Après avoir passé le reste de ma journée à m'excuser auprès de Mademoiselle Bustier qui m'a pourtant assurée qu'elle ne m'en voulait pas, je suis partie voir Chloé. Loin de moi l'idée de vouloir en faire ma meilleure amie, mais j'ai appris une chose en étant Angoisse, c'est que sa plus grande peur c'est d'être seule. Je ne sais pas si elle se souvient de ce qu'elle a pu ressentir et de ce que j'ai pu lui dire quand j'étais transformée, mais j'ai besoin de lui parler pour me sentir mieux.
"Chloé ?
-Quoi ? T'as encore un exposé désastreux à présenter ?"
Sabrina se tient droite à côté de sa camarade mais je vois bien que sans l'ordre direct de Chloé, elle ne s'autorise pas à rire des méchancetés qu'elle peut lancer. Je vais ignorer ce qu'elle vient de me dire et je me lance. Peut-être que ça comptera, peut-être pas, mais je me dois de lui dire :
"Je m'excuse pour tout ce que j'ai pu te dire en tant qu'Angoisse. Je sais que ça n'a pas dû être facile et je m'excuse d'avoir exploité tes peurs pour me venger.
-Je ne sais même pas de quoi tu parles."
Pourtant, c'est bien Chloé Bourgeois, la fille du maire, qui baisse les yeux face à moi. Oui, elle s'en souvient. Mais devant Sabrina, devant quelques oreilles indiscrètes, je ne veux pas que cela se sache, je ne le voudrais pas à titre personnel. Je me contente juste d'opiner du chef, comme si je m'accordais à sa version :
"En tout cas, je sais que Sabrina a de la chance de t'avoir. Un être aussi unique, ça ne s'invente pas.
-Je ne signe pas d'autographe à cette heure. Du balai !"
Je lui accorde un léger sourire mais je me retire quand même. Je sais bien que Chloé ne pense pas à mal mais lui faire abaisser ses défenses sera sûrement une des missions les plus compliquées qui existent sur cette planète.
Je suis rentrée chez les Agreste sans demander mon reste. Adrien m'a demandé si j'avais besoin de sa limousine mais je ne pense pas que son père voit cette initiative d'un bon œil. D'ailleurs en parlant du blondinet, je l'ai remarqué très à mes soins depuis l'attaque d'Angoisse. Je me doute que je suis surveillée, et que mon état émotionnel ne reprenne pas un chemin déviant , mais cette fois c'est différent. Je ne saurai dire s'il m'a entendu dire pour ma mère, il me semble que tous les élèves étaient trop loin pour s'en être rendu compte, mais c'est possible...
Les grilles du portail s'ouvrent de nouveau et je suis assez étonnée de ne pas voir Nathalie sur le porche. Je monte les marches et dans ce hall vide un seul bruit se fait entendre ; celui d'une quinte de toux qui refuse de passer. Je me rapproche doucement de son origine et cela me mène à la chambre de l'assistante de Gabriel Agreste. A pas feutrés, je tends l'oreille quand je reconnais le son de la voix du maître des lieux :
"Vous avez encore pris de gros risques Nathalie. Vous devriez vous reposer.
-Je peux encore intervenir, j'ai promis de vous aider dans votre quête.
-Restez au calme pour ce soir c'est un ordre. Si j'ai besoin de vous, je vous le ferais savoir.
-Bien monsieur..."
Nathalie repart dans une quinte de toux et je profite du bruit pour revenir dans l'entrée dans laquelle je m'éclaircis la voix :
"Il y a quelqu'un ? Nathalie ? Monsieur Agreste ?
-Pas si fort Cassandra. Nathalie est souffrante. Elle a besoin de calme."
Gabriel revient du couloir de nos appartements, droit et sévère, comme à son habitude. Je dois me contrôler pour lui demander quelle est la mission qui mérite que Nathalie se rende malade au point de ne plus pouvoir assurer son poste. Le dégoût que je ressens pour cet homme et ses secrets augmente de jour en jour. Adrien arrive en haut des escaliers, ce qui me permet de trouver une échappatoire dans cette bataille de regard qui, je suis certaine, n'aurait terminé que lors de l'épuisement total d'un des deux adversaires.
"Nathalie a encore fait un malaise ?
-Oui Adrien, mais ce n'est rien de grave. Tu devrais travailler ton piano à cette heure.
-C'est que... je me demandais si Cassie pouvait venir m'entendre jouer, ça me permettrait de savoir si mon travail porte ses fruits.
-C'est entendu."
Adrien remercie son père avec un sourire presque inespéré et je monte les marches pour rejoindre le fils de Gabriel. Une fois arrivé de nouveau dans la chambre d'Adrien, ce dernier pose son portable sur une enceinte et met en route un solo de piano qui résonne dans la totalité de sa chambre. Avec un sourire, il m'indique son canapé avec un sourire :
"J'ai l'habitude. Ça fait des mois que je répète ce morceau, je pourrai même le jouer en dormant. Je voulais surtout savoir comment tu te sentais après cette journée. J'ai... entendu ce que tu m'as dit... enfin ce que tu as dis à Chat Noir, et je... je voulais te dire que je comprenais et que si tu as besoin, je serai là."
Je sais qu'Emilie a disparu il y a environ un an et qu'Adrien a été plus que touché par l'absence de sa mère. Je ne sais que trop bien ce que ça fait. Je n'ai pas besoin d'Adrien. J'ai appris à me débrouiller seule. Aujourd'hui n'était peut-être pas une si mauvaise journée. En étant Angoisse, je sais ce que j'ai dis, je sais ce que j'ai vu, et surtout je sais à qui j'ai parlé, et à qui je n'ai pas parlé.
Toutefois, l'évocation de ma mère a un effet encore trop douloureux. Je refais tourner l'anneau autour de ma main et c'est à ce moment que je remarque une bague aux coins carrés à l'annulaire d'Adrien. Je veux me concentrer sur autre chose et le garçon que j'ai face à moi m'offre la distraction idéale. Je reste de marbre pendant de longues minutes avant de soupirer et d'essuyer une larme naissante. Je m'étire et je balaie la tristesse d'un mouvement de la main :
"N'y pensons plus... Merci Adrien, je saurai y penser en temps voulu. Je suis heureuse de pouvoir te compter comme un ami... si tu es d'accord ?
-J'en serai ravi !"
Je quitte la chambre d'Adrien et chacun finit sa journée de son côté. Son père n'a pas l'air très friand à l'idée que je passe vraiment du temps avec son fils. Pourtant, il n'a pas à s'en méfier. Adrien ne connaissait même pas mon existence avant que j'arrive à Paris. Par contre, moi j'ai bien potassé mon sujet en venant.
Alors que je rentrais dans mes appartements, j'ai vérifié que personne ne me suivait et j'ai toqué sur la porte de chambre de Nathalie. J'entends un faible accord pour que je puisse rentrer, suivie d'un toussotement. Je rentre aussi rapidement et discrètement que possible et je referme doucement la porte. Nathalie est assise dans son lit et je vois bien qu'elle est au plus mal. Pourtant, elle n'a pas défait son chignon qu'elle arbore quand elle travaille, et je serai prête à parier qu'elle serait capable de se remettre à courir si Gabriel lui demandait. Elle a aussi l'air pas mal secouée. Je m'approche doucement et je demande enfin, comme si la menace Agreste Sénior n'était pas d'actualité :
"Comment tu te sens ?
-Je suis juste un peu fatiguée...
-A d'autres Nattie, la défiai-je en utilisant son surnom qui semble l'effrayer.
-Cassie ! Et si monsieur Agreste t'entendait ?
-Gabriel est peut-être la dernière personne qui me fait peur. Il aboie mais ne mord pas.
-Je ne jouerai pas à ça avec lui, ose-t-elle enfin sourire. Personne ne sait que...
-Que tu es ma tante ? Non j'en doute. J'ai même menti à Adrien, et je n'aime pas ça...
-Je me doute. Comment tu te sens ? Je... j'ai entendu ce qui t'était arrivée. Et j'en suis désolée.
-J'ai... j'aimerais oublier cette expérience pour être honnête."
Les larmes menacent de nouveau de couler mais je lève les yeux au ciel et arrive à les faire disparaître. Nathalie me fait signe de s'assoir à côté d'elle et pendant quelques secondes j'ai vraiment l'impression d'avoir retrouvé un membre de ma famille. Elle laisse enfin tomber cette carapace et s'autorise à me caresser les cheveux, mouvement destiné à la détendre autant que moi. Je ne sais pas ce qui lui arrive mais je finirai par le découvrir, et quitte à ce que je me frotte à un Gabriel qui a décidé de mordre.
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Miraculous : Les Serres de la Vengeance
أدب الهواةCassandra, ou plutôt Cassie, fait une entrée discrète dans la classe des troisièmes du collège Françoise Dupont à Paris. Enfin ça, c'est ce que Cassie aurait souhaité. Quand Papillon décide de s'en mêler, ce n'est pas certain que le petit séjour de...