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Ma nuit avait été parfaite, satisfaisante et rassasiante, car j'avais pu me nourrir grâce au petit mousse, avant même que la jolie Hazel grimpe sur le pont comme chaque nuit pour s'abandonner à la lune marine et à mon regard caressant. Chaque nuit quand je deployais ma brume, elle semblait la rechercher et s'y perdre. Elle paraissait toujours fébrile, depuis la première nuit où elle m'était apparue et ne trouvait le repos qu'en s'abandonnant à moi. C'était la première fois qu'une jeune femme venait rendre mes agissements nocturnes si délicieux.

Depuis la nuit des temps, je préside aux ténèbres et j'exerce de préférence en mer. De tous les noms dont on m'a affublé mon préféré reste le gaélique Ciaran. Il fait référence à ma couronne de cheveux noirs, aussi bien qu'à mes activités nocturnes. La nuit, gorgé de noirceur,  je plonge les habitants du rafiot qui me porte dans une torpeur qui me laisse les mains libres pour agir comme bon me semble.

La petite Hazel est une petite poussière dans les merveilleux rouages de mon plan ancestral. Elle perçoit la brume, ce qui en fait une ennemie dangereuse, mais de façon très étonnante, elle choisit de s'y abandonner et semble même la réclamer!

Cette nuit, Hazel a profité du sommeil paralysant que j'offre en se roulant en boule dans le cordage à mes pieds et je n'ai pas pu me défaire du spectacle qu'elle me donnait.
Son corps mince était replié en position foetale. Sur son sein laiteux, a peine couvert d'une dentelle de mauvaise qualité reposait son petit menton. Sa jolie bouche, semblable à un bouton de rose formait un "O" parfait. Son petit nez retroussé lui donnait un petit air enfantin. Ses joues pales étaient ombrées par l'éventail de ses cils noirs qui cachaient des yeux magnifiques noisette, tout comme ses cheveux. Les belles boucles avaient pâti de l'air marin mais elle les attachait toujours soigneusement. La lumière de la lune accentuait la pâleur de ses joues et le contraste de ses cheveux Fauves.

J'étais tellement absorbé par cette proximité que je fus estomaqué de voir le jour se lever. Je n'eus que le temps de faire quelques pas en arrière qu'hazel était déjà sur ses pieds, prête à rejoindre sa cabine. Elle s'avança d'un pas nerveux vers la trappe qui s'ouvrit comme par magie devant elle, laissant émerger son oncle. Elle porta la main à sa poitrine, comme effrayée et fit trois pas en arrière sans encombres mais elle avait à peine amorce le quatrième que mon corps réagit automatiquement et vint se positionner pour la réceptionner. Elle chuta naturellement dans mes bras. Je vis son petit air confus lorsqu'elle découvrit mon visage au dessus du sien, s'attendant à s'étaler de tout son long sur le plancher. Nos yeux se rencontrent un instant qui semble suspendu et m'arrache un sourire mais au moment où mes mains rencontrent ses coudes, je reçois une information qui me fait bouillir le sang. La peur.

La peur n'est pas dirigée contre moi.

La peur est dirigée contre le capitaine.

De quoi a-t-elle peur?

Série Moon: Hazel face aux abysses.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant