8. Vilaine rencontre

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Je roule des épaules pour me les dénouer. Ça fait longtemps que je n'ai pas utilisé mon Miraculous, mais c'est comme faire du vélo ; ça ne s'oublie pas. Enveloppée dans un costume gris clair, mon masque ressemble à ceux qu'on peut trouver dans les soirées de carnaval. Il me couvre le nez ainsi que les yeux pour qu'on ne me reconnaisse pas. Il est noir aux pointes jaunes. En apparence rien de particulier, mais c'est bien à cette image que je veux que mes ennemis m'identifient, c'est quand ils découvrent l'étendue de mes pouvoirs qu'ils se mettent à me craindre. Je suis un faucon, je suis un prédateur naturel.

    Le Miraculous accentue encore plus ma vision déjà très précise. Comme pour Chat Noir et LadyBug, il augmente la force et la vitesse. Il faut au moins ça pour vaincre les super-vilains. Je cours dans la bibliothèque à la recherche d'élèves pris au piège. Rapidement, je distingue l'ombre de mademoiselle Bustier faisant sortir les collégiens le plus vite possible. Elle compte chacun des élèves qui lui passe devant ; le sang froid de cette femme est impeccable.


"Chloé ? Chloé Bourgeois ? Où es-tu ?

-Chloé, crie de plus belle Sabrina.

-Et Adrien aussi !

-Et Marinette !

-Il manque aussi notre nouvelle élève, Cassandre Birdy, complète l'institutrice. »


    C'était sûr ! Tel que je connais le Papillon, c'est le bibliothécaire qui s'est fait akumatisé. Il doit chercher Chloé, cependant je suis étonnée de ne pas voir mes deux autres camarades de classe. Cependant je suis soulagée de voir que mon absence a quand même été remarquée, bien que ce ne soit que par le professeur principal. Je les trouverai en passant. Je marche doucement vers Mademoiselle Bustier et je vois dans ses yeux une certaine surprise :


"Qui êtes-vous ?

-Vous pouvez m'appeler Rapace. Je suis là pour vous aider. Vos trois élèves sont les seuls qui manquent à l'appel.

-En effet.

-Trop cool, s'exclame une voix que je connais bien à présent, une nouvelle héroïne ! Mais Rapace, vous ne pensez pas que ça fait un peu trop... vilain comme nom ?"


    Au moment où j'allais répondre à la question d'Alya, je perçois une ombre dans le reflet de ses lunettes et me retourne en faisant tourner ma bague à mon pouce. Aussitôt, des ailes s'étendent de chaque côté et une bibliothèque vient s'effondrer dessus. Je suis obligée de faire un pas en avant pour encaisser le choc, mais mes ailes sont quasiment indestructibles. En relevant la tête, je vois celle d'Alya dont le téléphone est toujours en train de filmer. Je la salue d'un coup de tête :


"J'aime bien ce nom. Restez en sécurité, je m'en occupe."


    En me retournant je dois esquiver les morceaux de bois et je rétracte mes ailes. Alors que je fais seulement quelques pas dans le bâtiment, une autre voix que j'ai entendu dans un autre contexte résonne encore :


"Ma Lady, tu ne trouves pas qu'il manquait d'un oiseau à notre équipe ?

-Qui es-tu ? Que fais-tu ici ?

-Rapace. Disons que je suis de passage à Paris et j'en profite pour me rendre utile. Il manque Chloé, Adrien et Marinette, vous les connaissez ?

-Oui on s'est déjà occupés de Marinette et Adrien, ils avaient pris une autre sortie."


    Je garde les yeux grands ouverts pour repérer le moindre mouvement et LadyBug décrète que nous devons nous séparer pour couvrir de terrain. Je suis une adepte de ce plan, et il n'y a que comme ça que nous trouverons Chloé. J'espère que le vilain ne lui a rien fait. Aussi peste qu'elle soit, j'ai une certaine compassion pour son sale caractère, reflet de sa solitude. En marchant je tente d'écouter le moindre craquement, le moindre appel, ou la moindre remarque désobligeante qui me permettraient de la localiser. Cependant, ce que je trouve au bout d'une allée est bien plus intéressant. Je pense pouvoir affirmer que je suis sur la bonne route puisque je me retrouve face à un scientifique avec un livre et une fiole dans une main. Je me mets à rire mais c'est une grande satisfaction qui me prend. Mayura est dans le coin, celui que j'ai devant moi n'est que le protecteur du vilain :


"Si on m'avait dit que je croiserai le docteur Jekyll en pleine bibliothèque... Vas-y, ramène toi."


    Certaine de moi, je le vois boire sa fiole et se tordre de douleur avant de changer. Sa carrure prend une trentaine de centimètres, sa blouse se déchire, ses yeux injectés de sang n'ont qu'un désir : me réduire en pièces. Il s'élance dans ma direction. Il va chercher à frapper, et moi à esquiver. J'ai besoin de prendre la température de ce combat avant de faire le moindre geste. Pendant quelques secondes je constate que la vitesse de mon adversaire est rapide, peut-être même égale à la mienne, tant j'ai de la peine à esquiver les poings de la créature. Seulement, il y a une partie de Hyde que j'ai oublié, c'est toujours une créature intelligente. Après avoir compris que je pivote souvent sur mes talons, il effectue une feinte pour me plaquer contre un mur, la main sur la gorge.

    Je ne cherche pas à me débattre ; cela ne sert à rien de paniquer, il faut que je réfléchisse. Et alors qu'il m'a, pour le moment, à sa mercie, je le vois regarder l'intégralité de mon costume dans ses moindres détails. Je place mes pieds en appui sur le mur pendant que j'articule avec difficulté :


"Alors Mayura ? On cherche mon Miraculous ? Je me demande où tu te caches... attention, je suis excellente à ce jeu."


    Mon assurance augmente d'un cran. Au bout de mes gants apparaissent de petites griffes semblables à des serres et je griffe mon adversaire. Dans un cri de douleur, il recule et me lâche. Grosse erreur. Je tourne ma bague, mes ailes se déploient et je prends appui sur le mur pour bondir dans sa direction. La puissance de mon élan et l'aérodynamisme de mes ailes me fait gagner en vitesse et en posant mes mains sur ses épaules je le fais décoller du sol. Une à une, toutes les étagères se fracassent sous le poids d'Hyde que je pousse toujours plus à travers toute la bibliothèque. Sa course finit quand j'aperçois un début de mur. Je rétracte mes ailes, le lâche et glisse sur le sol pour stopper ma course pendant qu'il continue la sienne droit contre un mur. Hyde s'est évanoui sous la violence du choc. Je ramasse le livre qu'il tenait entre ses mains et LadyBug arrive en courant dans l'allée adjacente :


"Rapace ! Tout va bien ?

-Je crois que j'ai trouvé l'Amok. Est-ce que vous avez trouvé Chloé ?

-Tu sais ce qu'est un Amok ?

-Bien sûr. C'est la base avec les papillons à Paris.

-Chat Noir essaie de..."


    Alors qu'elle tente de finir sa phrase, Chat Noir glisse sur le ventre jusqu'à nous. Je l'aide à se relever d'une main et je lève les yeux. Alek Ture est devenu un monstre de foire ; il semble avoir pris une caractéristique de chacun des grands noms de romans. Un peu de Dartagnan, un peu de Sherlock Holmes, un peu de Frankenstein et Dracula. Une part de lui semble ne pas avoir été touchée, comme s'il était resté normal. Il regarde le livre que j'ai donné à LadyBug. Il paraît un peu surpris et je comprends en même temps que mes deux compères :


"Il utilise les personnages de roman comme des protecteurs. C'est rare qu'il y en ait autant en même temps, et dès qu'on bat une de ses incarnations, il redevient lui-même."


    J'incline la tête et je m'avance. Je suis certaine que je peux me le faire à moi toute seule. Pourtant, je distingue une légère ombre derrière Alek Ture et je percute. Je déploie mes ailes et prends deux pas d'élan pour me donner la vitesse nécessaire.


"Occupez-vous des trois parties restantes. Je vais chercher Chloé.

-Trois, s'étrangle Chat Noir, mais j'en vois quatre.

-Tu parles trop..."


    Je m'agace et en passant vers le vilain, je le vois tourner une loupe dans sa main que je percute d'un coup d'aile avant de l'envoyer exploser sur le sol. Ça me permettra d'éviter que l'intelligence et la réflexion du personnage jouent en leur défaveur. Mon cœur s'emballe et j'écarte les bras en prenant appui à la verticale dans le sol pour décoller. Mes ailes se déploient encore plus grandes et je finis par briser la fenêtre en passant à travers. Je me réceptionne avec un peu de mal sur le bâtiment derrière la bibliothèque. Debout, quelque peu essoufflée mais déterminée, je plante mes talons dans le sol, prête à intervenir. Mayura tient Chloé par le col au-dessus du vide, ses yeux me transpercent de part en part, son ton est menaçant, rien à voir avec ce que j'ai pu entendre sous son emprise.


"Pas un pas de plus."

Miraculous : Les Serres de la VengeanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant