|10| Le compte à rebours

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Embry vint retrouver Amélia un bon moment après l'avoir quittée. Si longtemps qu'Amélia avait failli rentrer à l'hôtel, persuadée qu'il ne viendrait finalement pas. Il avait une tête bizarre quand il s'installa à côté d'elle.

— Tout va bien ? demanda la jeune femme.

Embry soupira.

— J'ai eu une longue conversation avec ma mère, expliqua-t-il. Elle m'a tiré les vers du nez avec application...

— Oh...

Le quileute poussa un autre soupir.

— J'étais un peu énervé et j'ai aussi eu des mots maladroits. Je m'en veux un peu.

Embry secoua la tête. Il empêcha Amélia de parler, apparemment peu désireux de développer sur ce sujet.

— J'ai aussi parlé avec Leah tout à l'heure, lui apprit Embry.

A ces mots, Amélia se sentit soudain très mal. Qu'est-ce que la quileute avait bien pu lui dire ?

— Elle s'est senti coupable pour certaines choses qu'elle t'a dite, poursuivit-il. Enfin, pas réellement sur ce qu'elle t'a dit puisqu'elle pensait chaque mot, mais elle reconnaît qu'elle n'aurait pas du te confronter ainsi.

— Ah...

Ce fut tout ce qu'Amélia put dire. Embry ne lui en tint pas rigueur.

— Tu sais, c'était peut-être déplacé de sa part, mais il n'empêche qu'elle n'a pas tort. J'ai fait une grossière erreur en laissant les choses aller si loin. Je devrais...

— Cessez de tous vouloir me protéger ! s'emporta soudain Amélia. Je suis grande, je sais faire mes propres choix. J'ai toutes les cartes en main et j'ai fait un choix. Vous semblez tous penser que je suis ce pauvre lapin pris dans les phares d'une voiture... Je ne me transforme peut-être pas en loup comme vous tous, mais ça ne fait pas de moi une pauvre petite créature faible.

— Ce n'est pas ce que je voulais... tenta de se défendre Embry.

— Et pourtant, que ce soit toi ou Leah, vous m'infantilisez complètement. Je n'ai pas douze ans, Embry.

— Tu n'es pas une enfant, ni une faible créature, approuva Embry. Mais ça ne change rien à la situation. Nous devrions quand même tout arrêter et rester bons amis. Tu dois reconnaître que c'est le seul scénario envisageable.

La frustration envahit Amélia. Elle en avait tellement marre de ce refrain incessant. Embry rendait tout trop compliqué, plus que ça aurait du l'être.

— Embry, tu... balbutia-t-elle avant que le quileute l'interrompe.

— Laisse-moi parler, s'il te plait, lui demanda Embry. Tu l'as dis toi-même tout à l'heure. Tu vas bientôt repartir d'ici, retourner en France et reprendre ta vie. Au-delà de toutes ces conneries d'imprégnation, quel avenir existe-t-il pour nous ? Tu n'es pas stupide, Amélia, je sais que tu y as pensé aussi. S'obstiner ne sert à rien. Quoi qu'il se passe, nous allons nous séparer à la fin de l'été.

Embry avait raison, bien sûr, mais Amélia n'était pas pour autant du même avis que lui. Il restait certes peu de temps, mais était-ce une raison pour le gaspiller ?

— Les souvenirs, Embry, lui rappela-t-elle. J'en ai si peu. Nous avons encore le temps d'en créer de nouveaux.

— Ça n'en fera que plus mal, rétorqua le quileute.

— Pour toi ou pour moi ? s'enquit Amélia.

— Pour nous deux. Cependant, je me fiche un peu de souffrir. C'est toi qui m'importes dans l'histoire.

Terre d'amertume [Embry Call]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant