☺️☺️ Chapitre 24😇😇

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Et voilà la suite, désolée du retard, vraiment mais vraiment désolée.🙏🏽🙏🏽🙏🏽




Et soudain, il les vit. Il ne put retenir son cri de surprise, pas de doute, c'étaient bien les siens ! Ses enfants !
La fille était la copie conforme de sa mère, Nadia Bechara, et le garçon, c'était exactement lui, adolescent.
Sans plus attendre, il sortit de sa voiture et marcha vers eux...

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C'est Donia qui le vit la première, juste au moment où elle scrutait le bout de la rue. Elle écarquilla les yeux :
- Il est là, Ali !
Ce dernier se retourna à son tour :
- Nom de Dieu ! s'exclama-t-il.
Ils étaient face à face maintenant. Une émotion intense se lisait dans le regard de Driss. Donia déglutit péniblement, tandis qu'Ali avait les mâchoires contractées, trahissant ainsi sa nervosité.
Un concert de voix se fit bientôt entendre, les élèves sortaient en masse. Driss analysa rapidement la situation et les rejoignit :
- Venez, ne restons pas ici, leur ordonna-t-il en les prenant chacun par le bras. Il les entraîna aussitôt vers le 4x4. Il leur ouvrit la porte passagère arrière :
- Montez, leur dit-il simplement.
Ils s'exécutèrent. Donia préféra s'installer sur le siège avant pendant qu'Ali prenait place à l'arrière.
Driss démarra aussitôt.
Un silence pesant régnait dans la voiture. Aucun d'eux ne parla.
Driss quitta l'environnement de l'établissement.
- Indiquez-moi un endroit où on pourra discuter tranquillement...leur demanda-t-il.
Ils avaient pensé l'emmener à la maison en l'absence de leur mère mais leur bonne Ndack était rentrée le matin et s'y trouvait sûrement encore.
Elle ne manquerait donc pas de tout raconter à leur mère à son retour. Pour ne pas prendre de risque, ils avaient alors décidé d'emmener leur papa à la pâtisserie Aux Délices du Fleuve, non loin de leur école.
- Il y a un salon de thé dans les parages, répondit Donia, qui lui indiqua la direction à prendre.

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Ils s'installèrent à une table assez isolée. Un serveur leur apporta les cartes :
- Choisissez ce que vous voulez, les autorisa-t-il, je me contenterai juste d'un café.
Il les observa pendant qu'ils étudiaient les cartes. Son cœur se serra douloureusement. Ses enfants avaient eu besoin de lui et il n'avait pas été là pour eux...
Le garçon prit leurs commandes avant de s'éclipser.
Ils s'observèrent pendant un instant. Il y avait tant de douleur, tant de souffrance dans le regard de ses enfants qu'il en frémit. Ils demeurèrent muets.
En fait aucun d'eux ne savait par où commencer.
Ce fut lui qui prit finalement l'initiative :
- Pas de doute, vous êtes bien mes enfants ! constata-t-il d'une voix étreinte par l'émotion.
- Cela ne t'a pas empêché de faire ce que tu as voulu : ne pas nous reconnaître ! riposta violement Donia. Tu n'a pas voulu de nous dans ta vie trop policée et très remplie, maître Bechara.
- Tu te trompes, ma fille, je t'ai déjà dit que je ne savais pas que votre maman était enceinte de moi.
Il les regarda à tour de rôle.
- Je vais vous expliquer ce qui s'est passé exactement.
Il commença son récit. Il leur raconta tout, sans rien omettre :
-Mes parents m'ont obligé à embarquer dans l'avion tout en me cachant que Minetou attendait un enfant de moi, termina-t-il.
- C'est bien beau tout ça, mais ne crois-tu pas qu'il est trop facile de tout mettre sur le dos de tes parents ? As-tu seulement essayé de prendre contact avec maman, une fois arrivé en France ? répliqua Donia.
- J'ai essayé, j'ai appelé chez elle à plusieurs reprises mais on ne voulait pas me l'a passer, jusqu'à ce que sa mère m'interdise de rappeler chez elle. Le portable n'existait pas à l'époque, il n'y avait que le fixe pour se joindre.
Donia se tut. Elle analysa ce que venait de leur révéler leur père.
- Je vous crois, moi, lui dit spontanément Ali, qui se tourna ensuite vers sa sœur : Il ne nous ment pas, Donia... Souviens toi, à aucun moment maman ne nous a parlé d'un contact direct qu'ils ont eu après la découverte de sa grossesse. Et puis, rappelle-toi la réaction de madame Bechara quand nous sommes allés chez eux, ce week-end.
Driss sursauta :
- Comment ? Vous êtes allés voir mes parents à Dakar ?
- Oui, et votre maman n'a pas voulu nous recevoir quand on s'est annoncés confirma Ali.
Elle nous a fait renvoyer comme des malpropres...
Une lueur électrique traversa son regard. Les mâchoires contractées, il Jura intérieurement. Ses parents allaient l'entendre !
- Oui, mais ça n'explique pas qu'il l'ait abandonnée, répliqua Donia têtue. Les larmes commençaient à perler sur ses joues. Si réellement tu l'aimais comme tu l'affirme, tu aurais essayé de la retrouver. Mais non ! Me Bechara s'est bâti une vie de rêve, jalonnée de succès en oubliant jusqu'à l'existence d'une fille dénommée Minetou Lèye...
Driss posa tendrement sa main sur celle de sa fille qui la repoussa brutalement :
- N'essaie pas de m'amadouer car ça ne passera pas avec moi. Je ne suis pas aussi crédule qu'Ali qui accorde toujours le bénéfice du doute aux gens.
Si réellement tu tenais à elle, tu aurais remué ciel et terre pour la retrouver, d'autant plus que maman était resté au Sénégal. Elle à passé son bac l'année après notre naissance avant de venir faire des études en sociologie ici, à l'université de Saint-Louis.
- J'ai contacté sa copine Rachel mais, elle non plus, elle n'avait pas de nouvelles. Elle m'a juste dit que le père de Minetou avait annulé son inscription et qu'elle avait changé d'école. Elle n'arrivait même plus à l'avoir au téléphone.
Là, il venait de marquer un point. Ils se rappelèrent que leur mère avait parlé de son isolement délibéré durant sa grossesse et même après. Mais Donia n'arrivait pas à pardonner facilement à leur père :
- On a trop souffert, ce n'est pas facile pour des enfants de ne pas avoir de père comme les autres camarades, qui ne se sont pas gênés de de moquer de nous, d'essayer de nous humilier à la moindre occasion. Heureusement qu'on ne s'est pas laissés faire ! Maman et sa famille ont vainement essayé de pallier cette absence paternelle.
Ému par la détresse de sa fille, Driss sentit ses yeux s'embuer. Ses parents avaient fait tellement de mal qu'il se demandait s'il pourrait leur pardonner un jour.
- Ma chérie... Ma petite fille... Ma puce... Je suis là maintenant et je vous promets que désormais les choses vont changer. Je vais vous reconnaître et vous donner mon nom. Votre maman a tenu malgré tout à vous donner les noms de mes défunts grands-parents que j'adorais.
Donia hésita. Elle sentait la sincérité et la bonne fois de leur père... Et puis, il avait l'air si gentil et si sympathique ! Ne devrait-elle pas lui accorder une chance ?.
Elle regarda Ali qui hocha la tête. C'était un des signes du code qu'ils avaient établi quand ils voulaient communiquer entre eux en public.
- D'accord, on va essayer, capitula-t-elle.
Driss lui adressa un sourire ému et serra sa main et celle de d'Ali.
- Vous permettez que je vous embrasse ? leur demanda-t-il.
Donia acquiesça en souriant. Il se pencha alors vers elle d'abord et lui donna une bise sur la joue, avant d'en faire de même avec Ali. Il leur fit un clin d'œil complice :
- Vous savez que vous me ressemblez beaucoup ?
- Oui, d'ailleurs c'est ce que j'ai dit à ce nigaud d'Ali quand on a vu le magazine où il y avait ta photo.
- Arrête de taquiner ton frère ! lui dit-il en riant.
Oui, sa fille avait le caractère trempé de sa mère, Nadia, tandis qu'il retrouvait son père Fouad et lui-même en son fils.
Ils éclatèrent de rire. C'était si bon de se retrouver ! Il pouvait maintenant dire que sa vie avait un sens : il avait de merveilleux enfants à chérir et comptait aussi reconquérir Minetou et pourquoi pas - l'épouser. Les enfants lui avaient donné la raison de son absence ; il ne rentrerait pas dans l'avoir revue.
Le serveur revint à ce moment-là avec leurs commandes. Les enfants s'attaquèrent à leurs gâteaux, tandis qu'il buvait son café :
- A propos, comment m'avez-vous retrouvé?
C'est Ali qui lui fit le récit, depuis leur discussion avec leur mère, qui avait refusé de leur donner son nom de famille mais avait prononcé par inadvertance son prénom, jusqu'à la découverte de ce magazine qui était tombé entre leurs mains par accident chez eux. Il parla ensuite des différentes étapes de sa vie. Eux rappelèrent leur visite infructueuse chez les Bechara, leurs recherches sur le Net qui avaient été payantes finalement.
- Et on a fait toutes ces démarches à l'insu de maman, ajouta Donia.
Il admira la pugnacité et le courage des ses enfants qui, malgré leur jeune âge, faisaient preuve d'une maturité incroyable. Minetou avait réussi leur éducation ! conclut-il.
Il leur posa un flot de questions. Il voulait tout savoir sur eux, la date et le lieu de leur naissance, leur enfance, leur vie à Saint-Louis et ce qui avait amené Minetou à y vivre.
A leur tour, les enfants l'interrogèrent sur sa vie en France, son métier. Il répondit sans réserve à leurs questions.
Tout heureux de leurs retrouvailles, ils ne se rendirent pas compte que le crépuscule s'était installé.
C'est la sonnerie du portable de Donia qui les ramena à la réalité.
Elle prit l'appareil et lut le numéro appelant :
- C'est maman, leur annonça-t-elle, avant de décrocher.
- Allô maman, oui, nous sommes encore à l'école, on a un devoir demain et on révise avec nos camarades, prétexta-t-elle.
- Tu es une menteuse née Donia, le taquina Ali.
- Circonstances obligent, frérot. A propos, papa... Driss sursauta à ce mot, c'était doux de s'entendre appeler ainsi, papa...
- Hé, papa! je te parle, la rappela-t-elle au vu de son air rêveur. Il se fait tard : j'espère que tu ne reprends pas la route ce soir ? s'inquièta-t-elle.
- Non, je vais réserver une chambre à l'hôtel.
Heureusement que j'ai pris mes dispositions, j'ai mes affaires dans la voiture.
- On aurait bien aimé t'héberger à la maison, nous avons une chambre d'amis, mais... hésita Ali.
- Il n y a pas de « mais » qui tienne, le coupa Donia. On ne va pas te laisser aller à l'hôtel, tu passes la nuit à la maison. Je me charge de faire taire Ndack, c'est tout.
Driss sourit. Sa fille était bien partie pour être une meneuse, et cela ne lui déplaisait pas.
- Bon, d'accord ! Allons-y alors ?
- Ok, allons-y !
Ils se levèrent et quittèrent le salon de thé.

Chronique de Minetou Lèye :Reflets du PasséOù les histoires vivent. Découvrez maintenant