1.2

209 14 4
                                    










__________

LUKA

« Comment vous sentez-vous aujourd'hui Mr Fontana ». Je lui ai déjà dit plusieurs fois qu'il pouvait me tutoyer, mais Jean insiste pour rester formel.

« Je vais bien ». Il a haussé un sourcil et a noté quelque chose dans son carnet, puis me l'a tendu.

« C'est un papillon » ? Mon sourcil s'est levé aussi, puis je lui ai rendu.

« Mr Fontana soyez concentré, ce n'est pas n'importe quel papillon. C'est vous ».

« Je suis plus lion ou giraffe que papillon Jean, mais c'est mignon; comme moi ». Il a levé les yeux discrètement.

« Le papillon est symbole de renaissance, et vous depuis ces trois dernières années vous avez énormément changé. Vous étiez un jeune homme effrayé il y a quelques temps, maintenant vous êtes un homme confiant et plein de vie ».

J'ai bu ses dires comme parole d'évangile. Quand j'ai commencé les séances de thérapie, je ne parlais pas et je ne prenais même pas la peine de répondre à ses questions. Maintenant les séances sont beaucoup plus fluides et je parle beaucoup plus.

« J'espère bien, tu penses qu'un jour je vais rechuter » ? Au fond j'ai peur qu'un jour je cède à la tentation et que je replonge.

« Non, ayez confiance en vous et trouvez plusieurs activités qui sauront vous distraire ».

J'ai hoché la tête et je me suis levé, lui après moi. « Merci mon Jean tu vas me manquer ». Ma grande taille m'a permis d'attraper son crâne chauve et de déposer un bisou dessus.

« Mr Fontana, refaites ça et j'appelle votre père». Il a réarrangé ses lunettes sur son nez, et a tenté de s'éloigner de moi. Dommage pour lui je l'ai serré dans mes bras.

« Orh, ça ira prenez vos affaires et sortez de mon bureau. Faites attention à vous ». Malgré son malaise il m'a quand même souri et m'a accompagné vers la sortie.

« Merci Jean, vous aussi ». C'est ainsi que s'est achevée ma 156ème séance de thérapie. J'ai compté depuis la première fois que je me suis retrouvé entre ces 4 murs. J'avais peur de devoir venir ici chaque semaine jusqu'à la fin de ma vie. Mais éventuellement j'ai su montrer que j'avais changé et on m'a laissé partir.

J'étais libre purée, ça faisait tellement longtemps que je ne m'étais pas senti aussi bien. Quand j'y repense je viens vraiment de loin, j'ai commencé tout ce bazar à 16 ans maintenant j'en ai 19. C'était un véritable enfer au début, mais j'ai fini par y prendre goût.

Ma routine quotidienne avait pris une tournure presque machinale. Mon réveil sonnait à 6h30, les deux heures qui suivaient c'était l'étude biblique. Puis à midi j'avais une pose d'une heure avant de me taper 3h de sport puis deux heures de prière. Ensuite c'était temps libre puis dîner et au lit. J'ai eu ce rythme de vie pendant deux avant que ma tante Béatrice me prenne en Italie.

J'avais un peu plus de liberté certes mais je vivais avec son fils. Un cancre de première celui là, on faisait que de se battre. Il avait la langue un peu trop pendue à mon goût. Donc je lui ai cassé la mâchoire, ça lui apprendra à parler de sujets qu'il ne maîtrise pas.

« Zia Béatrice, je suis rentré ». J'ai déposé mon sac et je me suis dirigé vers la douche. J'ai enlevé mon t-shirt à la hâte et j'ai observé l'état de mes cicatrices. C'est une habitude que j'ai depuis un moment.

La première chose que j'ai remarqué c'est que mes séances à la salle ont payé. Je n'ai pas pu m'empêcher de flex. Ma cicatrice à la hanche a presque disparu par contre mon dos est toujours marqué. De ma nuque jusqu'au bas de mon dos, une couche superficielle de peau repose.

Un soupir m'a échappé, la douleur que cette marque m'a laissé me hante toujours. Je me sens comme Karaba avec son épine, mais moi elle fait un mètre de long. Dieu merci je ne ressens plus rien physiquement.













Vêtu d'un t-shirt et un short noir j'ai rejoint ma tante au salon. Je me suis dirigé vers elle et j'ai déposé un baiser sur sa chevelure blonde.
« Ciao mon grand c'était bien ta journée » ? Elle aussi m'a embrassé la joue et a tapoté la place près d'elle.

« Oui, j'ai terminé mes séances avec Jean et papa m'a passé un coup de fil ».

« Ah bon et qu'est-ce qu'il t'a dit ». Elle m'a souri chaleureusement en me donnant un de ses cookies à la cannelle.

« Il a dit que je pouvais rentrer et qu'il avait trouvé une place pour ma prépa ». Ses lèvres se sont tirées d'avantage.

« C'est génial ça et tu t'en vas quand » ?

« Dans 2 jours ». Ses yeux ont rougis et se sont humidifiés.

« Oh pulcino, tu vas me manquer ». Elle m'a serré dans ses bras comme si j'étais mourant.

« On se reverra zia Béatrice, je viendrais te voir t'inquiète pas ». Elle a mis à profit ses talents d'actrice et a pleuré à chaudes larmes.

« Pulcinoooo t'en vas pas reste avec moi et Mattia, les français sont des sorciers » ! Ses mains se sont saisies de mes joues et elle a failli m'arracher les yeux tant elle pressait mon visage.

« C'est bon Béatrice tu peux me lâcher maintenant ». J'avais beau l'aimer de tout mon cœur ses larmes de crocodiles m'agaçaient un peu. J'ai pris ses mains et je les ai déposé près de mon coeur.

« Tant qu'il battra je serais avec toi même à des milliers de kilomètres ». J'ai essuyé ses larmes et j'ai embrassé ses paupières, elle me faisait de la peine quand même. « Je vais te faire mes cannellonis au riccota puis on ira se balader dans le centre ville avec Mattia d'accord » ?

Elle a hoché la tête et m'a suivi dans la cuisine. C'est difficile d'être gentil hein.

À suivre.

| Hey la population, 1er chapitre de l'acte II. Histoire d'introduire le nouveau Luka. C'était pas forcément un chapitre SUPER important mais bon. XoXo🤭.

LUKA [ The Day I Met You ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant