Chapitre 2

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Le lendemain matin, comme prévu, c'est la rentrée des classes. J'aime bien le lycée parce que c'est un échappatoire pour moi, ça me permet de ne pas voir mon père pendant la journée mais le soir, c'est violence, cris, haine et coups... Toujours la même chose...

Je me lève, motivée, et vais immédiatement sous la douche. L'eau froide, n'ayant pas eu le temps de se réchauffer, coule sur mon corps, me donnant la chair de poule. Je me savonne rapidement avant de me rincer et de sortir pour aller m'habiller. Il ne faut pas que je profite de l'eau car si je dépasse les cinq minutes, mon père est capable de monter et de me virer de la salle de bains. Avec lui, tout est toujours chronométré. Le temps sous la douche, le temps à laver la maison, le temps à ranger la chambre, le temps à faire les tâches ménagères. Si tout n'est pas comme il le veut alors il crie et frappe.

— Théa !

Je frissonne quand j'entends la voix grondante de mon paternel à l'étage du dessous.

— Théa, je ne te rappelle qu'une seule fois ! Après je te jure que je vais te chercher !

Je fonce donc vers mon armoire et enfile rapidement un pull rayé bleu et blanc suivi d'un pantalon noir et de mes habituelles chaussettes rouges et vertes. Je vais ensuite me maquiller avec un simple rouge à lèvres et un peu de mascara avant de descendre juste au moment où il allait monter.

— C'est bien, tu commences à m'obéir.

Il se retourne pour descendre alors je lui mime un doigt d'honneur avant de m'asseoir à côté de ma mère. Je remarque qu'elle a de nouveaux hématomes, signe que mon père s'en est encore pris à elle lors de la nuit dernière. Son œil au beurre noir est encore présent tandis que sa joue est gonflée est un peu plus violette.

— Maman, ça va ?

— Oui ma puce, ne t'en fais pas pour moi.

Ne pas m'en faire pour elle ? Impossible ! J'ai peur de la perdre, j'ai peur d'être seule avec mon père.

Je mange ma tartine beurrée à la confiture et bois mon jus d'orange. Personne ne parle, l'ambiance est électrique. Tout peut basculer dans l'horreur avec une phrase, un mot ou un geste.

Quand j'ai fini mon petit-déjeuner, je prends mon sac et me lève avant de croiser le regard noir de mon père.

— Assis-toi, j'ai deux mots à te dire.

Je me rassoie sur ma chaise et regarde ma mère, sentant sa main prendre la mienne. Je ne veux plus la laisser seule avec lui mais je n'ai pas le choix... Je n'ai qu'une envie, c'est de voir mon père derrière les barreaux. Au moins il ne pourra plus jamais nous faire de mal.

— Tu vas au lycée et tu ne te fais pas remarquer. S'il y a le moindre problème, ça va mal finir. Est-ce que j'ai été clair ?

— Oui.

— Oui qui ?

— Oui papa, dis-je en baissant la tête.

Avec lui, je me sens soumise. Je dois constamment lui jeter des fleurs devant des gens que je ne connais pas ou devant les amis de notre famille. Personne n'est au courant de ce qu'il se passe ici. Je dois toujours dire qu'il est parfait, que c'est un papa poule, qu'il est fou amoureux de ma mère et qu'il me protège comme si j'étais un diamant. Or, tout cela est faux. Je ne suis plus rien pour lui...

Ma mère ne compte plus pour lui, elle est juste là pour satisfaire ses désirs, pour vider ses couilles et pour être frappée. Elle n'est rien d'autre que son objet sexuel et son punching-ball. Et dire qu'elle avait le coup de foudre pour lui il y a des années...

Forbidden LoveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant