Série Moon: Hazel face aux abysses.

épilogue

Point de vue de Azad.

Lorsque le commandant a rendu son dernier soupir, que ses yeux se sont voilés du masque de la mort, la rage glacée que j'avais ressenti en comprenant ce qu'il avait fait à ma précieuse et innocente Hazel... Cette rage était toujours là. Ces mille morts n'étaient pas satisfaisantes. Je me sentais toujours aussi impuissant face à ce qu'elle avait du ressentir.

C'était là, sous mes yeux, comment avais-je pu rater ça ?

Hazel était là. Immobile. Réalisait-elle seulement que le monstre de ses cauchemars s'en était allé, remplacé par un monstre plus terrible encore?
Un meurtrier.
Une sangsue maudite et immortelle.
Une soif inextinguible de chair mais dépourvue de sang.
Ni tout a fait vivant. Ni tout a fait mort.
Capable de manipuler les esprits et les éléments. Capable de donner le sommeil et la mort.

Elle tombe a genoux, lentement.
Elle sombre. Terrassée mais par quoi? Le soulagement, la tristesse, l'horreur, le choc... Un peu de tout j'imagine...
Mes pouvoirs me permettent de l'envelopper avant qu'elle ne s'effondre pleinement sur le sol.

C'est le navire tout entier qui se trouve enveloppé de ma brume. La voile se dresse doucement, puis se gonfle grâce à la brise que j'ai fait lever.

Il nous faudra encore quelques jours de navigation pour rejoindre le nouveau monde et je compte bien maintenir l'équipage tout entier dans mon brouillard.

Quelques jours plus tard.

J'ai chargé Hazel dans la plus petite barque avec la petite malle qu'elle avait emporté avec elle.

Les chaloupes pleines de marins endormis étaient lachés depuis plusieurs heures et j'avais commandé à l'océan de les emmener s'échouer sains et saufs sur plusieurs plages lointaines, éloignées les unes des autres, quand le sommeil vampirique aurait cessé. J'avais prelevé de bonnes quantité de fluide vital à chacun pour me donner pleines capacités et provoquer une langueur profonde chez eux. Ils se reveilleraient au milieu de l'océan, à quelques miles des côtes sans trop de souvenirs des derniers jours. On ne retrouverait jamais ce foutu navire.
On ne retrouverait pas le commandant ni la demoiselle à son bord.
Pour le reste du monde, ils seront portés disparus.

J'ai sauté dans la barque avec souplesse et Hazel a entrouvert les yeux.
"- vous pouvez dormir encore précieuse. Il nous faudra quelques heures avant d'atteindre la rive... "
Elle ne m'écoute pas et se redresse légèrement.
C'est ce qui a suscité ma curiosité pour sa jeune personne. Elle ne répondait jamais tout à fait à mes ordres et mes pouvoirs...
"- où sommes nous? Le bateau il..." Elle s'arrêta, avisant le rafiot au loin, devoré par les flammes.
"- je vais le faire disparaitre. Ça ne fera pas disparaître votre épreuve mais ..."
"- mes souvenirs!"
"- dans la malle, derrière vous..."
Elle se retourne vivement et son corps gracile se nimbe de lumière. Ses épaules se relâchent quand elle aperçoit la caisse en cuir et en bois.
"- je sais que vous y cachez vos souvenirs les plus precieux."
"- merci Azad. Pour tout." Ses mots me touchent mais je sais que j'ai fait du mal. Que ma monstruosité entacherait sa pureté et que je dois la libérer de mon emprise.
"- lorsque nous atteindrons la terre ferme, je vous fournirai le nécessaire pour vous établir dans ce pays. Vous ne manquerez de rien et je vous promets mon éternelle assistance"
"- vous ne serez pas auprès de moi Azad?"
"- je répondrai à vos besoins mais... Je suis une créature... Qui ne peut vivre en société... vous patiriez de fréquenter... Un misérable tel que moi..."
"- azad... Je ne saurais rester seule..."
'- je serai tapis dans l'ombre, mais pour votre bien..."
"- j'ai besoin de vous azad! A moins que..." Elle semble hésiter... "Vous ayez d'autres projets... Je ne peux m'imposer a vous mais... Si vous vouliez bien... Si vous acceptiez..." Elle tremble et semble au bord des larmes. "Je ne pourrais plus jamais être tranquille, sans vous à mes côtés. J'ai peur de ... J'ai besoin ... J'ai besoin de vous ... De l'odeur des lys, de la brume soporifique , de vos bras qui me sécurisent, de la certitu..."
Je ne tiens pas un instant de plus et la serre contre moi en baisant fougueusement ses lèvres. Elle est tendue mais il y a de l'urgence dans son baiser.
"- nous prendrons le temps nécessaire pour que vous soyez pleinement ma femme précieuse, mais sachez une chose. Je ne vous promet rien d'autre que l'eternité"