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Cela faisait une dizaine de jours que la présence se manifestait chaque soir et je me demandais de plus en plus si je devenais folle, a mesure que cette conviction s'imposait a moi.

Le soir, je montais sur le pont pour éviter les provocations malsaines de mon oncle et après quelques minutes, la certitude d'être observée me frappait. Chaque fois la même sensation : picotements dans la nuque, raideur musculaire puis un relâchement total et cette étrange impression de flotter sur une brume améthyste, la forte odeur de lys si étonnante au milieu de l'océan et une autre sensation que je n'avais pas remarquée la première fois: la privation de l'ouïe. Pas le moindre son ne me parvenait, pas même le clapotement de l'eau contre la coque du navire.

Je perdais alors le fil du temps puis la présence semblait me libérer de son aura écrasante afin que je regagne les environs de la cabine aux premières lueurs du jour. C'était tout a la fois effrayant et addictif.

La première fois qu'elle s'était manifestée à moi, elle m'avait donné des ordres et ce qui m'avait semblait être deux pinces froides étaient venues se poser sur mes épaules, me glaçant jusqu'aux os, me sidérant, avant que la sensation s'évanouisse. Ce n'avait plus jamais été le cas les jours qui avaient suivis. Il s était toujours tenu à distance.

La couture de mon trousseau avançait bien. J avais fini une robe compléte et attaqué l'ourlet d'un corsage le matin. Ce soir, comme les autres soirs, j'attendais l'entrée de mon  oncle qui signifierait le départ de la pièce pour aller me réfugier sur le pont.

mon oncle était rentré dans la cabine dire le tard, un étrange regard vissé sur son visage rubicon. Il s'était adossé à la porte avant de m'adresser un sourire qui ne valait rien de bon, empêchant ainsi toute tentative de fuite de ma part. Une forte odeur de mauvais alcool vint chatouiller mes narines et j'en vins à espérer que la privation de mes sens qui arrivait chaque soir se produise un peu plus tôt.

- votre voyage vous agréé ma nièce?
- il me tarde de débarquer mon oncle.
- vous avez tant envie de découvrir l'Amérique et ses grands espaces? Fit-il, railleur.
- pas vraiment, comme vous en avait fait part la mère supérieure, je compte prendre l'habit de moniale des que possible. Si ce n'est en France, je le prendrais là bas...
- voilà qui me paraît fâcheux, car j'ai d'autres ambitions pour vous ...
- d'autres ambitions ?
- il se trouve que des années à écumer les mers et les bordels de chaque port ont eu raison de mes économies... Je suis pris à la gorge par les créanciers... Or justement, j'ai un ami qui m'a prêté une forte somme d'argent pour m'acheter un bateau. Ça me permettra de me lancer dans le commerce de negres. En échange, je dois lui rembourser de petites mensualités et lui ramener une petite  européenne de bonne famille... Ta mère était jolie alors j'espérais que tu serais présentable, mais ça dépasse mes attentes ...

Je suis complètement abasourdie. Compte-t-il me... Vendre à ce type?
Il reprend, alors qu'un ait vicieux de peint sur son visage.
- Mais le plus important c'est que la petite européenne doit être vierge mais docile... et vue que tu fuis quand j'ote ma veste... il va falloir que je prenne les choses en main. Déshabille toi.

Série Moon: Hazel face aux abysses.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant