L'anneau autour de mon pouce n'a jamais autant tourné ces derniers temps. D'ordinaire c'est un mouvement qui m'apaise et qui me permet de réguler les battements de mon cœur mais aujourd'hui rien n'y fait. Enfin plutôt c'est a cause de ce stupide exposé que j eme retrouve dans cet état. Le seul point positif est que mademoiselle Bustier me laisse le choix de passer dans l'ordre que je veux. Elle a à cœur la réussite de ses élèves et leur bien-être. Je ne pourrais jamais assez la remercier de toute l'empathie et la gentillesse qu'elle développe pour moi. Je regarde tous les exposés des autres élèves en faisant tourner l'anneau de plus en plus vite. Je ne sais pas combien de temps je tiendrai avec cette crise d'angoisse qui menace de m'étrangler un peu plus à chaque seconde.
C'est la première fois que je ferai mention de ma famille depuis deux ans. J'ai vu de multiples psychologues, j'ai été accompagnée, mais rien n'y fait. Et je ne m'y ferai jamais. Bien que je pense que le seul en mesure de comprendre un tant soi peu ce que je ressens est Adrien mais son père m'a demandé de me taire à ce sujet et je n'ai pas de marche de manœuvre suffisamment large pour tenter une négociation. Je n'avais qu'un joker et je l'ai utilisé pour venir à Paris.
"Cassie, est-ce que tu veux bien venir nous présenter ton travail ?"
Je ne sais pas si cela se voit, mais mon coeur bat si fort que je crois voir mon t-shirt se soulever au rythme de ses battements. Ma cage thoracique est trop étroite pour la force de ses coups. Une boule, un nœud, ou une envie de vomir... je ne sais pas ce qui me bloque la gorge à ce moment-là mais c'est une sensation des plus désagréables. Lorsque je me lève, je ne sais pas si mes jambes seront capables de me supporter. Pendant que je descends les marches, je m'accroche à chaque pupitre pour éviter de chuter. Tout me parait long et rapide. Je ne sais pas, je ne sais plus. Mon cerveau refuse de répondre.
Mademoiselle Bustier se tient contre le rebord de la fenêtre. A ce moment-là je ne pense qu'à une chose ; il me faut de l'air. Je tiens en tremblant la seule phrase écrite sur un petit bout de papier. Mon anneau tourne encore et encore et encore. J'ose à peine lever les yeux vers mes camarades. Quand je finis par le faire, la seule personne que je veux voir c'est Adrien. Son regard compatissant se transforme peu à peu en inquiétude quand il aperçoit les larmes naissantes. Dans sa diagonale supérieure, Alya, qui tenait son téléphone, vient de l'abaisser.
"Je... je... Cassandra Birdy. Mes... mes...
-Oui ça on sait tu l'as déjà dit. Avance on a pas toute la journée."
La voix froide et autoritaire de la fille du maire vient de me crucifier. Mes mains deviennent moites, je ne trouve plus mon souffle. Comment on fait pour respirer ? Ma gorge se noue un peu plus. Je vais étouffer. J'entends une voix au loin, très loin. Mes tremblements accélèrent davantage, je ne sais plus.
"Cassie ?"
La voix de mademoiselle Bustier est comme un coup de gong qui me ramène à la réalité et sa main sur mon épaule est chaude mais j'ai pourtant l'impression qu'elle est plus froide qu'un glaçon. Elle me fait mal alors que je sais qu'elle me frôle à peine. Je ne peux plus dire un mot sous peine de me mettre à pleurer. Une larme m'échappe. Puis une seconde. Je suis nulle.
"Ridicule. Totalement ridicule. Il n'y a pourtant aucune difficulté à parler de ses parents. Même si les vôtres ne sont pas aussi exceptionnels que les miens. Sauf toi Adrichou."
La voix de Chloé m'est tout bonnement insupportable. J'en peux plus de toutes ces personnes qui minimisent les intégrations, la timidité et surtout les crises d'angoisse. Pendant l'intervention de la fille du Maire, mademoiselle Bustier a eu un moment d'inattention. J'en ai profité. Mes jambes m'ont portée loin hors de la salle de classe. Je percute la porte de la salle de mon épaule. Je me suis fait mal mais ça m'est égal. Dans le brouillard de mes larmes, je distingue une porte au fond. Je l'enfonce également dans le but de me réfugier dans les toilettes. A peine ai-je franchi le seuil que je m'effondre. Mes jambes sont incapables de faire deux pas de plus.
J'en ai marre. J'en peux plus. Je déteste cette sensation. Je déteste ces exposés. Je déteste toutes ces personnes comme Chloé. Je déteste être au centre de l'attention. Je déteste manquer de confiance à ce point. Je déteste être aussi faible.
Un bruit me fait lever la tête. J'aurai pu m'attendre à ce que la porte des toilettes soit traversée par un autre élève mais personne ne vient. Il n'y a qu'un papillon violet qui vole à travers la pièce. Non pas lui. Je me suis faite avoir par ma propre faiblesse. Le pire du tout. C'est que je sais que je n'ai pas la trempe de résister. Pas maintenant. Comme prévu, je le vois se déposer sur l'anneau de mon pouce.
"Angoisse. Je suis le Papillon. Il n'y a plus aucune raison d'avoir peur des autres puisque je vais te donner l'assurance dont tu manques. Pour te venger de tous les élèves comme Chloé Bourgeois qui te narguent, pour leur montrer que tu n'es pas cette faiblesse qu'ils pensent tous voir. Je connais ton potentiel et c'est pour ça que je te donne le pouvoir de tous les faire douter à leur tour. En échange, tu devras récupérer pour moi les Miraculous de LadyBug et Chat Noir."
Alors que j'allais répondre, je m'aperçois qu'une deuxième forme violette vient se poser sur le papier que je tenais à la main. D'un simple coup d'œil je peux distinguer une plume de la même intensité. Et c'est une voix féminine, presque envoûtante qui me parle. Pourtant, ses mots sont clairs et précis. Pour une raison que j'ignore, je voudrais l'écouter davantage, comme si elle m'était familière et me rassurait.
"Angoisse. Je suis Mayura, je suis là pour que ta détresse se manifeste sous la forme d'un protecteur. Tu n'es pas seule. Tu ne le seras plus jamais.
-Avons-nous un accord, conclu le Papillon ?
-Sans aucun doute."
A partir de ce moment-là, j'abandonne toute possibilité de reprendre le contrôle. Je commence par me dire que je n'en avais pas vraiment envie depuis le début. Cette Mayura est inédite. Je voudrais l'entendre parler encore et encore. Mais pour en avoir l'occasion, j'ai quelques bijoux à récupérer.
LadyBug. Chat Noir. Chloé. Dites bonjour à Angoisse.
VOUS LISEZ
Miraculous : Les Serres de la Vengeance
FanficCassandra, ou plutôt Cassie, fait une entrée discrète dans la classe des troisièmes du collège Françoise Dupont à Paris. Enfin ça, c'est ce que Cassie aurait souhaité. Quand Papillon décide de s'en mêler, ce n'est pas certain que le petit séjour de...