrave les mains derrière mon dos, un autre enroule une corde autour de mes pieds. Une fois tout cela fait, l'un me porte dans ses bras pendant que l'autre tient la pierre. On entre dans l'eau, je regarde la foule qui assiste à ma déchéance.
— Le lac est profond à ce stade, annonce l'un des hommes.
— Alors voyons si cette création du diable survivra.
Aussitôt sa phrase terminée, il me jette dans l'eau suivi de la pierre qui m'entraîne rapidement vers le fond. Mon premier réflexe est de tenter de m'extirper de ce lien autour de mes chevilles.
Je commence à manquer d'air, ma vue se trouble.
Quel crime ai-je commis si ce n'est de vouloir sauver des âmes ? Qui viendra sauver la mienne dès que mes yeux se fermeront ?
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I follow you.. in the dark
ParanormalSi Eeri a hérité d'un don, celui-ci est maudit. Voir ce que les autres ne peuvent pas voir l'amène à cotôyer le danger. La rencontre avec Jaiden va augmenter la difficulté. Une nuit, dans le manoir familiale de celui-ci, elle y côtoiera l'Obscurité.