Amélia et Embry eurent toutes les peines du monde à se défaire de leur étreinte. Ils s'étaient retenus depuis si longtemps, s'interdisant le moindre contact physique pour éviter de mettre le feu aux poudres. Les barrières avaient pourtant volé en éclat une bonne fois pour toutes, cette fois-ci.
Si Amélia était ravie, sans aucunes traces de regrets, Embry éprouvait largement plus de remords. Il avait plus qu'apprécié le baiser partagé avec Amélia, mais il avait pourtant conscience qu'il s'agissait d'une grossière erreur. Il avait été faible. Il n'avait même plus la force de repousser les doigts de la jeune femme qui caressaient doucement son bras. Etait-ce si mal de profiter de l'instant, maintenant que le mal avait été fait ?
— Te sens pas coupable, lui dit Amélia, bien consciente de ce qui se passait dans la tête du quileute.
— J'ai fait une connerie, répliqua-t-il.
— Moi, je ne regrette rien. Tu sais ce que j'en pense, je crois qu'on a été suffisamment clairs l'un avec l'autre au cours des dernières minutes.
— Tu ne m'enlèveras pas de la tête que tu ne devrais pas vouloir être avec moi.
— Ne nous énervons pas à nouveau, Embry, soupira Amélia.
Sur ces paroles, Amélia s'empara à nouveau des lèvres d'Embry, qui n'eut pas la force ni l'envie de résister. C'était comme une drogue. On avait beau savoir que c'était très mauvais, on n'en voulait toujours plus. Il finit néanmoins par repousser doucement Amélia.
— Il faut que je rentre, lui apprit-il. J'étais déjà sur le chemin du retour quand on s'est croisés.
Amèrement, Embry se dit qu'ils n'en seraient pas là s'il n'était pas venu du tout à First Beach aujourd'hui. Il n'avait cependant aucune raison de deviner ce qui allait s'y passer... Ce qui était fait était fait.
— D'accord, acquiesça la jeune femme. Essaie de ne pas trop t'en vouloir, hein ? Il est inutile de te maudire comme tu comptes le faire.
Elle embrassa une dernière fois les lèvres d'Embry, tendrement, puis le laissa s'éloigner. Amélia avait le bonheur aux lèvres, bonheur uniquement gâchée par la culpabilité manifeste qui émanait du quileute. C'était néanmoins d'un pas joyeux qu'elle entreprit de retrouver l'hôtel, déjà bien au fait de la suspicion qu'allait ressentir Théo.
Déjà loin, s'éloignant à grandes enjambées, Embry se perdait dans un maelström d'émotions contradictoires. Son cœur était gonflé d'émotions, ce sentiment si particulier qui caractérise les premières fois. Le premier vrai baiser qu'il avait partagé avec Amélia avait dépassé tout ce à quoi il avait pu rêver, certainement parce qu'il en avait eu envie depuis tant de temps et qu'il se l'était interdit avec tant de vigueur jusqu'ici. A côté de ce bonheur, ses mauvais démons le rattrapaient cependant avec ferveur, tels des buveurs de sang assoiffés.
Il avait initialement prévu de rentrer chez lui, mais sous le joug de toutes ces émotions, il commençait à changer d'avis. Car l'émotion qui prenait le dessus, c'était la colère qu'il éprouvait contre lui même. Tout en espérant que personne ne soit actuellement sous sa forme de loup, il décida donc de muter et d'aller se défouler un peu, le temps de se calmer.
Il ôta ses vêtements, les cacha dans un coin puis laissa la magie quileute faire son oeuvre. Il eut la surprise de découvrir qu'il était seul, ce qui était franchement une bonne nouvelle. Tout en s'élançant dans la forêt, il laissa libre cours à ses pensées.
Ce ne fut qu'au bout d'une vingtaine de minutes qu'un esprit rejoignit le sien. Il était déjà trop tard pour interrompre ses pensées quand il s'en rendit compte. Par un coup du sort, la personne qui l'avait rejointe était la seule à laquelle il aurait à tout prix voulu cacher ce qu'il s'était passé.
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Terre d'amertume [Embry Call]
FanfictionAmélia et Théo, en quête de réponses concernant leurs origines, entament un voyage initiatique vers la réserve indienne qui a vu grandir leur mère. Le frère et la sœur cachent un lourd secret qu'ils espèrent mieux comprendre en explorant les lieux...