De l'ombre à la lumière

Chapitre 1 : Hélio

Cette journée avait vraiment été horrible. Pourtant, elle avait pourtant si bien commencé pour Hélio, mais aujourd'hui était encore un jour où il ne se pensait pas à la hauteur de sa réputation.

Ses pas résonnèrent lourdement dans les couloirs du château, faisant tourner la tête de plusieurs chasseurs qui le regardaient passer sans jamais oser l'interrompre ou bien lui demander ce qui pouvait bien lui arriver. Il n'était pas du genre bavard de toute façon alors c'était tant mieux.

Il parcourut le chemin qu'il connaissait si bien, traversant les couloirs et descendant les escaliers avant d'arriver devant la lourde porte noire qu'il ouvrit à la volée en grognant.

C'était une pièce mal éclairée et humide, mais c'était l'endroit préféré d'Hélio. Rien qu'en entrant et en sentant les odeurs familières de charbon et de café moulu, il sentit la tension dans ses épaules se relâcher légèrement.

Il passa les piles de livres au sol, traversa entre les étagères jonchées de vieux ouvrages et trouva enfin la personne qu'il cherchait, assis sur la vieille table haute métallique, le nez dans un bouquin.

— Je l'avais presque ! s'écria-t-il pour s'annoncer.

Une tête familière leva les yeux de son livre pour regarder Hélio. Il vit le petit sourire en coin sur le visage de son ami alors que ce dernier enlevait ses lunettes rondes et fermait son grimoire, signalant clairement qu'il était prêt à écouter ses plaintes.

— S'il y a bien un mot à retenir dans cette phrase, c'est le "presque". Moi, j'appelle ça du progrès, compte tenu de la dernière fois.

Hélio se demandait encore pourquoi il avait choisi cet homme comme meilleur ami.

Morgan, appartenant aux sorciers des Ténèbres, l'écouta patiemment. Ils ne s'étaient pas rencontrés dans des conditions des plus agréables, mais avaient su vite s'entendre. Depuis, ils étaient devenus inséparables, malgré leurs rangs différents ainsi que les regards des gens sur Morgan.

— Je te déteste ! souffla Hélio avant de venir s'asseoir en face de son acolyte.

La réplique fit rire le sorcier. Il avait bien sûr l'habitude d'une telle répartie venant d'Hélio qui était beaucoup plus doué au combat physique qu'à la joute verbale.

— Non, tu m'aimes et tu le sais. Allez, vas-y, raconte, fit Morgan plus sérieusement.

Le chasseur hésita, l'espace d'un instant. Morgan et lui n'avaient aucun secret l'un pour l'autre, mais il le connaissait assez bien pour savoir que le sorcier allait finir par se moquer de lui.

— Tu es encore tombé, c'est ça ? grimaça Morgan en voyant son air boudeur.

— Ce n'est arrivé qu'une seule fois ! s'offusqua Hélio qui commençait à bouder pour de vrai.

La vieille chaise sur laquelle il s'était assis grinça d'un coup, se moquant de lui aussi et le faisant grogner, ni Morgan ou son mobilier ne semblait être de son côté aujourd'hui.

— Allez, mon pauvre petit ami, raconte-moi tes malheurs, l'invita Morgan plus doucement.

Ce surnom le détendit un peu. C'était dans leurs habitudes de se donner ce type de surnom l'un envers l'autre. Néanmoins, le "petit" Hélio était loin de l'être du haut de son mètre soixante-dix-sept, mais comparé à Morgan le géant frôlant les deux mètres il semblait minuscule.

— Il s'est échappé... grommela Hélio dans sa barbe.

Morgan ne put s'empêcher de pouffer de rire devant sa mine. Hélio attendit la remarque, les bras croisés contre sa poitrine et le regard fuyant.