Ce week-end, mon père a été arrêté et emmené au commissariat pour violences conjugales et sexuelles. Je suis soulagée de le voir derrière les barreaux et avec des menottes aux poignets.
Aujourd'hui, on est lundi. Et ce lundi, j'ai deux heures de géographie avec Mme Labaude avant d'avoir une heure d'italien avec Mr Cartello et une heure de maths avec Mr Fanu. Cet après-midi, ça sera sport jusqu'à 17h. Je n'ai rien contre Mr Caliari mais depuis que je sais qu'il partage le sang de Gabbryel, mon copain, je n'arrive plus à le voir de la même façon. De plus, je ressens un certain attachement depuis qu'il m'a sauvé, qu'il s'occupe de moi et de ma mère.
— Théa ? Veux-tu bien revenir parmi nous s'il te plaît ?
Je regarde Mme Labaude et m'excuse rapidement. Je suis assez rêveuse dans l'ensemble et elle sait ce que je traverse étant donné que Mr Caliari parle souvent avec elle. Je ne suis pas énervée qu'elle soit au courant parce que j'adore cette femme. Elle explique tellement bien ses cours que l'histoire et la géographie n'ont plus aucun secret pour moi. De plus, elle est compréhensive.
— La colonisation de l'Amérique du Nord par les Européens commença dès la fin du 16ème siècle. Au cours du 17ème et 18ème siècle, elle était menée essentiellement par trois pays. L'Espagne, la France et l'Angleterre, mais également par la Hollande et la Suède. Est-ce que vous comprenez ?
Un oui général retentit dans la classe tandis que je regarde par la fenêtre, rêveuse. Parfois, j'aimerais juste partir d'Arcachon, de changer d'air. De partir loin avec Gabbryel.
— Théa, tu viens ?
Je sors de ma rêverie avant de regarder mon amie, Cassidy. J'ai décidé de tout lui pardonner parce que je l'aime et que je ne veux pas la perdre.
— Oui, désolé.
Je range rapidement mes affaires avant de sortir avec elle de la salle. J'étais tellement dans mes pensées que je n'ai pas remarqué que le cours était fini depuis dix minutes.
— Théa, attend !
Je me retourne et vois Mme Labaude derrière moi.
— Oui ?
— Je t'ai vu rêver tout à l'heure. Est-ce que ça va ?
— À vrai dire... non. Je pense énormément à ma mère et à mon père. Je vis constamment dans la peur...
— Je comprends. Si tu veux, je peux en parler à Mr Minard.
— À quoi bon ? Ça ne changera rien, dis-je en haussant les épaules.
— Ton père va payer les crimes qu'il a commis. Tout ça c'est du passé.
Comment peut-elle dire ça ? Elle n'a donc jamais vécu ce que ma mère et moi avons vécu ? Elle n'a donc aucune compassion ?
— Si vous vivez, ne serait-ce qu'une journée, ce que j'ai vécu avec ma mère, vous comprendrez ce que je ressens. Vous êtes une femme et une enseignante géniale mais c'est juste dommage que votre cœur ne l'est pas... Bonne journée Mme Labaude.
Je me retourne et m'en vais avec Cassidy.
— Comment tu l'as remballé ! C'était dément !
— Au contraire Cassy. J'aurais voulu ne pas en arriver là...
Au loin, je remarque Gabbryel avec ses amis alors je lui fais un rapide signe de la main mais il semble ne pas me remarquer. D'ailleurs, je ne connais toujours pas les sous-entendus de Georgia. Je n'ai pas peur mais je meurs d'envie de savoir. Gabbryel ne me parle pas, il a commencé à m'éviter et je ne sais pas pourquoi.
— Il est trop canon. C'est presque surhumain d'avoir une beauté comme la sienne.
— Gabbryel est comme ça que veux-tu ?
— Heu... Je ne parlais pas de Gabbryel, m'annonce Cassidy.
Je fronce les sourcils alors elle me désigne la direction qu'elle regarde. Au loin, Mr Caliari marche avec assurance vers la cour où nous sommes. Casque de moto à la main, habillé d'un jeans bleu clair, d'un t-shirt blanc, Adidas Superstar blanches aux rayures noires aux pieds, lunettes de soleil sur les yeux, il a le parfait look du bad-boy. Il passe ensuite sa main dans ses cheveux, attirant le regard des filles présentes dans la cour.
— Il s'approche de nous, dit Cassidy surexcitée.
Quand je me rends compte de ses mots, Mr Caliari est déjà proche de nous.
— Bonjour, dit-il poliment.
Cassidy, surexcitée, répond avec joie tandis que je lui répond poliment. Il a été clair sur ce sujet. En dehors du lycée, je dois le considérer comme le frère de mon copain mais au lycée, je dois faire la part des choses. C'est mon professeur de sport et je suis son élève. Point final.
Il va ensuite vers son petit frère pour lui donner quelque chose avant de s'en aller en salle des profs.
— T'as tellement de chance de le côtoyer tous les jours.
— C'est purement amical, précisais-je.
— N'empêche que tu dois fourmiller pour lui !
— Non. J'aime Gabbryel, je suis fidèle.
Cassidy hausse les épaules avant de regarder mon copain. Gabbryel est magnifique avec sa chevelure brune et ses yeux verts mais ça n'a pas l'air d'être de l'avis de Cassidy. Cependant, tant que Gabbryel me plaît alors tout va bien.
— Hé les garces !
Je râle dès que j'aperçois Georgia venir vers nous habillée d'un crop-top noir et d'un short rouge.
— Qu'est-ce que tu veux ? demandais-je d'un ton las.
— Savez-vous où je peux trouver Mr Caliari ?
— Salle des profs, lui dit Cassidy dans le même ton que le mien.
Elle nous remercie avant de s'en aller vers celle-ci.
— Tu fais quoi ce week-end ?
— Je pense passer du temps avec ma mère. Elle vit chez les Caliari depuis que Ludovic l'a sauvé.— Ludovic ? C'est qui ?
— Bah le prof de sport, dis-je en haussant les épaules. Je pensais que tu le savais.
— En plus d'être canon, il a un prénom canon. Ce mec a tout pour plaire ! Sans oublier qu'il a sauvé ta mère ! Cet homme est mon rêve absolu.
— Ne sois pas comme Georgia s'il te plaît. Ludovic est célibataire, certes, mais tu sais ce qu'il risque si l'une de ses élèves sort avec lui.
— Oui, désolé... dit-elle en baissant la tête.
En vérité, ma mère m'inquiète. Le médecin des Caliari m'a avoué que mon père n'y est pas allé de main morte avec elle et que son état peut à tout moment basculer. Le pire, c'est que je me retrouve dans le même panier...
Le médecin ne sait pas si on va survivre, ma mère et moi, aux coups de mon père.Mourir, ça me fait terriblement peur mais pour sauver ma mère, je suis prête à tout.
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Forbidden Love
Teen FictionJe ne suis qu'une simple fille de 19 ans qui étudie au lycée Bel Air à Arcachon. Je ne suis qu'une simple fille à qui la vie est dure et insupportable. Je ne suis qu'une simple fille qui se fait battre par son père, son géniteur. Je ne sais pas qu...