Chapitre 22

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Trois semaines se sont écoulées depuis le procès de mon père. C'est aujourd'hui que ma mère et moi quittons définitivement Arcachon pour aller dans une autre ville, un autre département. Je suis déçue de quitter Cassidy, Gabbryel, Jérôme, Izabelle et Ludovic mais je ne peux pas rester dans la ville où ma mère et moi avons été battu pendant des années par un homme violent. Je ne peux pas, c'est au-dessus de mes forces.

— Je veux que tu sois cent pour cent sûre que tu veuilles partir, dit ma mère en arrivant dans ma chambre.

— J'en suis sûre maman. Je ne veux pas rester ici.

— Très bien, si c'est ce que tu souhaites...

Je ne dis plus rien et continue de ranger mes affaires dans ma valise. C'est le grand jour. J'ai encore pleins de choses à faire avant de m'en aller définitivement de la Gironde. Je dois parler à Cassidy, Gabbryel et Ludovic. J'avoue que je n'ai pas vraiment envie de le revoir encore une fois.

Une fois ma valise prête, je descends et mets toutes mes affaires dans la voiture de ma mère. D'ailleurs, j'ai obtenu mon permis mais avec les différents problèmes que l'on a eu, je n'ai pas eu le temps de chercher une  voiture d'occasion sur Internet ni de faire mon assurance.

— Maman, je vais juste au lycée une dernière fois pour parler à mes amis.

— Vas-y ma chérie.

Je la remercie et m'en vais directement en direction du lycée. Sur le chemin, je croise plusieurs personnes qui sourient, qui rigolent et qui parlent ensemble.
Quand j'arrive au lycée, je vois que les étudiants sont en pause. Personne ne me regarde et tant mieux. Au loin, je vois Cassidy plongée dans son téléphone. Je vais donc vers elle.

— Cassidy, salut !

— Oh, Théa. Ça va ?

— Oui...

Elle ne dit rien mais me regarde avec tristesse.

— C'est le grand départ... annonce-t-elle en baissant la tête.

— Malheureusement oui... Cassidy, je suis désolée de t'abandonner comme ça mais...

— Je comprends. Tu dois refaire ta vie avec ta mère.

— Je ne veux pas que tu penses que je fais comme Katie. On l'a perdu à cause de mon père et rien que pour ça je veux quitter la ville. Je ne veux pas te mettre en danger.

— Je sais. Je te remercie pour ton amitié Théa, dit-elle en esquissant un sourire.

— Merci à toi d'avoir été là quand tout allait mal.

Je la prends contre moi et sens mon cœur se serrer. Je ne vais plus jamais la revoir et ça me rend triste.

— Je dois encore voir Gabbryel et Ludovic. Ça ne te dérange pas si je te laisse quelques minutes ?

— Non, vas-y.

Je la remercie avant de m'en aller dans l'établissement. Ça va me manquer tous ces sourires, ces regards, ces bruits de casiers qui se ferment sans oublier l'ambiance qu'il y avait dans ce lycée.
Je sors de mes pensées quand je bouscule Gabbryel sans le vouloir.

— Salut.

— Ça va ?

— Oui.

— C'est gentil de ta part de me dire adieu.

Je hoche la tête ne sachant pas trop quoi dire. Je suis déçue de m'en aller mais je n'ai pas le choix. Du moins, c'est ce que je veux.

— Bon, alors je ne vais pas te retarder. J'ai cours d'anglais après et je dois avouer que ça va faire bizarre de ne plus te voir dans la classe.

— Je sais... je suis désolée.

— Sois heureuse Théa. C'est tout ce que je te souhaites.

Je le remercie avant de le voir s'éloigner. D'un côté, j'ai envie de rester à Arcachon parce que mes amis vont me manquer mais de l'autre, je veux quitter la ville parce que j'ai encore les horreurs que mon père nous a fait subir.

Je vais maintenant vers la salle des professeurs avant de toquer à la porte. C'est Mme Delômes qui m'ouvre, toujours avec aucun sourire. Je suis bien contente de ne pas l'avoir eu cette année.

— Qu'est-ce que vous faites là Théa ?

— Je suis venue voir Mr Caliari.

— Vous ne faites plus partie du lycée.

— Mais...

Je ne vais quand même pas quitter le lycée sans dire au revoir à mes amis non ? Merde alors !

— Laisse-là entrer, dit Mr Caliari en venant à côté de la prof de français.

Elle ne dit rien mais me laisse entrer.

— Ça va ? demande Ludovic en me regardant de ses yeux verts.

— Oui. Je suis prête à partir mais je voulais encore te dire au revoir.

— Je comprends. C'est gentil de nous avoir salué avant ton départ.

Je souris légèrement avant de m'asseoir sur le canapé avec Ludovic.

— Que vas-tu faire maintenant ? demande-t-il en esquissant un petit sourire.

— Je pense que je vais commencer à chercher du travail pour que je puisse m'occuper de ma mère. Et toi, que vas-tu faire ?

— Bah rien de spécial. Je vais continuer de travailler ici en tant que professeur de sport. Pour tout t'avouer, ça a toujours été mon rêve d'enseigner mon loisir aux autres. Donc si tu comptes revenir à Arcachon pour une quelconque raison, tu sauras où me trouver.

— Je sais et c'est gentil de savoir que ta porte sera toujours ouverte pour moi mais malheureusement je ne reviendrais pas.

Il hoche la tête et regarde rapidement son téléphone. Je suppose qu'il doit reprendre son travail parce que sa journée ne vient que de commencer.

— Je comprends, tu dois y aller, dis-je en me levant du canapé.

— Désolé mais ça va sonner et j'ai ta classe maintenant.

— Oui, je connais le planning par cœur. Si jamais Cassidy est triste...

— Ne t'inquiète pas, je serai indulgent avec elle.

— Merci, dis-je avec sincérité. Tu sais qu'elle compte pour moi.

— Je sais.

Soudain, la sonnerie retentit, signe que les cours vont reprendre. Je comprends donc que c'est l'heure pour moi de m'en aller. De quitter Arcachon et de faire ma vie ailleurs avec ma mère.

— Bon, c'est ici que nos chemins se séparent... annonce Ludovic.

— Oui...

Il ne dit rien mais me prend contre lui afin de me faire un câlin. Sans le vouloir, mes larmes coulent sur mes joues. Il va me manquer... Ils vont tous me manquer...

Je sors avec lui et rejoins mon ancienne classe avant d'enlacer une dernière fois mon amie d'enfance, Cassidy.

— Fais attention à toi.

— Toi aussi, dit-elle en esquissant un sourire triste.

Je caresse doucement sa joue mouillée avant de regarder une dernière fois mon professeur de sport. Je me retourne et je sors définitivement de l'enceinte du lycée.

Quand j'arrive à la maison, ma mère sort de la maison et me regarde.

— Tu es prête à partir ?

— Oui.

Elle monte donc dans la voiture, en face du volant, tandis que je monte à côté d'elle. Elle démarre et s'en va à toute vitesse.

C'est quand je vois le panneau d'Arcachon barré d'un trait rouge que je me rends compte que ma nouvelle vie va commencer loin de la Gironde.

Forbidden LoveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant