LUKA [ The Day I Met You ]

8.2

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CLYDE

Estelle était morte, j'ai appris cette nouvelle par le biais de mon père qui est parti lui rendre visite sans même que je ne le sache. Je me suis empressée de le rejoindre à l'hôpital complètement dévastée. Quand je suis arrivée ils étaient entrain de l'emmener à la morgue.

Par où commencer ? Je n'ai même pas eu la force de pleurer, mon état ne me le permettait pas. Je ne savais pas comment prendre la nouvelle alors je me suis simplement assise par terre sans rien dire. Ma tante ne tenait plus debout, son mari essayait tant bien que mal de la réconforter. Rien y fait.

Je n'ai pas pleuré parce qu'au fond je savais que les jours de ma cousine étaient comptés. Et mes larmes n'allaient pas la ramener. Penser aux bons moments que nous avions passé ensembles semblaient être une meilleure option.

Pour la première fois, depuis aussi longtemps que je m'en souvienne, mon père m'a prise dans ses bras. Je ne l'ai pas repoussé, après tout cette étreinte m'a fait du bien. Les cris et les pleurs de ma famille me déchiraient surtout ceux de ma tante. C'était la vie, il faut se préparer à tout.

Vous imaginez une vie sans perdre quelqu'un de cher ? C'est impossible, et malheureusement ça arrive quand on y s'attend le moins. Maintenant je comprends les remords
de papa. Je prie pour que là où elle se trouve elle soit heureuse.

On a fait les obsèques trois jours plus tard. J'ai eu l'occasion de faire un discours et de lui dire au revoir comme il le fallait. Le cercueil était toujours ouvert, elle était là l'air paisible. C'était une journée très dure, où je me suis énervée plusieurs fois. J'ai vu des gens que je n'avais jamais vu avant et qui osaient pleurer.

Quand elle était sur son lit d'hôpital personne n'est venu la voir. Mais aujourd'hui tout le monde est là, bande d'hypocrites. J'ai zieuté pas mal de monde rien à foutre, je n'aime pas les personnes fausses. En quittant les obsèques, un tonton est venu parler à ma tante pour lui demander si on pouvait utiliser l'argent de la cérémonie pour investir au Congo.

C'est limite si ma mâchoire n'est pas tombée sur le sol, quel culot. Je voulais vraiment lui dire le fond de ma pensée mais je n'avais pas le droit par respect. Ma tante l'a sèchement recalé, avant de lui en mettre une. J'étais abasourdie, c'était la femme la plus douce du monde. Comme quoi il l'a vraiment fait sortir de ses gonds.

Après cette altercation et une bagarre entre certains de mes cousins nous avons pris la route pour rentrer. Cette journée était épuisante.

« Ma chérie je te fais un chocolat chaud et du pain perdu ça te va » ? Giselle a caressé mon dos, j'étais avachie sur la table de la cuisine.

Je me suis redressée et j'ai hoché la tête en lui souriant. Elle était tellement gentille et avenante avec moi. Mon sourire m'a été rendu et je l'ai rejoint dans la préparation. Au final on a fait plus qu'il n'en fallait: des beignets, gaufres et même crêpes.

Je pense que c'était un moyen de ne plus penser à l'enterrement. Et puis la pâtisserie c'est top et ça résout tous les problèmes. J'ai bien pris le temps de déguster chacune de mes créations. Mon truc préféré c'est les crêpes à la chantilly, le nutella et les fraises. Je me suis cassé le ventre honnêtement, la nourriture est toute ma vie.