Chapitre 3

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Je suis parvenu à me lever ce matin. Je ne sais pas comment vu l'état physique dans lequel je me trouve. C'est comme si tout mon stresse était retombé d'un seul coup. A chaque respiration, mes poumons me brûlent, je retiens des toux excessives en présence d'autres personnes pour n'inquiéter personne. Mais je peux sentir mon crâne bouillonner.

Pour le moment, personne n'a remarqué. Je ne veux pas, sinon je risquerais de décevoir Ayato. Je le regarde d'ailleurs, jouer avec sa soeur a une partie d'échec dont elle a déjà perdu les commandes. Elle est condamnée, Ayato peut la battre à tout instant mais c'est comme s'il prenait du plaisir à voir les stratégies qu'adopte Ayaka.
Je reste assit dans mon coin, à plié le linge. Les grognements de la maîtresse étant la seule chose que j'entends en plus des pions qui bougent sur le plateau. Ce calme me permet de me détendre un peu, me donnant moins mal au crâne.
Ce n'est que quelques minutes après que j'entends la victoire sonner dans la bouche du maître.

-Échec et mate.

La maîtresse semble toute confuse. On dirait qu'Ayato en a eu marre. Il a plié le jeu si vite. Ayaka commence à grogner, remettant en cause toute sa stratégie.

-Tu as perdu des que tu as déplacé ton second chevalier.

Elle semble encore plus réfléchir. Un sourire amusé apparaît sur le visage de son grand frère. Je suis presque ébahit par tant de beauté. Je pourrais le regarder ainsi toute la journée s'il le fallait. Je ne connais pas ce sentiment étrange d'admiration mais c'est plaisant.

-Je dois retourner travailler dans mon bureau. Nous referons une partie une prochaine fois.

Sur ces mots, après avoir fini de plié le linge propre, je me lève. Un vertige plus violent que les autres me prend, me faisant tituber légèrement sur le côté. Je me rattrape discrètement grâce au mur mais malheureusement, cela ne passe pas inaperçu.

-Ça va Thomas ?

Je me retourne en rigolant nerveusement. Je ne sais pas trop quoi dire.

-Oui, j'ai perdu l'équilibre quelque instant. Je vous en faites pas. Tout va bien. Et vous ?

Il semble surprit que je lui retourne la question. Se levant de sa chaise dans un long grincement, il s'approche. Sa boisson à la main.

-Tu es bien rouge, tu es malade ?

-Non... Pas spécialement. Peut-être ai-je juste un léger rhume ?

-D'accord. Fait attention à ne pas empirer cela.

Il s'apprête à quitter la pièce, moi à sa suite, confus. Mais il s'arrête pour nous faire face à sa soeur et moi.

-D'ailleurs, je repars sûrement dans la soirée. Ne soyez pas surpris de mon absence.

Ayaka se relève rapidement mais elle n'a pas le temps de dire quoi que ce soit qu'Ayato est déjà partie. Entendre les supplications de sa soeur dans des instants pareil, je sais que c'est très dure pour lui. Je soupire doucement, tout aussi déçu qu'elle de son départ si rapide.

-Ne vous en faites pas maîtresse. Je suis sur qu'il n'en aura pas pour aussi longtemps qu'avant-hier.

-Je l'espère. Il travaille tellement...

Elle passe à côté de moi, une mine déçu sur le visage. Les deux souffrent de ces absences à répétition mais il n'y a rien a faire. C'est ainsi.
Je reprends mon rangement, allant jusqu'au chambre pour ranger les vêtements dans les placards du maître et de la maîtresse.
Après avoir fait ceci, je songe à prendre de l'avance dans le bureau d'Ayato. Il risque d'y avoir déjà un grand bazar alors bon... Puis ce sera un endroit calme par rapport à mon mal de tête, ce sera plaisant.
Je traverse les couloirs pour rejoindre le bureau d'Ayato. Je toque comme la veille attendant son autorisation pour rentrer. Il répond assez vite et je peux donc m'inviter dans la salle.

Je tire une légèrement révérence en entrant, droit face à lui.

-Je viens faire un peu de ménage.

Il acquiesce et à peine je me redresse, je me sens déjà étourdi. Heureusement, j'ai pensé à récupérer mon plumeau ce matin et a le caler dans ma ceinture. Je sors cette arme magique contre la poussière et je commence par ramasser les livres éparpillés un peu partout. Je place des marque-page dans chacun d'entre eux avant de les fermer pour ne pas perdre mon chef s'il désire retravailler dessus.
Je les mets ensuite en pile dans un coin de la pièce. Après ça, je commence à faire la poussière dans la bibliothèque grâce à mon plumeau, cela va tout seul.

Malgré tout la fatigue me rattrape plus vite que prévu. Je me sens de moins en moins bien. Je menace de tomber à plusieurs reprises.

-Tu es sûr que tout va bien ?

Je me retourne, tirant une révérence vers l'avant.

-Oui... Je suis juste maladroit aujourd'hui.

Puis je retourne à mon ménage, faisant encore plus attention à ne pas me faire remarquer. Je devrais quitter cette pièce, il va commencer à me trouver suspicieux.
Je prends un des livres de la pile, je commence à les remettre à leur place un part un. Ces gestes répétitifs sont encore plus épuisants que passer le plumeau.
Mon souffle se fait de plus en plus intense, chaud. Alors que je tends le bras pour ranger un des livres, je manque de tomber. Par reflex, je m'accroche à l'étagère et l'énorme ouvrage de plus de 500 pages menacent de me tomber dessus. Je ne peux rien faire, je suis trop lent et si je lâche l'armoire, je tombe. Mon autre bras est rempli d'autres livres. Cet énorme bouquin va m'assommer.

Mais il ne tombe pas. Je vois une main le retenir et l'enfoncer à sa place. Puis je sens un souffle dans mon cou, me faisant presque sursauter et frissonner.

-Maladroit, hein ?...

Son ton partage une note d'amusement. Je me sens bouillir de l'intérieur. Le savoir aussi proche me met dans un état étrange. Cet état aura raison de moi. Je me retourne, me retrouvant très proche de lui.

-Tu es aussi rouge qu'une tomate.

Sa main qui vient tout juste de replacer le livre se pose sur mon front. Il écarquille les yeux.

-Thomas, pourquoi n'as-tu pas prit un jour de repos ? Tu as clairement de la fièvre.

Je manque de déglutir. Un rire nerveux m'échappe.

-Ne vous en faites pas. Je vais bien. C'est juste que faire autant de ménage...

-Ne mens pas.

Son regard qui était pourtant doux se durcit. Il n'apprécie pas lorsqu'on lui ment, je le sais et pourtant je suis obligé pour ne pas l'inquiéter davantage.

-Je suis désolé. Je vous promets que ça va. Je ne veux pas vous décevoir ou quoi... J'aurais le temps de me reposer lorsque vous serez reparti.

Il sait que c'est faux. Quand il partira, je vais continuer à me plier aux volontés d'Ayaka.

-Va te reposer tout de suite.

Cet ordre résonne en moi un long moment. Il se recule en recalant sa manche. Il semble vraiment pas content. Finalement, j'ai raté, je l'ai déçu. J'en étais sûr.
Une boule au ventre apparaît, je me sens nauséeux et vagabond. Je me sens presque partir tellement la tension grandit dans mon organisme déjà frêle.

-Je suis désolé... My lord...

Je finis tout juste ma phrase, cherchant à faire un pas mais mes jambes en coton lâchent. Je perds conscience, menaçant de tomber en avant. Je peux juste retenir que quelqu'un me rattrape pour m'éviter une chute sur le sol. J'entends un grognement d'inquiétude.

-Idiot !

Et plus rien.

My Lord - [Thomas X Ayato]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant