Chapitre 10

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Lorsque j'ouvre les yeux, je retrouve ce même plafond qu'habituellement. La lumière me brûle la rétine mais je l'ignore, ne me souvenant de rien. Une panique s'installe peu à peu en même temps qu'un mal de crâne intense.

Quand je parviens à me redresser, cela ne fait qu'aggraver le tournis. Je plaque machinalement ma main contre mon front en grommelant d'inconfort.

-Quelle idée de boire aussi...

Je tourne la tête, découvrant Ayato qui me regarde d'un air déçu. Je sens mon coeur se déchirer face à ce regard. Je baisse les yeux en serrant les poings. Je me souviens de la majorité de la soirée.

-Je suis désolé... C'était idiot mais c'était le seul moyen que j'avais pour obtenir des informations.

Je l'entends bouger pour s'approcher. Apparaissent dans mon champ de vision, sa main avec au centre deux comprimés et rapidement son autre main apporte un verre d'eau.
Je m'en saisis, avalant directement les comprimés et m'aidant de l'eau pour les faire glisser jusqu'à mon estomac. Je suppose que cela estompera ma douleur au crâne.

-Ta santé reste plus importante.

-Mais je désirais sincèrement vous aidez à n'importe quel prix ! Et encore plus vous accompagnez pendant l'expédition...

J'ai dressé mon regard pour fixer le sien, lui transmette ma détermination sans faille. Il sourit bêtement, les joues légèrement cramoisie.

-Tu es irrécupérable Thomas. Mais tu es bien le seul qui a fait tant pour m'aider jusqu'à maintenant. Je m'en sens flatté, connaissant ton dégoût pour l'alcool.

Je me sens déjà mieux, comme si mon corps c'était détendu d'un coup. Je suis soulagé qu'il ne soit pas plus en colère ou encore déçu.

-Quelles sont ces informations du coup ?

-Un marchand, Gyong. Il serait sur l'île de Yashiori actuellement. Apparement il porte un haut rouge, si je me souviens bien.

Ayato lève le regard d'un air songeur. Sa main glisse sous son menton. Dans cette position, il a toujours l'air d'une personne avec une intelligence hors norme. Ce qu'il a.

-Ça colle aux informations que j'ai reçu récemment. Cette piste vaut le coup d'être fouillée.

Il se lève, resserrant son kimono autour de la taille et refermant sur son torse. Je regarde chacun de ses faits et gestes. Un peu déçu qu'il sache déjà quelques morceaux de ces informations.

-Prépare-toi, on part dans la fin de journée.

Mes yeux s'écarquillent, il vient de sous-entendre ce que je pense ?

-Je viens avec vous ?

-Bien sûr, t'es efforts n'auront pas été vain.

Il m'adresse un sourire fière avant de quitter ma chambre, me laissant figé. Je vais réellement partir avec lui ! La joie m'envahit en quelques secondes une fois que j'ai pleinement réalisé. Le mal de crâne disparaît instantanément pour laisser place à la folie.
Je dois préparer toutes mes affaires, aller prévenir Ayaka et d'autres personnels de la commission ! J'ai l'impression de voir un petit rêve ce réaliser.

***

Je suis assis devant Ayaka. Elle semble un peu triste de savoir qu'elle va rester seule pendant quelques jours mais c'est nécessaire. J'essaie de la rassurer tant bien que de mal, et j'y parviens en mentionnant Aether dans mes propos. Elle a déjà en tête de passer du temps avec lui... Si elle finit le coeur en miette je vais me sentir mal.

-Ne fait pas de bêtises avec lui Ayaka...

-Et toi n'en fais pas avec mon frère.

Un rire nerveux m'échappe alors que je peux sentir mes joues s'empourprer. Elle disait cela sur le ton de l'humour mais étrangement cette idée ne me déplaît pas. Elle se lève prête à partir, mais je dois lui demander une dernière chose sur ce même sujet. Je la retiens donc par la manche, attisant sa curiosité.

-Hum ?

-Je dois te demander... Je crois que je suis malade ?

Elle fronce les sourcils et revient s'assoir sur ces genoux, avec une élégance telle des Kamisato. Elle me regarde avec des yeux interrogateurs, sa tête se penchant sur le côté. Elle est adorable.

-Ces derniers mois, quand je suis avec une certaine personne, je me sens mal à l'aise. Je me sens chaud et mon visage me tourmente lorsque cette personne fait des remarques ambiguë ou me taquine. Sans compter que je passe mon temps à contempler chacun de ses faits et gestes comme s'ils étaient la chose la plus gracieuse. Une œuvre d'art ambulante. Sans parler de son apparence qui m'attire...

Je m'arrête en la voyant, les yeux écarquillés avec la main devant la bouche démontrant sa surprise. Un grand sourire vient s'afficher sur son visage, elle se lève pour me prendre le bras et le secouer dans tous les sens.

-Mon archon ! Thomas, tu es amoureux ! Qui l'heureuse élue ??

Amoureux ?... Une élue ? Trop de question viennent se bousculer dans ma tête. Cela ne peut pas être cela, je suis avec eux depuis des années et je n'ai jamais ressentis- Plusieurs souvenirs me reviennent d'un seul coup de marteau. En réalité j'ai toujours été attiré par Ayato mais je ne m'en suis rendu que récemment.

Je peux deviner que mes joues virent dans une couleur tomate, mon coeur prêt à exploser dans ma poitrine.

-Alors ?! Qui est-ce ? Une servante ? Une femme de la commission ?!

Je cache mon visage, mort de honte. Comment pourrais-je lui dire que ce IL est en plus son frère ? Impossible.

-Je... Je dois y aller.

Je me lève m'enfuyant rapidement pour échapper à chacune de ses questions. Celle-ci me laisse partir comme si elle se doutait que c'était quelqu'un que je ne désirais pas présenter. Elle semblait très heureuse de me faire comprendre cela mais si elle apprend que c'est Ayato, comment va-t-elle réagir ? Sûrement mal...

Je traîne dans le couloir, songeant à tout cela. J'aurais du avoir cette discussion avant la fin de l'expédition ! Je vais être tellement différent envers lui désormais, c'est une certitude.
J'essaie de me dire qu'Ayaka est une fille romantique et encore jeune, qu'elle a peut-être mal interprété mes sentiments. Mais plus j'y pense, plus cela me paraît plausible. Surtout que lors d'une de mes missions culturelles, j'ai dû lire plusieurs romances pour un concours... C'était toujours le cas. Comment je n'ai pas pu m'en rendre compte avant ?

-Tu m'as l'air bien tourmenté. Que t'arrive-t-il ?

Face à moi se trouve la sujet de mon tourment. Je baisse les yeux, anxieux.

-Rien... Nous partons quand ?

-Je venais te chercher pour partir justement.

J'hoche la tête, je me dépêche de le dépasser, courant dans le couloir.

-Retrouvons-nous dehors !

Je ne lui laisse pas le temps de me dire quoi que ce soit, quittant le couloir. Cette expédition risque d'être plus compliquée que prévu.

My Lord - [Thomas X Ayato]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant