☺️☺️ Chapitre 21😇😇

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Driss écarta doucement le bras de sa compagne posé sur lui. Il consulta son réveil qui affichait midi. Il se leva et passa sa robe de chambre en cachemire. Il se dirigea ensuite vers le balcon de sa chambre.
Paris, le dimanche matin, était très calme et il aimait bien profiter de la vue en ce moment-là. Il entendait les oiseaux gazouiller sur le toit de l'immeuble. Il appréciait la chance qu'il avait eu de dénicher ce spacieux appartement situé au dernier étage d'un immeuble bourgeois.
Deux bras encerclèrent sa taille. Le parfum capitaux de Nathalie envahit alors l'espace :
- Alors, on profite du calme, maître ? observa-t-elle d'une voix sensuelle, tout en l'embrassant au creux de l'oreille.
Il avait passé la nuit dans les bras de la belle blonde. Mais il ne comprenait pas d'où lui venait cette sensation de vide, d'insatisfaction qui l'habitait en permanence. Tout homme aurait été heureux d'avoir pour compagne cette superbe et délicieuse jeune femme, mais pas lui : il aspirait à autre chose.
Les aventures sont lendemain ne le comblaient plus, même si l'expérience matrimoniale qu'il avait déjà vécue n'avait pas été de plus heureuse.
Il se dégagea de son étreinte :
- Je vais préparer le petit-déjeuner. Tu le prends comme d'habitude ?
- Oui, confirma Nathalie.
- Très bien, alors.
Il se dirigea vers la cuisine, la jeune femme sur ses talons.
Il était en train de griller des toasts quand Nathalie lança une idée de programme :
- Que dirais-tu si on allait déjeuner dans ce sympathique bateau restaurant de la Seine ? On pourra après faire un tour à Boulogne ou bien...
Sa voix devint rauque :
Revenir ici faire une petite sieste bien tranquille ?
- Je suis désolé, mais ce n'est pas possible. J'ai prévu d'aller manger dans un restaurant tenue par des compatriotes à Château Rouge ; j'ai envie d'un bon thiéboudiène. C'est le plat national de chez moi. Je dois ensuite rentrer pour terminer un dossier.
- Je peux venir avec toi, si tu veux, suggéra Nathalie. Depuis le temps que tu nous parles de ce fameux plat !...  A propos, Driss, pourquoi tu dis à chaque fois que le Sénégal est ton pays alors que tu es libanais?
Driss soupira, Nathalie n'était pas la première personne à lui poser cette question. On l'interpellait régulièrement sur sa « sénégalité».
- Il ne suffit pas d'être originaire d'un pays pour le considérer comme le sien. Beaucoup de facteurs entrent en compte quand on revendique son appartenance à une patrie ; en premier lieu, l'amour que l'on éprouve pour elle ;  vient ensuite le désir d'y vivre et de partager son destin. D'accord je suis d'origine libanaise, mais je considère que le Sénégal est mon pays car j'y suis né, j'y ai grandi, de même que mes parents et mes grands-parents. Et par-dessus tout, je me sens chez moi dans ce beau pays d'Afrique. Tu comprends maintenant ?
- Oui, et j'aimerais bien t'y accompagner lors de ton prochain séjour.
- Tu peux venir avec moi au restaurant mais je ne dois rentrer travailler juste après, d'accord ?
- Est-ce une manière de me dire de rentrer chez moi ? conclut-elle froissée. Je te dérange, peut-être ?
Il en avait assez de ménager la susceptibilité et la possessivité de Nathalie, d'autant plus qu'il avait été honnête avec elle dès le départ. Leur accord était le suivant : pas de promesse, juste une liaison que l'un ou l'autre pouvait interrompre à sa guise. Il n'avait aucune envie de s'engager avec elle ni avec une autre de ses femmes sophistiquées qu'il fréquentait.
Il désirait une campagne qui puisse être en parfaite symbiose avec lui , une femme qui serait son amie , sa confidente , son amante et la mère de ses futurs enfants.

                         ****

Minetou  reprit la route juste après le déjeuner. Elle avait réussi à convaincre Ali de l'intérêt de rentrer tôt , et ce dernier avait fait preuve d'une rare compréhension.
Assis à côté d'elle , sur le siège passager il écoutait de la musique avec son MP3 , tandis que Donia , installée derrière lisait le dernier roman de la collection Signare.
Elle éprouvait toujours un grand plaisir de revoir sa famille , mais elle aimait aussi retrouver ses habitudes, dans sa propre maison.
Ses parents lui avaient parlé de la visite que leur avait rendu Baïdy lors de son dernier séjour à Dakar. Il leur  avait réitéré sa volonté de l'épouser.
- Je lui ai fait comprendre que cette décision relève de ta volonté exclusive. Notre rôle en tant que parents se cantonne juste à te soutenir dans ton choix, lui avait rapporté son père.
- Tout à fait , papa , avait-elle répondu , rassurée.
Elle était irritée par une telle audace : se rendre chez ses parents sans lui demander son avis ! Il allait l'entendre , elle comptait bien lui dire le fond de sa pensée ?

                         ****

Minetou trouva ses enfants étrangement silencieux ce lundi matin.j
- Je peux savoir ce qui se passe? leur demanda-t-elle , une note d'anxiété dans la voix.
- Rien, maman !... C'est juste qu'on a interro de maths tout à l'heure, répondit Donia faussement.
- Je vois ! J'espère que vous avez bien révisé?
- On a essayé rétorqua Ali.
- Bon, je vous attends dans la voiture , dépêchez-vous alors , sinon vous risquez d'arriver en retard.
Elle leur jetais des regards de  biais tout en conduisant. Elle n'était pas convaincue par leurs explications. C'était la première fois qu'elle les voyait dans cet état : anxieux , crispés , on aurait dit que quelque chose est perturbait. Elle se promit d'être plus attentive et plus disponible pour eux. Elle devait se rendre à Dagana pour trois jours , pour une mission de supervision mais elle se promit d'avoir une discussion avec eux à son retour. Elle les déposa devant leur école et continua à son bureau.

                          ****

Ils profitèrent de la pause de dix heures pour quitter l'école.
Sur le chemin de la maison, Donia acheta une carte de recharge téléphonique de 5 cinq mille francs.
Leur rue était désert à cette heure de la journée .
Donia ouvrit la porte avec sa propre clé.
Ils s'installèrent au salon et Donia sortit son portable et la feuille qu'elle avait soigneusement gardée. Elle les tendit à Ali :
- Tiens, lui dit-elle.
Il secoua la tête :
- Non , à toi l'honneur, sœurette. Donia serra l'appareil au creux de sa main. Ils s'observèrent pendant un moment, conscient qu'ils jouaient une partie importante de leur vie. Ali lui adressa un clin d'œil encourageant. Émue , elle lui sourit timidement.
Elle déplia lentement la feuille et commença à composer le numéro. Il ne lui restait que deux chiffres pour compléter , quand elle s'arrêta tout d'un coup , prise d'une appréhension soudaine.
- Mais qu'est-ce que tu attends, pour terminer ? la pressa Ali.
- Je ne sais pas.... J'ai peur , Ali , balbutia a-t-elle.
Je ne suis plus sûre que ce soit une bonne idée d'essayer de le contacter ; et si ce n'était pas lui , et si on s'était trompé ? s'interroge a-t-elle , gagnée par le doute.
- C'est lui , je te dis , confirma Ali pour lui donner du courage. Une larme perla sur sa joue :
- J'ai peur, Ali...
Il lui pressa affectueusement la main :
- Allez , courage !
Elle hocha la tête et recommença l'opération. Un bruit sonore retentit pendant quelques instants avant que la tonalité ne se déclenche. Donia senti la tension la gagner peu à peu. Elle faillit lâcher l'appareil. Le téléphone sonnait.
On décrocha au bout de quelques secondes
- Cabinet CDB , bonjour ! fit une voix féminine à l'accent parisien. - Oui , bonjour , je souhaiterais parler à Me Driss Bechara , s'il vous plaît , dit-elle d'une voix timide.
- De la part de qui s'il vous plaît ? interrogea la voix.
Là , elle hésita. Sous quel titre allait-elle se présenter , sa fille , une vieille connaissance du Sénégal ?
- Oui , allô insista son  interlocutrice.
- De la part de Donia et Ali Lèye depuis le Sénégal ,  annonça a-t-elle finalement.
- Ne quittez pas , s'entendit-elle répondre.
Un son qui ressemblait à de la musique classique remplaça la  sonnerie.
L'attente durait. Elle ne quittait pas son frère des yeux. Il était aussi nerveux qu'elle... Le  bouton du poste de Driss clignota.
- Oui , Sandrine ?
- Un appel du Sénégal pour vous , maître.
Donia et Ali Lèye, lui annonça-t-elle  d'un trait.
Surpris , il haussa les sourcils. Donia et Ali Lèye... il n'arrivait pas à coller des visages à ces noms mais ils lui étaient familier , comme des éléments faisant partie des brumes de son passé. Donia et Ali étaient les noms de ses défunts grands-parents maternels qu'il vénérait , et Lèye... oui ce nom était associé à... Minetou. Bon sang !
Qu'est-ce que tout cela signifiait ?
Si c'était une plaisanterie de mauvais goût , l'auteur allait voir qu'on ne se moquait pas de lui impunément.
Décidé à en avoir le cœur net , il donna le feu vert à son assistante :
- Je le prends , merci.
Sans plus attendre , elle lui balança la communication.

Chronique de Minetou Lèye :Reflets du PasséOù les histoires vivent. Découvrez maintenant