III: Chapitre 3

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Mardi 19 septembre 2023 12:00

La lumière des néons électriques de la salle de travail me brûlent les yeux. Les médecins m'expliquent que je vais devoir rester allongée plusieurs heures, le temps de mes contractions laissent mon col de l'utérus s'ouvrir très progressivement. J'observe Charles qui boit attentivement chacune des paroles des médecins. Une fois qu'ils ont terminé de nous expliquer comment va se dérouler l'accouchement, ils nous laissent dans la petite salle. Les contractions me font horriblement mal. J'en ai des brèves à à peu près dix minutes d'intervalle. Je n'ai jamais ressenti une douleure pareille. Charles me tient la main et plonge son regard dans le mien.
-Je n'arrive pas à croire qu'on est là, dit-il.
-Moi non plus, je réponds. Je n'en reviens pas.
-Et dire qu'il y a plus d'un an tu me détestais et qu'on ne faisait que de s'engueuler, ajoute le monégasque en rigolant.
-Les choses ont bien changé.
Je sers la main de Charles dès qu'une contraction arrive. Je la sers si fort que j'ai peur de lui casser. Mais il ne bronche pas, ne grimace pas de douleur et laisse sa main dans la mienne. Il me sourit et me répète que tout ira bien et que je ne dois pas m'inquiéter. De temps en temps, il pose sa main sur mon ventre et le carresse doucement.

Mardi 19 septembre 2023 20:15

Je suis en salle de travail depuis plus de 8 heures maintenant. C'est interminable. Les contractions sont de plus en plus fréquentes et apparaissent à quelques minutes d'intervalle. C'est très intense et douloureux. Charles n'a pas bougé de sa chaise et continue de me tenir par la main. Il m'a fait la conversation pour essayer de me faire penser à autre chose. Soudain, un des médecins me demande:
-Comment vous sentez vous?
-Ca va, je réponds en souriant. Je vais bien.
-Vous vous sentez de vous mettre debout et de vous changer? ajoute-t-il.
J'acquiese de la tête et commence difficilement à me lever. Charles me saisit les mains pour m'aider. Le médecin pose une blouse d'hôpital sur le rebord du lit et sort de la pièce pour nous laisser un peu d'intimité.
-Attends je vais t'aider, dit Charles en s'approchant de moi.
Il m'aide à enlever mes vêtements ainsi que mes chaussures. Je suis complètement nue.
-C'est la première fois que je t'aide à te déshabiller pour autre chose que le sexe, me dit-il en rigolant.
J'éclate de rire avant de répondre:
-C'est dingue, même dans des moments comme ca tu ne peux jamais être sérieux.
-Jamais! répond Charles en me faisant un clin d'œil.
J'enfile la blouse et retourne m'allonger sur le lit. Ma peau frissonne lorsqu'elle rentre en contact avec le matelas froid. Nous patientons encore quelques minutes lorsqu'un groupe d'infirmières entre dans la salle.
-Bonsoir, dit l'une d'entre elle avec un grand sourire. Comment vous sentez vous madame Rousseau?
-Bien, je réponds en rigolant. Mais je vous avoue que c'est très douloureux.
-Je comprends. Je vais regarder où en est la dilatation. Vous permettez? me demande-t-elle.
J'acquiese et plie mes jambes avant de les entrouvrir. Elle m'osculte et dit quelque chose à voix basse à une infirmière à côté d'elle.
-Vous dites quoi? demande Charles inquièt.
-On était en train de dire que la dilatation est presque finie. Elle se tourne vers moi. Vous n'allez pas tarder à accoucher. On va vous emmenez en salle physiologique. Vous souhaitez une péridurale?
-Oui, je réponds.
Elle me sourit et débloque les roues du lit. Charles se lève et suit le groupe de femmes. Nous traversons le long couloir et plus nous avançons, plus les contractions sont rapides et douloureuses. Nous entrons dans une salle et elle positionne le lit au centre. L'une d'entre elle demande à Charles de se changer et lui tend une blouse ainsi qu'un masque chirurgicale et une charlotte. Il se change et revient se poser à côté de moi. Il prend ma main et me dit:
-Je t'aime.
-Je t'aime aussi Charles.
Un des médecins présent dans la salle s'avance vers moi et demmme demande:
-Vous aviez voulu savoir le sexe de l'enfant?
-Non, répond Charles.
Le médecin remet son masque et fait signe à un de ses collègues de lui donner l'aiguille pour la péridurale. J'ai horreur des aiguilles. Charles le sait. Si bien qu'il sert encore plus fort ma main avant de me demander de le regarder pour que je détourne mon regard de la seringue. Je plisse des yeux et grimace lorsque je sens l'aiguille pénétrée ma chaire.
L'accouchement débute.

Mardi 19 septembre 23:45

Tout le monde s'affaire autour du lit d'accouchement. Je pousse très fort. Charles continue de me regarder et me serre la main. Mes cheveux sont trempés à cause de ma transpiration.
-Poussez encore un peu madame! m'indique un des médecins.
Je prends le maximum de force qu'il me reste, bloque ma respiration et pousse. Je reproduis ce geste encore et encore.
-Il arrive! s'exclame un des sages-hommes. Je vois la tête! Poussez madame.
Je continue et sens un énorme poids s'enlever de moi. A ce moment, j'entends un petit cri grincent. Je fixe Charles et je vois qu'il commence à pleurer. Je tourne la tête et observe l'une des sages-femmes prendrent une petite couverture pour enrouler le bébé. J'aperçois juste un bout de sa main. Sans m'en rendre compte, je fonds en larme. Ça y est. Il est là. Charles se penche et embrasse ma tempe en me caressant les cheveux. Je ne peux m'empêcher de pleurer. La sage-femme s'approche vers moi avec ce petit être tout fragile entre ses mains. Elle me le tend délicatement et je le saisis. J'ai peur. J'ai peur de le casser rien qu'en le touchant. Je le pose contre moi et baisse les yeux pour le regarder.
-C'est un garçon, me dit le médecin. Félicitations.
Je pleure à chaud de larmes. Il est magnifique. Ses traits du visage sont fins et délicats. Il a le même nez et la même bouche que le monégasque. La même forme du visage. Mais parmis tout ses traits, je remarque que ces yeux... sont les miens. Je rigole en m'apercevant que le bébé a une touffe de cheveux incroyable. Il en a pleins. Charles se penche et l'observe avant de m'embrasser.
-Pouvez vous nous indiquer le prénom? me demande la sage-femme qui tient dans sa main un bracelet de naissance.
-Jules, je réponds.

POURQUOI PAS MOI?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant