😊😊Chapitre 17😇😇

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-On doit aller à Dakar impérativement pour voir les parents de notre père, asséna Donia.
Confortablement installée sur le lit de son frère, le magazine posé sur ses genoux, elle élaborait une stratégie.
- Mais maman a dit qu'il n'avaient pas voulu que leur fils nous reconnaissent. Dans ces conditions, je ne vois pas ce qu'ils pourraient nous apporter, conclut Ali, assis à côté de sa sœur.
- S'ils nous voient, ils sauront que nous sommes leurs petits-enfants. Ils ne m'intéressent personnellement pas mais ils sont les seuls à pouvoir nous mener auprès de notre père.
- Mais on n'a pas leur adresse, Donia.
- On va mettre à contribution les services de renseignements téléphoniques, proposa Donia, qui n'était jamais à court d'arguments.
Ali resta dubitatif :
- Je doute fort qu'ils soient dans l'annuaire. En général, les gens riches et importants comme eux, sont sur liste rouge.
- On essaie quand même. Passe-moi ton portable !
- Mais pourquoi tu n'appelles pas à partir du fixe ? C'est moins cher...
- N'oublie pas que nous avons des appareils qui affichent les numéros appelants et appelés, je ne veux pas que maman se doute de quoi que ce soit.
- A propos, elle est dans sa chambre , non ?
Donia grimaça :
- Non, elle est au salon... avec ce bellâtre de Baïdy. Il m'énerve tellement celui-là ! Je n'ai aucune envie de l'avoir comme beau-père.
- Je le trouve sympa, moi, répliqua Ali.
Donia haussa les épaules.
Baïdy Youm était le soupirant attitré de leur mère. Inspecteur des impôts et domaines en service à Saint-Louis, il avait connu la jeune femme par le biais de sa tante et homonyme, Minetou, qu'il avait remplacée après son affectation à Dakar. Il était aussitôt tombé sous le charme de cette belle jeune femme, mère célibataire de deux enfants. Il souhaitait l'épouser mais Minetou ne montrait aucun empressement pour ce projet matrimonial. Elle lui avait demandé de lui laisser un peu de temps. Un autre, à sa place, se serait découragé, mais il était trop épris d'elle et voulait faire sa vie avec elle.
Donia composa prestement le numéro :
- Allô ? Oui bonsoir, je souhaiterais avoir le numéro de Monsieur et Madame Fouad Bechara, s'il vous plaît.
L'opérateur au bout du fil lui demanda de patienter.
- Ils sont sur liste rouge, madame, annonça-t-il.
- Ah bon ! Je peux avoir au moins leur adresse ? demanda l'intrépide jeune fille que les difficultés n'arrêtaient pas quand elle voulait quelque chose.
On la lui communiqua. Elle griffonna fébrilement quelques mots sur sa feuille qu'elle tenait à portée de main.
- Ça y est ! J'ai leur adresse.
Elle montra à son frère.
- Mais comment on va faire pour y aller ?
- On va demander la permission à maman d'aller à Dakar ce week-end. On va lui dire qu'on a la nostalgie de maam Aby. Elle ne refusera pas. Peut-être même qu'elle viendra avec nous.
Ali fut pris d'un doute soudain. Il se demandait en effet si elle mesurait les difficultés qui les attendaient.

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- Allez maman, ne te fais pas prier, laisse-nous y aller ! la supplia Donia.
La requête de ses enfants d'aller à Dakar pour le week-end cachait quelque chose. Elle les soupçonnait d'avoir une idée derrière la tête : tenter de découvrire le nom de famille de Driss... Peut-être qu'ils pensaient que maam Aby serait plus facile à amadouer.
- Je ne suis pas née de la dernière pluie, vous savez, j'ai compris ce que vous tramez.
- Quoi maman ? Nous, tramez quelque chose ?
s'offusqua Donia.
Minetou fixa ironiquement sa fille. La témérité et la pugnacité de cette dernière lui rappelaient, à bien des égards Nadia, la mère de Driss. Donia menait facilement son frère Ali par le bout du nez.
Elle lança un ballon de sonde pour les piéger.
- Mes parents m'ont mise au courant de votre appel.
- Et après ? On a tenté et basta ! On espère le connaître un jour, répliqua Donia sans ciller. C'est bientôt l'anniversaire de Sadio et je lui avais promis de me rendre à Dakar pour l'aider dans les préparatifs de la fête qu'elle compte organiser pour cette occasion.
Sadio était la fille aînée de la grande sœur de Minetou, Marième, par conséquent leur cousine germaine. Leur légère différence d'âge n'avait pas empêché les deux adolescentes d'être de très bonnes amies.
Elle-même, Minetou, programmait de se rendre à Dakar prochainement. Et pourquoi pas ce week-end?
- Bon, d'accord. On ira passer ce week-end à Dakar.
- Chouette alors !... exulta Donia.
Une fois de plus elle avait obtenue ce qu'elle voulait.
Ils prirent la route le vendredi, en fin d'après midi. Le voyage dura environ quatres heures. Ils arrivèrent à Dakar vers les coups de vingt deux heures.
Les parents de Minetou les attendaient pour dîner. Ils passèrent aussitôt à table dans une ambiance joyeuse et conviviale.
Ali fit le thé à la menthe à la fin du repas, alors qu'ils étaient tous au salon. Même maam Aby, qui se couchait tôt d'habitude, fit exception ce soir-là pour leur tenir compagnie.
Il ne se couchèrent que bien plus tard, après 1h du matin.
Donia partageait une chambre avec sa mère à chaque fois qu'elles séjournaient à Dakar. Minetou occupait alors son ancienne chambre de jeune fille, qu'elle avait récemment réaménagée en y mettant un grand lit.
Elles étaient couchées quand Donia l'interpella une fois de plus :
- Dis-moi, maman ?
- Oui ?
- Pourquoi tu ne t'es pas mariée ? Belle comme tu es, les occasions n'ont pas dû te manquer !
Elle-même s'étonnait de son manque d'entrain pour l'institution matrimoniale. Elle avait eu pas mal d'opportunités mais le doute, la crainte de l'échec d'une vie à deux surtout la tiédeur de ses sentiments vis-à-vis de ses aspirants, l'avaient poussée chaque fois à prendre du recul avant de se désister finalement :
- Est-ce parce que tu n'es pas parvenue à oublier notre père ? insista sa fille.
- Je ne sais pas moi-même, Donia. Peut-êtrevque je me suis trop préoccupée de votre bien-être, que je n'ai pas voulu me lier à un homme wui pourrait plus tard vous rejeter, vous faire nettement sentir que vous n'êtes pas ses enfants.
- Oui, mais je me rappelle que tu avais eu des soupirants qui étaient gentils avec nous et qu'on appréciait. Je ne parle pas de ce Baïdy qui me paraît être un faux type...
Minetou esquissa un sourire amusé. Ça, c'était du Donia tout craché : elle n'avait jamais froid aux yeux pour livrer ouvertement son avis.
- Tu es vraiment trop sévère avec lui, la gronda-t-elle.
- Je t'assure maman que ce type est mesquin jusque dans son sourire . Il ne nous aime pas, Ali et moi. Il fait semblant pour te faire plaisir.
- Pourtant il s'intéresse à vous. Ils vous offre souvent des cadeaux. Tiens, les tissus wax qu'il vous a ramenés lors de son voyage à Lomé.
- C'était pour bien se faire voir auprès de toi, objecta la jeune fille.
Minetou ne releva pas cette réplique. Têtue de nature, Donia s'enfermait dans ses convictions, qui se révélaient être souvent factices :
- Bon, il se fait tard et je souhaite dormir. Bonne nuit.
- Bonne nuit, maman.
Elle tourna le dos er se cala confortablement sur son oreiller.
Elle ne vit pas le sourire mystérieux de sa fille.

Chronique de Minetou Lèye :Reflets du PasséOù les histoires vivent. Découvrez maintenant