2. Déléguée exemplaire

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"Alors ? Comment trouves- tu notre classe ?"


    Je marche aux côtés de Marinette alors que nous venons de quitter l'enceinte du collège. J'ai repéré Adrien monter dans une limousine. La plupart des collégiens se sont séparés, chacun occupé par ses obligations ou dans le but de remplir leur temps libre.


"J'aime bien. Il y a vraiment des profils différents.

-C'est ce qui fait la richesse de notre classe ! Je suis certaine que tu t'y plairas, il y a quelques éléments plus... uniques que d'autres mais c'est vraiment une super classe !"


    J'ai senti que Marinette avait fait tout son possible pour ne pas montrer de méchanceté envers plusieurs de ses camarades. Elle ne veut pas m'influencer mais je sais déjà qu'elle parle de Lila, et je ne doute presque pas que Chloé doit être dans son viseur. Vu comment elles se lancent des piques dès que possible ; j'ai bien compris qu'elles sont loin d'être les meilleures amies du monde. Au contraire d'Alya qui doit être sa plus fidèle alliée.

    Je me sens bien avec Marinette, je n'ai pas besoin de parler pour qu'elle se sente obligée de faire la conversation. Parfois elle me donne des petites informations neutres pour ne pas me mettre dans l'embarras et me laisser le choix de relancer la conversation ou simplement hocher la tête. Pourtant, c'est un autre type de question que je me pose. Je prends une petite inspiration :


"Est-ce que tu connais bien Adrien ?

-Adrien ? Adrien Agreste ?! Oui ! Enfin je veux dire non ! Enfin si, mais pas personnellement."


    Sa réaction me fait rire. Elle a complètement craqué dessus et ne sait visiblement pas le cacher. Ses joues se sont empourprées et en bafouillant elle m'explique ce qu'elle peut. Adrien est le fils d'un célèbre styliste, son préféré, Gabriel Agreste. Il a intégré le collège quelques mois avant mon arrivée. Son père l'a laissé venir un peu à contre-coeur.


"Et côté cercle proche ? Tu sais ce qu'il peut faire ?

-C'est un peu délicat, admet Marinette en faisant une moue, Adrien a une relation particulière avec son père. Je sais qu'il a perdu sa mère il y a environ un an, et mis à part son garde du corps et l'assistante de son père, il n'a pas grand monde."


Mon cœur se serre mais en entendant Marinette pour la première fois ne pas bafouiller en abordant le sujet de ce garçon, je constate bien que l'état émotionnel d'Adrien compte beaucoup, si ce n'est plus, pour elle. Je fais glisser l'anneau autour de mon doigts quand j'aperçois une boulangerie. Ce n'est pas que je n'aime pas rencontrer de nouvelles personnes, c'est que je ne sais pas comment m'y prendre, du moins, j'ai perdu cette habitude.


"Nous y voilà. Tu verras, mes parents sont adorables bien qu'un poil envahissants. Comme tous les parents j'imagine !

-J'imagine oui, affirmai-je avec un sourire."


    La clochette de la porte d'entrée résonne tandis qu'une femme aux traits asiatiques nous accueille avec un sourire. Marinette est réellement la fille de sa mère ! Tandis que cette femme tend une baguette à un client, elle s'adresse à nous dans le même temps :


"Marinette ! Ça a été les cours ?

-Très bien maman. Je te présente Cassie, elle vient d'arriver au collège, je lui fais rattraper les cours.

-Parfait les filles. Cassie je suis ravie de te rencontrer.

-De même madame."


    Je suis Marinette vers le fond de la pièce, qui doit mener aux cuisines et aux appartements si j'en crois les fenêtres au-dessus de la boulangerie. Alors que ma voisine s'apprêtait à poser la main sur la poignée, je vois une légère ombre se dessiner sous la porte. D'un mouvement sec, je suis attrape le poignet et la tire en arrière. Moins d'une seconde plus tard, un homme rentre avec un plateau rempli de croissants. Ma camarade de classe écarquille les yeux et je lui rends sa main :


"Désolée, je ne voulais pas être brute.

-Tu as des réflexes incroyables !"


    Ravie de voir que ma petite intervention lui a donné le sourire, je la suis dans sa maison. Je reste dans le salon tandis qu'elle va chercher ce dont elle a besoin. Je jette des coups d'œil autour de moi. Je distingue des cadres d'une véritable famille unie. Parfois, une femme aux cheveux blancs apparaît sur des photos, sûrement une parente. J'écoute attentivement les pas de Marinette dans sa chambre ; une chaise qui roule, des livres qui tombent. Cela ne m'étonne pas, j'ai cru comprendre que ma déléguée était ce qu'il y avait de plus maladroit dans la classe. Cependant, je me demande pourquoi je l'entends parler toute seule. Quoi qu'il en soit, je l'entends descendre. Elle me tend une clé USB sur laquelle elle m'indique que j'ai tous les cours depuis le début de l'année.


"Encore merci Marinette, j'ai eu de la chance de tomber sur toi.

-Avec plaisir ! Est-ce que je peux t'aider à autre chose ? Oh tu veux mon numéro ?

-Je ne suis pas contre."


    En deux temps trois mouvements, Marinette inscrit son numéro ainsi que ceux de son cercle proche d'amis ; Alya, Nino (le garçon à la casquette rouge) et même celui de sa mère, si un jour j'ai besoin de passer à l'improviste. Je ne pense pas avoir besoin d'autant d'informations mais je suis vraiment heureuse qu'elle fasse de son mieux pour que je m'intègre.


"Tu veux que je te raccompagne chez toi ?

-Non c'est bon je te remercie ! C'est peut-être le premier chemin que j'ai appris à repérer toute seule. Je vais te laisser préparer le devoir de demain !

-Mais oui le devoir ! Au moins tu as rencontré mes parents, ce ne sera pas une surprise pour toi."


    Je fais un signe à Marinette et je sors de la boulangerie. Sur le chemin, je picore dans le sachet de viennoiseries que Sabine, la mère de Marinette, tenait absolument que je reparte avec. Je traverse Paris de long en large jusqu'à me retrouver face à un grand portail qui doit bien faire quatre fois ma taille. Les murs sont aussi hauts que s'ils protégeaient une forteresse. Enfin, plutôt un manoir. Il y a un interphone sur lequel j'appuie. Une caméra sort brusquement d'une pierre du mur et vient se coller presque sur mon visage. Une voix féminine sèche demande :


"Oui.

-C'est moi."


    La caméra rentre dans son mur et les grilles de l'immense portail s'ouvrent sur le manoir Agreste.

Miraculous : Les Serres de la VengeanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant