😊😊Chapitre 02😇😇

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Minetou se demandait par où elle allait commencer pour présenter sa requête. Assise dans la voiture sur le siège arrière, à côté de son père, elle réfléchissait au problème. Elle voulait se jeter à l'eau avant qu'ils n'arrivent à la maison, nonobstant la présence de leur chauffeur.
Son père était penché sur ses satanés dossiers.
Minetou avait toujours pensé que le métier de son père Séga Lèye, qui était un magistrat émérite, correspondait au caractère de celle-ci. Homme droit et intègre, il avait élevé ses enfants dans le respect de leur prochain et de la morale sociale.
Elle décida de plonger finalement :
_ Papa?
Il releva la tête :
_ Oui?
Elle serra les poings comme pour se donner du courage :
_ Il y a ma copine Rachel qui fête son anniversaire samedi prochain, et je souhaiterais y assister.
_ Fêter un anniversaire en pleine année scolaire? Je me demande comment ses parents ont pu cautionner cela, fit Séga Lèye.
_ Mais papa, on n'a pas de devoir cette semaine, se défendit-t-elle.
_ N'empêche que vous avez toujours matière à étudier; jr t'ai conseillé d'améliorer ta moyenne pour que tes professeurs puissent proposer ta candidature au Concours Général.
_ Mais papa...se défendit-t-elle.
_ Il n'y pas de 《mais》qui tienne! Tu n'iras pas à cette fête, un point c'est tout, trancha-t-il.
D'ailleurs, je vais augmenter les horaires de tes cours particuliers, décida-t-il.
Sans plus se soucier des états d'âme de sa fille, il se concentra de nouveau sur ses dossiers.
Reconnaissant là l'intransigeance de son père, Minetou préféra ne pas insister.Mieux valait qu'elle demande à sa mère et à sa grand-mère paternelle de plaider sa cause, elles étaient les seules à pouvoir le faire plier.

****
_ Alors je compte sur vous pour venir à la fête de ma petite sœur, dit Zohra à ses amis sur le chemin de la bibliothèque de l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar.
_ Puisque tu insistes tant...capitula Kader Ndiaye, son camarade et ami de la faculté de médecine de Dakar.
Zohra se tourna alors vers son voisin de gauche :
_ Et toi Driss, je peux compter sur toi?
Le dénommé Driss, d'origine libanaise comme elle, était lui un étudiant en droit. Il était inscrit en quatrième année de droit des affaires. Beau ténébreux au physique de jeune premier, il avait énormément de succès auprès des filles. Elle-même avait le béguin pour lui.Comme il venait de rompre avec sa petite amie, elle comptait justement sur cette soirée pour tenter sa chance. Par conséquent, elle tenait plus à sa présence qu'à celle des autres, même si elle souhaitait les voir tous chez elle ce jour-là.
_ Je ne sais pas encore. Tu sais que je n'ai pas suffisamment avancé dans mes recherches pour mon mémoire, fit-il. Mais je vais voir...
_ Au faite, elle est au collège non, ta sœur? Demanda leur copine Nabou Diagne, étudiante en médecine elle aussi.
_ Oui, elle est en classe de première.
_ Une soirée de collégiennes, en fait! Il ne manquait plus que ça! Conclut avec une certaine dose d'humour Saïd, un marocain, étudiant en pharmacie.
_ Eh oui, rien de tel pour égayer une fin de journée, grimaça Driss.
Ce commentaire déclencha l'hilarité général. Driss, malgré sa réserve habituelle, savait dérider l'atmosphère quand il le désirait. Surnommé《 le bourgeois》par les autres membres de sa bande d'amis, désignation qu'il abhorrait d'ailleurs, il était issu d'une famille libanaise très aisée. Son père, Fouad Bechara était capitaine d'industrie et comptait parmi les hommes les plus riches du pays. On s'étonnait même qu'il ne soit pas parti continuer ses études dans une prestigieuse université occidentale, il leur avait expliqué qu'il avait choisi de faire ses études en droit à l'Université de Dakar car il voulait intégrer le burreau de Dakar plus tard et qu'il lui fallait pour cela maîtriser la législation sénégalaise :
_ Et puis, je ne me vois pas vivre en Occident, même pour des raisons d'études, je me plais trop dans mon pays, conclut-t-il.
Ce patrimoine était rare chez les jeunes de sa génération qui aspiraient en majorité à quitter leur pays.
Eux-mêmes, ses amis, auraient sauté sur l'occasion de partir, s'ils avaient eu sa chance. Il leur avait avoué les difficultés auxquelles il avait été confronté pour convaincre srs parents de le laisser aller à la fac de droit de Dakar.
A l'Université, on le comptait parmi les rares étudiants qui possédaient leur propre véhicule. Driss conduisait un cabriolet Peugeot 306 , le dernier modèle de la série :
_ Tu me dépose, Driss? lui demanda Nabou.
_ Bien sûr! Venez tous!
Ils se dirigèrent alors vers le parking de la fac de droit.

Chronique de Minetou Lèye :Reflets du PasséOù les histoires vivent. Découvrez maintenant