Terre d'amertume [Embry Call]

|12| Le lâcher prise

Amélia et Théo avaient pris la direction de leur hôtel. Après avoir partagé leur après midi en compagnie de leurs amis quileutes, ils venaient tout juste de se quitter, chacun reprenant le chemin de chez lui. Théo observait sa sœur du coin de l'œil. Elle était dans la lune et ne paraissait pas prête de redescendre sur Terre. Il se demandait bien à quoi elle pensait, sans toutefois oser le lui demander.

Quand Théo entendit des pas derrière eux, il jeta un rapide coup d'œil. Il retint un soupir en reconnaissant Embry. Il aimait bien Embry, mais il n'approuvait pas véritablement sa relation avec sa sœur. Il ne le tenait bien évidemment pas pour responsable de la relation en question, car Amélia avait choisi en connaissance de cause. Amélia avait même largement encouragé Embry à abandonner ses réticences, de ce qu'il avait compris. Cela ne l'empêchait pas de désapprouver, et il fallait bien que son agacement se porte sur quelqu'un. Il était juste inquiet au sujet des répercussions que cette histoire aurait sur sa sœur.

En arrivant à leur niveau, Embry adressa un sourire gêné à Théo. Le quileute connaissait l'opinion de Théo sur ce qu'il se passait entre lui et Amélia. Arrivé à ce stade, il acceptait cependant la désapprobation des autres. Ils avaient raison de désapprouver et Embry estimait mériter la culpabilité qui en découlait. Il avait juste décidé de faire avec.

— Eh, Amélia ? appela Embry.

La jeune femme s'obligea à regagner le monde réel pour se concentrer sur Embry. Elle ne l'avait pas entendu arriver. Elle lui adressa un regard interrogateur.

— On peut se parler ? demanda-t-il.

— Bien sûr.

Théo observa longuement sa sœur, puis Embry, avant de se décider à s'éclipser. Il savait reconnaître un combat perdu d'avance quand il en voyait un.

— On se voit plus tard, dit-il à Amélia avant de s'en aller.

Amélia et Embry le regardèrent s'éloigner sans rien dire jusqu'à ce qu'il disparaisse complètement, puis Amélia réorienta son attention vers Embry. Définitivement de retour dans le monde réel, elle adressa au quileute un large sourire.

— Théo n'est pas ravi de la situation, lui fit néanmoins remarquer le quileute.

Embry s'en voulait de ruiner l'ambiance, mais il se sentait obligé d'en parler à Amélia. Cette dernière soupira.

— Ne fais pas attention, répondit-elle. Il s'inquiète seulement pour moi, je suppose.

— Personne n'approuve, insista-t-il.

— Qu'ils aillent au diable ! rétorqua la jeune femme en levant les yeux au ciel. Cette histoire ne regarde que nous.

Embry ne répondit pas.

— C'est de ça que tu voulais me parler ? s'enquit Amélia.

— Pas vraiment, non. Je voulais te demander ce qui n'allait pas. A quoi pensais-tu, tout à l'heure ?

— Ah, ça... Je ne suis pas sûre d'avoir envie d'en parler. J'ai plutôt envie que tu m'aides à oublier ces tristes pensées.

— Et comment souhaites-tu que je m'y prenne ?

— Tu n'as qu'à être inventif...

Le quileute sourit. Il songea qu'il allait terminer en enfer avant de se baisser pour embrasser les lèvres d'Amélia. Aussitôt, les lèvres de la jeune femme s'animèrent et il entendit son cœur s'emballer. Pourquoi fallait-il que ce soit si mal mais si bon à la fois ?

— Est-ce que tu veux qu'on s'enfuie d'ici pendant quelques heures ? proposa-t-il ensuite.

C'est sans hésitation, au contraire avec beaucoup d'excitation, qu'Amélia accepta de s'enfuir avec Embry en direction de Port Angeles. Une fois là-bas, ils se décidèrent pour une séance de cinéma. Ils arrivèrent alors que la salle était déjà plongée dans l'obscurité et le film déjà commencé. Ils prirent place au fond de la salle et passèrent l'essentiel de la séance à s'embrasser et à rigoler, s'attirant les foudres des spectateurs les plus proches d'eux. Affamés, ils terminèrent leur journée dans un diner, où Embry engloutit plusieurs burgers avec appétit sous le regard hilare d'Amélia.