😊😊Chapite 06😇😇

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Salam
Bonne lecture

Elle fit un compte rendu détaillé à sa grand-mère le lendemain matin. Bien entendu, Driss Bechara occupa une place de choix dans son récit.
_ Si tu le voyais, maam, il est tellement beau!
La vieille dame eut un sourire indulgent :
_ Tu es bien emballée, ma petite fille! Attention à la désillusion, car ton père ne te permettra jamais de fréquenter un garçon.
_ Oh maam! je ne suis plus une petite fille maintenant, objecta-t-elle.
_ Va le dire à ton père qui te considère toujours comme un bébé.
Mais la jeune fille battait des mains :
_ Tu sais quoi? Il a promis de m'appeler, Rachel lui a donné mon numéro de téléphone.
_ Attends qu'il respecte sa promesse avant de t'emballer, lui conseilla maam Aby.
La mise en garde de sa grand-mère tempéra sa jovialité. Peut-être que la vieille dame avait raison.
Peut-être que Driss voulait juste s'amuser à ses dépens.
Son ardeur retomba aussitôt.
Prise de remords, maam Aby tenta de la réconforter.
_ Allez, s'il n'appelle pas, dit-toi que tu n'as rien perdu. Tu es juste à l'aube de ta vie sentimentale. Des prétendants, tu en auras beaucoup Inchallah.
Je te prédis le même succès que j'avais eu moi, dans ma jeunesse, quand les prétendants se jetaient à mes pieds. Je crois même que tu vas me damer le pion, car tu très belle, Machallah!
Peu convaincue, Minetou interpella sa grand-mère :
_ Tu n'es pascen train de m'encenser par hasard?
_ Pas du tout, tu dois me connaître suffisamment pour savoir que ce n'est pas dans mes habitudes de jeter des fleurs aux gens. T'ai-je déjà raconté l'immense succès que j'avais dans ma jeunesse?
_ Eh bien j'étais tellement belle et célèbre que lors des séances de tam-tam que mes amies et moi organisions, on me décernait unanimement le titre de reine de la fête. A l'époque, l'un des tambours majors de Kébémer avait spécialement composé une chanson pour moi! _ Comment, une chanson pour toi, maam? lui demanda Minetou, béate d'étonnement et d'admiration.
_ Oui, un air très connu à l'époque.
_ Chante-la moi, maam.
_ Alors là, je ne sais pas si je pourrai me souvenir de toutes les paroles, mais je vais quand même essayer.
Elle se mit à chantonner de sa voix fluide :
_ Abibatou Guèye, Guèye Nioro Bassi, fille de Lamassasse Guèye, Linguère du Cayor.
Ta beauté illumine les pas de danse de Sandiaye,
De Kébémer jusqu'à Thiès,
On ne parle que de tes pas de danse magiques.
Danse, belle fille, les tambours ne battent que pou toi...
Minetou applaudit joyeusement :
_ Bravo maam, je vais transcrire cette chanson et l'apprendre pour pouvoir plus tard la transmettre à mes enfants.
La vieille dame lui sourit affectueusement :
_ Ton grand-père Dame Lèye, paix à son âme, était mon cousin germain. Sa mère Dial Guèye était ma tante paternelle, la sœur aînée de mon père.
Nous étions promis l'un à l'autre depuis ma naissance. Ne pense pas que j'ai fait un mariage arrangé. Ce n'était pas le cas, car nous nous aimions sincèrement. C'est au cours d'une séance de Taxourane que Dame me déclara sa flamme, en jetant à mes pieds son écharpe teint à l'indigo. Ce procédé était très à la mode de notre temps. Il dansa et entonna une chanson en mon honneur.
Minetou exprima vivement son admiration :
_ Ça devait être très romantique. Je trouve dommage que toutes ces coutumes aient disparu. J'ai toujours pensé que nous devions essayer de réhabiliter quelques facettes de notre tradition.
_ La jeune génération n'accorde plus d'importance à notre culture, déplora maam Aby. Vous avez tendance à copier des modes de conduite, qui ne sont pas en adéquation avec nos réalités. Tu vas devoir m'excuser, à présent, je dois réciter mon chapelet.
_ D'accord, maam. Mais promet que nous poursuivrons cette discussion plus tard. J'ai tellement de choses à te demander. Je t'adore, tu es trop géniale! Lança-t-elle, avant de quitter la chambre de son aïeule.
Maam Aby médita longuement sur ce que venait de lui révéler sa petite fille. Apparemment, elle avait rencontré le premier garçon qui ait réussi à faire battre son cœur juvénile; elle priait pour que tout se passe bien pour elle.

****

Ce n'est qu'en fin d'après midi que Driss appela. Elle étudiait dans sa chambre quand sa mère vint la prévenir :
_ On te demande au téléphone Minetou, un certain Driss Bechara.
Elle se retint pour ne pas se ruer au salon.
_ Qui c'est ce garçon? Je ne t'ai jamais entendue parler de lui .
_ C'est un camarade, répondit-t-elle laconiquement.
_ Ah! pourtant, il me semble avoir déjà entendu ce nom ailleurs, je ne sais plus...avança sa mère.
Elle se dirigea vers le salon.
Le téléphone était posé sur un guéridon, près du canapé principal. Elle s'y installa avant de prendre l'appareil:
_ Oui allô?
_ Allô Minetou, c'est Driss Bechara, tu te souviens de moi?
Minetou essaya de contrôler son émoi :
_ Bien sûr, comment vas-tu, Driss?
_ Bien, et toi? je t'avais promis de t'appeler et voilà. Je souhaiterais passez chez toi tout à l'heure, si tu es d'accord, bien entendu.
On peut dire qu'il ne perdait pas de temps! Elle analysa rapidement la situation. Il était inconcevable de le recevoir chez elle : son père le renverrait illico presto. Le faire passer pour un camarade passait encore au téléphone, mais il en serait autrement s'il se présentait chez elle. Sa mère verrait tout de suite la supercherie. Non, c'était trop risqué, il fallait trouver une autre solution.
Elle lui parla sans détour.
_ Tu ne peux pas venir chee moi, mon père ne m'autorise pas à recevoir des garçons.
_ Je vois! mais dis-moi, je peux passer à ton école demain, nous pourrions aller prendre un pot, si tu veux?
_ D'accord, je vais essayer de m'arranger. D'habitude, c'est notre chauffeur qui vient me chercher; je peux dire à papa que j'ai un devoir qui va se terminer vers dix neuf heures, alors qu'en réalité je sors à dix-sept heures. Nous pourrions donc nous retrouver devant la porte principal de l'école.
_ Ok, ça me va. Je dois normalement assister à une séance de travaux dirigés à cette heure mais je vais m'arranger.
_ Alors, à demain.
_ A demain, jolie fille, fais de beaux rêves en pensant à moi, lui chuchota-t-il sur un ton caressant.
Elle poussa un soupir d'extase en raccrochant.
Demain, elle le reverrait...
Elle se précipita dans la chambre de sa grand-mère pour la mettre au courant.
Driss reposa le combiné portatif sur le socle de l'appareil. Il s'adossa confortablement à son oreiller en plumes d'oie et soupira de satisfaction.
Dire qu'il venait d'être victime de coup de foudre! Lui qui n'avait jamais cru à ce qu'il appelait des sornettes...

****

Il se rappelait que la soirée lui parut ennuyeuse après son départ. Ses amis avaient improvisé une sortie en boîte. Ils s'étaient rendus à l'Aldo Night Club mais son ennui ne s'était pas pour autant dissipé. Il avait alors décidé de rentrer, malgré les protestations de ses amis.
_ Allez, reste, ne gâche pas la soirée, protesta Zahra.
_ Je suis fatigué, je voudrais aller me coucher.
_ Tu nous payes nos entrées et nos consommations et maintenant tu veux nous abandonner ici, lui avait reproché Salim.
Nabou, agacée par leur insistance qu'elle trouvait exagérée, prit sa défense :
_ Ça va, il vous dit qu'il veut aller se coucher.
Passe une bonne nuit, Driss, à lundi.
_ A lundi, bonne soirée.
Il prit néanmoins le soin de glisser un billet de dix mille francs dans la main de Nabou.
Pour votre taxi de retour, lui chuchota-t il à l'oreille.
Zahra dépitée, pinça les lèvres. Driss l'avait presque ignorée durant toute la soirée. Faire sa conquête relevait d'un travail de titan! Comme les autres, elle l'avait vu danser avec la petite Minetou, la copine de Rachel. On aurait dit que cette gamine l'intéressait. Il lui faudrait redoubler d'efforts et surveiller ses arrières si elle ne voulait pas que Driss lui échappe!

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J'espère quel vous aura plu. Si c'est le cas, aimer, commenter, et abonner vous.

Chronique de Minetou Lèye :Reflets du PasséOù les histoires vivent. Découvrez maintenant