Chapitre 19

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La nuit est sombre, noire et effrayante. Il y a deux ans, le maire d'Arcachon a décidé d'éteindre toutes les lumières de la ville à 22h30. Ça fait quarante-cinq minutes que la ville est plongée dans l'obscurité, dans le noir complet. Les étoiles sont nombreuses ce soir et malgré tout, ça me rassure. Je ne sais pas si Ludovic a trouvé son frère mais moi, j'ai fait le tour de la ville, sans le trouver. Il fait froid mais heureusement que j'ai mis un pull et ma veste. Je vais donc au bassin d'Arcachon afin de savoir si mon prof de sport a trouvé son frère.

C'est avec étonnement que je ne le trouve pas sur les lieux. Je suis toute seule, sur le sable froid, face au bassin d'Arcachon. L'eau est calme malgré les petites vaguelettes qui s'échouent sur la plage. C'est calme et le bruit des vagues me rassure. Soudain, un hurlement retentit non loin de moi. Je me précipite vers les cris et vois immédiatement deux hommes en train de poignarder une femme. Alors que j'allais l'aider, un bras m'attrape avant que je sente mon dos se coller à un torse dur.

— Il faut l'aider, dis-je en me débattant.

— C'est trop tard, annonce Gabbryel. Viens, on rentre à la maison.

— Où est-ce que t'étais ? On te cherche partout !

— J'étais chez Pauline.

— C'est qui ?

— Ma nouvelle copine. Pourquoi t'es jalouse ? Tu m'as quitté à ce que je sache.

Je regarde ses yeux verts et sens un pincement au cœur quand je me rends compte qu'il n'a pas perdu de temps à me remplacer. Gabbryel était tout pour moi, il m'a aidé quand mon père me frappait sans cesse, il a aidé ma mère et il était très gentil avec nous mais maintenant que je l'ai quitté, il m'a immédiatement remplacé avec une autre fille. Déjà il couche avec Georgia et ensuite il se met en couple avec cette Pauline. 

— Je t'ai dis que j'allais voir ailleurs Théa. Je l'ai fait.

Sa réponse me fend le cœur mais je dois accepter que je suis désormais célibataire...

— Tout ça parce que je n'ai pas couché avec toi ? C'est pathétique !

Il ne dit rien mais je sais qu'au fond il est satisfaisait d'avoir trempé son biscuit. Il me dégoûte ! 

— Rentrons à la maison.

Je suis extrêmement déçue de lui. On a passé trois ans ensemble, heureux et amoureux l'un de l'autre mais tout est désormais brisé juste parce qu'il n'a pas pu attendre mon consentement pour coucher avec moi.

Quand on arrive à la maison, je vois Izabelle et Jérôme sur le canapé.

— Gabbryel, oh mon dieu !

Il roule des yeux ce qui me donne envie de le gifler. Ses parents sont inquiets mais il se contente de hausser les épaules et de lever les yeux au ciel. Quelle insolence !

— Ludovic n'est pas encore rentré et j'ai vraiment un mauvais pressentiment, annonce Izabelle en me regardant.

— Il ne m'a pas donné son numéro de téléphone.

Soudain, la porte d'entrée s'ouvre avant que Ludovic apparaisse dans le salon, le nez en sang et la joue fendue.

— Oh mon dieu, Ludovic !

— Ce n'est rien. Je vais me soigner, dit-il en montant à l'étage.

Je le suis mais je vais dans la chambre d'amis afin de passer un peu de temps avec ma maman.

— Maman, ça va ?

— Oui, tout va bien.

— Mais ?

— Je suis désolée Théa... Le médecin va m'envoyer à l'hôpital afin que je puisse me faire soigner dans de meilleures conditions.

— Tu as combien de chances de survie ?

— Je n'en sais rien mais j'espère que la chance va me sourire.

Je soupire avant de m'asseoir à côté d'elle et de prendre sa main.

— Le médecin est confiant par rapport à moi mais j'espère que tu auras la même chance. Je ferai tout pour que tu survives.

Elle esquisse un petit sourire avant de bailler.

— Dors maman, passe une bonne nuit.

Elle ferme ses yeux alors je l'embrasse sur le front avant de sortir de sa chambre. Alors que j'allais rejoindre ma chambre, j'entends un petit râle provenant de la salle de bain.
Je toque à la porte mais n'entends aucun bruit. À part ce petit râle...
Je rentre donc dans la salle de bain avant de voir Ludovic se soigner difficilement. Torse nu en face du miroir, j'arrive à voir de nombreuses blessures sur son flanc gauche.

— C'est grave ?

Il ne dit rien mais me regarde du coin de l'œil.

— Ludovic, dis-moi. Est-ce que c'est grave ? demandais-je en me mettant face à lui.

— Non, ce sont juste des égratignures.

Je prends le temps de regarder ses blessures et ressens un sentiment de soulagement quand je vois qu'elles ne sont pas si profondes.

— Laisse-moi t'aider.

Il ne dit toujours rien mais me regarde attentivement. Je prends donc un gant de toilette mouillé avant de le passer sur son flanc. Il me regarde attentivement mais je l'ignore.

— Tu ne devrais faire ça, dis-je en regardant ses yeux verts.

— Tu as raison, tout était faux. J'ai essayé de t'embrasser alors que tu es mon élève avant tout le reste. Merci pour ton aide mais je vais me débrouiller maintenant.

Je ne dis rien mais pose le gant de toilette sur le rebord de l'évier avant de sortir de la salle de bains pour rejoindre ma chambre.

La seule chose que je dois faire pour le moment c'est emmener ma mère dans une autre ville pour vivre librement tout en effaçant de ma mémoire Gabbryel et Ludovic.

Forbidden LoveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant