Chapitre 9

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L'échange que j'ai eu avec Mr Caliari a été bénéfique. Je dois sauver ma mère. Coûte que coûte.

Aujourd'hui on est samedi et qui dit samedi dit week-end bloqué avec mon père. Sauf qu'aujourd'hui je vais enfin sortir de cet enfer. Ludovic doit m'accompagner malgré que je stresse à l'idée qu'il soit au courant de toute l'histoire.

- Prête ? demande Mr Caliari en mettant sa veste en cuir.

Je hoche la tête de haut en bas avant de sortir de chez lui. Gabbryel devait nous accompagner mais il a dû aller chez le médecin avec sa mère. Atteinte d'une mystérieuse maladie, Izabelle est très fatiguée et faible depuis ces derniers jours.

- Est-ce que j'ai le choix ?

- À toi de voir. Soit tu sauves ta vie, soit tu risques de mourir sous les coups de ton père.

Je n'arrête pas de peser le pour et le contre. Ceci dit, il n'a pas tort. Je dois sauver ma peau et celle de ma mère.

- Allons-y.

Il sourit et m'emmène hors de la maison avant de me désigner sa moto.

- Jamais je ne vais monter sur cet engin, dis-je en la pointant du doigt.

- J'ai aussi une voiture mais je l'utilise peu.

- Ah ouais ? C'est quoi, une Mustang ?

Il rigole et pose son casque sur son siège avant de fermer les lacets de ses Adidas Superstar.

- Je ne suis pas aussi riche. Même si j'aimerai l'avoir, je ne possède qu'une Peugeot 208 1ère génération.

- Et il n'y a pas moyen de la prendre ?

- Disons que c'est les derniers trajets que je vais faire avec cette merveille, dit-il en désignant sa moto. Après le froid et le verglas arrivent. C'est pas top avec un deux roues.

- Je comprends. Quand il faut y aller, il faut y aller...

Il me donne son casque alors je le laisse me le mettre, grimaçant au passage.

- Ta tête est bien maintenue ?

- Pour tout t'avouer, ça comprime un peu ma tête, à cause de mes hématomes.

- Attend je vais te l'enlever.

Doucement, tout doucement, il lève le casque avant de me le retirer de ma tête.

- Tu veux quand même prendre la moto alors ?

- Si ça ne te dérange pas, j'aimerai la voiture, dis-je en triturant mes doigts.

J'ai honte de moi. Honte d'avoir mal pour rien, d'être faible à cause de mon père. Je ne suis jamais montée sur une moto et maintenant que l'occasion se présentait, il a fallu que mes hématomes me jouent des tours.

- Oui, ça ne me dérange pas, dit-il en esquissant un sourire.

Nous allons donc dans son garage tandis qu'il ouvre sa voiture. D'une belle couleur grise, sa Peugeot a l'air de bien fonctionner. Je ne sais pas depuis quand il l'a mais ça doit être récent.
Je rentre à l'intérieur et dans la seconde, il démarre le moteur afin de sortir du garage.

- Que vas-tu faire quand ton père sera derrière les barreaux ?

- Je ne sais pas encore, dis-je en le regardant. Je suppose que je vais sortir ma mère de cette maison et lui donner une belle vie, comme je le peux.

- C'est mignon. Si tu veux de l'aide, je suis là.

Je le remercie avant de le regarder attentivement. Il a un charme que je ne peux expliquer et vraiment, ça m'étonne que Gabbryel n'ait pas ce petit "truc" que Ludovic possède.

- On est arrivé, dit-il en se garant sur le parking.

Je sors rapidement du véhicule avant de sentir la main de Ludovic dans mon dos. C'est incroyable comme il me rassure et malgré que j'aime Gabbryel, j'ai l'impression de commencer à apprécier les moments avec son frère aîné.

- Surtout ne cache rien aux gendarmes. Toutes les preuves sont sur ton corps alors utilise les comme il se doit, dit-il en me regardant de ses yeux verts.

Je rentre dans la brigade avant de sentir tous les regards sur moi. Que ce soit ceux des visiteurs pour les prisonniers en garde à vue ou même les gendarmes eux-mêmes.

- Puis-je vous renseigner ? demande un gendarme en venant vers moi.

- Oui, nous cherchons le capitaine Roussillon.

- Suivez-moi.

On suit donc le gendarme blond avant d'arriver dans un grand bureau avec un autre homme, assez âgé avec des cheveux poivre et sel.

- Bonjour, dit-il de sa voix rouillée. Que puis-je pour vous ?

- Heu... en fait... je suis ici pour... pour...

Le gendarme me regarde attentivement en levant légèrement ses sourcils, intéressé par ce que je vais dire. J'ai comme l'impression qu'il est déjà au courant de toute mon histoire.

- Non, rien, je n'ai rien à dire.

- Mademoiselle, je comprends que c'est très dur à dire, à avouer mais vous ne pouvez pas garder ça pour vous. Mr Caliari m'a expliqué ce qu'il vous arrive et j'aimerais l'entendre de votre bouche.

Je n'arrive pas à croire que ce gendarme soit au courant de mon histoire personnelle. Tout ça à cause de Ludovic.

- Asseyez-vous et prenez votre temps, dit le gendarme en me désignant le fauteuil.

Je soupire profondément avant de triturer mes doigts. J'ai peur des conséquences si j'avoue tout ce que mon père nous a fait, à ma mère et moi...
Il serait capable de nous tuer avant de s'enfuir pour sauver sa peau. J'en suis sûr.

- Tout a débuté quand j'avais onze ans. Mon père a perdu son travail et sa famille. Ma mère travaille dans la mode depuis la maison, elle s'occupe de poster des nouveaux vêtements, des sacs à main et des chaussures sur son site internet. Cependant elle n'a pas le temps de nettoyer la maison alors je dois m'en charger moi-même dès que je rentre du lycée.
Mon père a commencé à battre ma mère quand elle avait envie de voyager dans le monde entier pour dénicher des vêtements locaux. Il... il n'arrêtait pas de la battre, elle pleurait, hurlait de douleur...
J'avais peur, peur de lui, de tout ce qu'il lui faisait. Jusqu'au jour où j'ai décidé de prendre mon courage à deux mains et de m'interposer entre elle et lui. Je n'avais que treize ans et j'étais morte de peur mais je sais que je faisais ça pour protéger ma maman.

Au fur et à mesure que je raconte ma terrible histoire, Ludovic me regarde attentivement signe qu'il n'était pas au courant de tout ça.

- Il n'a pas cessé de la battre et à cause de ce que j'avais fais pour ma mère, il s'en ai prit à moi. Ça fait quatre ans que ça dure... presque cinq... je n'en peux plus parce que je sais que je vais mourir avec ma mère...
Alors je vous en supplie... sauvez ma maman...

À la fin de mon récit, mes larmes coulent abondamment sur mes joues et mon cœur bat très vite. Je veux que ma mère soit saine et sauve. Peu importe si je m'en sors ou pas, je veux juste que ma maman soit en sécurité. Loin de mon père, loin de tout ce qu'il peut lui faire.

Ça c'est mon rêve le plus cher...

Forbidden LoveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant