Miraculous : Les Serres de la Vengeance

16. Tournant inattendu

Cette fois je peux affirmer que j'ai surpris Gabriel. A vrai dire, vu la tête qu'il affiche en ce moment, ça vaut tout l'or du monde. Je pense même que si ses yeux avaient pu sortir de leurs orbites, ils l'auraient fait. Maintenant que je me retrouve dans un costume dont les couleurs se sont divisées entre le gris de mon costume de Faucon ainsi que le bleu et vert du costume du Paon, je me sens... différente.

Pour être honnête, je me sens plus puissante dans une certaine forme. Les pouvoirs du Paon viennent de me donner un laps de temps supplémentaire pour garantir que ma détransformation ne se fera pas dans les prochaines minutes. Cependant, je prends enfin conscience de pourquoi je dois absolument éloigner ce Miraculous de la circulation. Je sens comme une légère douleur au fond de mon coeur. Comme si doucement, mais sûrement, on était en train de m'enfoncer une lance, ou de me comprimer la poitrine, même si cela n'a absolument rien à voir avec une crise d'angoisse.

« Comment... est-ce que tu... L'amalgame...

-Je t'avais dis de ne pas me sous-estimer. Je ne suis pas une novice comme le Chat et la Coccinnelle.

-Tu... tu dois le retirer... »

Les seuls moments que je partage dans des rares moments de calme avec Gabriel sont ceux où ma tante ouvre la bouche. Elle représente peut-être le dernier rempart qui m'empêche de réduire son manoir en cendres. Je sais que je dois le retirer, mais si c'est mon moyen pour qu'Agreste Senior daigne me prendre au sérieux alors je ne reculerais devant rien. La bonne nouvelle dans cette nouvelle transformation c'est que mes ailes ont eu l'air de se renforcer avec la présence des plumes du Paon. Au moins, si je peux écarter un des deux Miraculous les plus dangereux, je dois le faire. Nattie tente de poser une main sur le sol pour se relever mais je sais bien qu'elle ne peut pas le faire, elle est trop faible pour cela. Lorsqu'elle relève les yeux dans ma direction, j'y lis une supplication, que jusque là, je ne lui avais jamais connue.

Je recule de quelques pas, sortant complètement du bureau de Gabriel, décidant de rester le plus loin possible de ma tante. Je ne sais pas d'où me provient cette assurance, mais je peux affirmer que je ne vais me laisser faire et user du temps supplémentaire qui m'est accordé avec raison. Je fais apparaître une plume dans ma main droite. Papillon se relève enfin, et il dirige sa canne dans ma direction :

« Ne fais pas ça. Tu ne sais pas ce que tu vas engendrer.

-Oh que si... Que ton désespoir s'incarne sous la forme d'un protecteur. »

Avant de relâcher la plume, je fais un bon en arrière et la canne de Papillon fend l'air dans un sifflement qui m'indique que j'ai bien fait de me décaler. Je lance un regard en coin accompagné d'un sourire et je souffle sur la plume. Papillon se retourne en suivant la plume virevoltante des yeux. Pour l'empêcher de faire n'importe quoi, je lui attrape une cheville grâce à mes griffes et je l'envoie valser loin derrière moi. Le bruit de son corps percutant le mur de son entrée ne me fait ni chaud ni froid. A vrai, dire c'est mon seul moyen pour qu'il reste tranquille.

Désormais équipée d'un éventail, j'effectue un léger mouvement pour accélérer la chute de la plume. Cette dernière gagne en vitesse et vient enfin se poser sur les lunettes de ma tante. Aussitôt, je dispose d'un pouvoir qui jusque là m'était encore interdit :

« Nathalie Sancoeur, je suis BlueFalcon. Tu as usé du Miraculous du Paon au péril de ta vie et voir un membre de ta famille risquer sa vie comme l'a fait ta soeur te créer une angoisse impensable. Je t'offre l'occasion de te relever, d'incarner un protecteur pour empêcher le Papillon de récupérer le Miraculous du Paon ainsi que du Fauson. Acceptes-tu de devenir ce protecteur ?

-Je te protègerai au péril de ma vie. »

Une sorte de brouillard violet se forme autour de ma tante et elle se retrouve complètement submergée. La femme qui en ressort mes complètement inconnue mais à un style que je lui connais bien. D'une part, elle a des lunettes qui se sont changées en lunettes de soleil sans carreaux, comme si ce n'était qu'un bandeau, et le reste de sa tenue est aux couleurs du drapeau anglais et français. Un moyen de réunir les deux pays qui ont accueilli sa famille et représentant son attachement aux deux terres, qu'il soit émotionnel ou physique. Elle se lève, et vient se placer à mes côtés. Sa présence tout de suite me rassure tandis que le pieu qui menaçait de s'enfoncer dans mon coeur perce une nouvelle fois. Ce n'est pas tous les jours qu'on a l'impression que son corps se fait écraser et comprimer par... absolument rien. Je commence déjà à m'essouffler à cause du Miraculous du Paon, mais celui du Faucon augmente mon assurance d'un cran. Je sais que j'ai l'avantage numérique et physique sur Papillon désormais.

« Stop. »

La voix de ma tante est égale à elle-même : droite et froide. Cependant, je vois un rayon sortir de ses étranges lunettes pour se diriger droit du Papillon. Ce dernier esquive de justesse le rayon qui touche un mur au hasard. Je ne sais pas ce que ce rayon aurait fait à Gabriel mais ma tante a l'air de le savoir. Tout ce que je sais maintenant, c'est que je veux réunir les autres héros de Paris. Je vais avoir besoin d'eux. Je saisis ma tante par la main et je fais quelques pas hors de la maison de Gabriel avant de la saisir sous les aisselles et de déployer mes ailes. En quelques secondes, nous nous retrouvons dans les airs et je me dirige tout droit vers l'Arc de Triomphe. Grâce à ma vitesse j'ai réussi à prendre de l'avance sur Papillon qui mettra encore quelques minutes pour nous rejoindre.

Tout le toit du monument est délimité par de grandes grilles qui empêchent les visiteurs de plonger dans le vide. Cela fait à la fois une grande protection et un excellent terrain de jeu pour ce que je souhaite en faire. De plus, nous sommes exposés à la vue de tous, c'est plus important que jamais que nous soyons sous le feu des projecteurs. Si Gabriel pense que personne ne me croira, il suffira que j'arrive à le battre pour que tout Paris connaisse enfin son vilain. Celui qui terrasse les parisiens depuis des mois.

Les portes de l'accès au toit s'ouvrent dans un fracas presque inédit. Papillon y apparaît en marchant. Il est sur ses gardes, il fait bien. Il s'approche de nous, menaçant :

« Relâche-là, et je te promets que tu finiras en un seul morceau.

-C'est toi qui veut négocier maintenant ? Ramène-toi, que tout Paris sache enfin qui tu es. »

Mon assurance semble quelque peu l'ébranler et avant que je ne fasse un moindre pas en avant, c'est Nattie qui se place devant moi. Elle porte de nouveau deux doigts sur la base de son bandeau et donne un ordre direct :

« Saute par-dessus les grilles et écrase toi. »