Forbidden Love

Chapitre 14

Physiquement et mentalement, je suis à bout...
Gabbryel a tenté de coucher avec moi mais j'ai refusé et ça, il n'a pas aimé. Ça fait trois ans que je sors avec lui et je ne suis, malheureusement, pas encore reconstruite par l'histoire de mon père. Je sais que ça peut paraître bizarre mais j'ai encore des hématomes et j'ai encore mal à mon corps. 

Quant à Ludovic, il a tenté de m'embrasser et je ne sais pas pourquoi. Je ne l'aime pas pour deux raisons.
La première, et la plus importante, c'est parce qu'il est mon professeur de sport. Je refuse d'enfreindre la loi. Toute relation entre un professeur et un élève est punissable d'une peine de prison et d'une peine d'amende. Je ne veux pas briser une vie parce que je ne veux pas ressembler à mon père.
Et la deuxième raison, c'est parce que je suis amoureuse de Gabbryel. Je sais que mon cœur me joue des tours dès que je suis avec Ludovic mais ça n'a rien à voir. Il a sauvé ma mère, il l'a protégé alors je vois en lui un héros. Personne n'a osé se mesurer à mon père mais lui il l'a fait sans hésiter. Je lui en serai éternellement reconnaissante.

Aujourd'hui, j'ai cours puisqu'on est jeudi. Et qui dit jeudi, dit sport. Ce qui signifie que je vais passer du temps avec Mr Caliari. Ça ne me déplaît pas mais je n'arrive toujours pas à faire la part des choses.

— Salut Théa, dit Cassidy en venant vers moi. Ta mère va mieux ?

— Le médecin est sceptique. Ses hématomes sont assez graves. Aujourd'hui elle a une opération pour enlever sa côte de son poumon.

— Oh... Et toi ?

— Ça a l'air d'aller...

— Ça n'annonce rien de bon c'est ça ?

— Pas vraiment, dis-je en baissant la tête.

Ma meilleure amie me prend contre elle avant de me caresser les cheveux avec compassion. C'est la seule qui est encore présente malgré mon père. Son procès va se dérouler dans deux semaines et ensuite ma mère et moi saurons enfin sa peine de prison. Il ne sortira pas de sitôt.

— Je dois t'avouer quelque chose Cassy, dis-je en prenant sa main dans la mienne.

Ses yeux bruns me regardent avec inquiétude tandis que mon cœur tambourine dans ma poitrine. J'ai peur de lui dire les mots qui vont la briser, la détruire. Mais malheureusement je n'ai pas le choix... Il n'y a jamais eu de secret entre nous.
Chamboulée, je fonds en larmes devant elle et devant ma classe.

— Le médecin ne sait pas si on va survivre aux coups de mon père... et... ça me fait terriblement peur de mourir... je... je ne sais pas quoi faire pour sauver ma mère...

Cassidy ne dit rien mais je sais qu'elle est aussi très chamboulée par cette horrible nouvelle. Je suis consciente que le médecin peut se tromper mais il nous a montré les radios que l'on a fait à l'hôpital, les prises de sang et les tests complémentaires. Malheureusement, comme il l'a dit, ça n'annonce rien de bon...
Ma mère a un poumon perforé, un SFC et des maladies mentales tandis que le médecin m'a diagnostiqué un stress post-traumatique, le genou droit fragilisé et également un SFC. C'est le syndrome de la fatigue chronique.
Une fatigue permanente qui dure au-delà de 6 mois avec un sommeil non réparateur, c'est-à-dire que ma mère ou moi nous nous levons parfois épuisées malgré un nombre d'heures de sommeil tout à fait suffisant.
Tout ça à cause de mon père...

De plus, d'après le médecin de la famille Caliari, ma mère a eu des relations sexuelles non consentantes avec mon père. Elle s'est défendue mais elle était sous l'emprise de stupéfiants et malgré ça, mon père l'a violée sans aucun regret. C'est ignoble !
Le médecin a relevé des traces ADN, des traces de drogue et d'autres produits toxiques dans son organisme au moment de l'agression. Je n'arrive toujours pas à croire que mon père s'est acharné violemment sur elle.
Elle était tellement faible, tellement fragile...

— C'est horrible... annonce Cassidy en baissant la tête. 

Je n'arrive pas à croire que j'ai parlé à voix haute. Toute la classe me regarde avec des yeux similaires à des soucoupes tandis que je sèche mes larmes. Heureusement que la sonnerie sonne, ramenant tout le monde au présent. Mr Caliari arrive vers nous avant de nous saluer poliment.

— Théa, ça va ? demande Mr Caliari en me regardant droit dans les yeux.

— Oui...

— Allez on y va.

En marchant vers le gymnase, le prof de sport me lance souvent des regards inquiets mais je refuse de les voir. Il a déjà tenté de m'embrasser alors je n'ai pas envie de le regarder. Je peux paraître égoïste mais c'est comme ça. Point barre.
Remarquant que je refuse de le croiser son regard, il décide de parler avec ma pire ennemie : Georgia.
Évidemment, elle papillonne des cils et étire ses lèvres jusqu'à ses oreilles. Pathétique !

— C'est elle qui doit crever, pas toi, annonce Cassidy d'une voix colérique.

— Ne dit pas ça.

— C'est la vérité. Elle veut juste sucer le prof pour avoir un bon semestre. Quelle connasse !

— On s'en fiche, Cassy. C'est sa vie, pas la nôtre. Du haut de ses 24 ans, le prof est largement capable de savoir ce qu'il veut faire avec elle, dis-je en haussant les épaules.

Si je dois m'inquiéter de toutes les personnes présentes alors je n'aurai pas fini. La priorité c'est ma mère et ensuite c'est de me reconstruire convenablement et librement.

— Allez au vestiaire, changez-vous et rejoignez-moi à l'étage du dessus.

Avec Cassidy nous allons donc nous changer et nous attendons jusqu'à ce que plus aucune fille ne soit dans le vestiaire.

— J'ai l'impression qu'il y a autre chose, dit doucement ma meilleure amie.

Je ne peux pas lui avouer que, pendant le week-end dernier, Mr Caliari a tenté de m'embrasser. Je ne peux pas parce que c'est grave.

— Je suis ton amie, tu peux tout me dire.

Elle n'a pas tort. D'un côté, elle ne m'a jamais rien caché parce qu'on est amies depuis très longtemps. Cependant, ce que je risque de lui dire va tout chambouler. Dans sa vie comme dans la mienne parce qu'elle va devoir aussi garder le secret.

— Théa.

Sa voix me ramène à la réalité pendant que je sens mon cœur battre très vite.

— Gabbryel a tenté de coucher avec moi.

— Non mais il est sérieux ?! Je vais le tuer !

— Ce n'est pas tout, dis-je d'une traite.

Elle m'interroge du regard et alors que je m'apprête à lui révéler l'interdit, le prof entre dans le vestiaire.

— Cassidy monte en haut. Théa je dois te parler, dit-il en me fixant de son regard vert.

Elle sort du vestiaire tandis que je regarde Mr Caliari avec gêne. Je ne sais pas ce qu'il me veut mais d'après son regard, il est au courant de ce que son frère voulait me faire.

— Que voulez-vous ?

— Arrête Théa. Je suis ton ami et je sais ce qu'a fait mon frère.

— Je ne suis pas votre amie.

— Théa, dit-il d'un ton las. On est seuls, tu peux m'appeler Ludovic.

Il commence sérieusement à me taper sur le système ! Qu'est-ce qu'il ne comprend pas ?! Je n'ai plus besoin de lui. Il a sauvé ma mère et je l'en remercie mais maintenant, je compte partir avec elle d'Arcachon. Je ne compte pas rester dans une ville de malheur et de mauvais souvenirs.

— Écoutez Mr Caliari. Je m'en fiche de vous car on est pas amis. Cependant, je vous remercie d'avoir sauvé ma mère. Mais en contrepartie, foutez moi la paix. Je refuse d'être comme Georgia. Elle veut juste vous sucer pour avoir un bon semestre sauf que moi je ne suis pas comme ça. Alors dites à Gabbryel que c'est fini. Que s'il veut baiser, qu'il se cherche une femme qui aime ça !

Je prends mes affaires et m'en vais après avoir balancé ces mots.
Je vais en direction du bureau de Mr Minard afin de demander cette journée de libre. Je n'en peux plus, je suis à bout et le procès de mon père n'arrange pas les choses. Je suis consciente que tout va changer après cela, que ma mère et moi allons nous reconstruire difficilement et longtemps mais c'est indispensable pour notre vie future.