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Ce qui me parut des heures plus tard, une caisse coulissa au dessus de ma tete, laissant apparaître un faible rayon de lumière par les interstices de la trappe. Je restais immobile, comme figée. La trappe s'ouvrit sur le beau marin aux cheveux bouclés.
"- c'est la nuit?" Je demande alors que la lueur de la lampe a huile se diffusait dans le réduit via l'étage supérieur.
Il me fit signe que oui.
"- vous devez être fatigué. Je vais vous laisser tranquille et je reviendrais demain matin si vous voulez bien me cacher encore...?"
L'homme sourit et tendit une de ses mains pour m'aider à sortir.
Je me hisse alors sur le bord de la trappe et l'homme saisit ma taille sans façon pour me faire émerger totalement du réduit. Il s'y glissa ensuite et referma la trappe derrière lui.

Comme les jours précédents, je partis divaguer sur le ponton sans but, observant longuement la mer, la nuit, les étoiles et le bondissement d'un dauphin rieur.
La litanie habituelle se présenta, la brume purpurine, l'odeur de fleur de lys, et l'état de semi conscience ouateuse qui anéantissait mes forces et ma volonté.
Qu'est ce qui pouvait bien me mettre dans un état pareil?
Était-ce le mal du pays?
L'odeur du lys renvoyait-elle a l'enterrement des miens et ce départ pour l'Amérique ravivait-il la douleur de la séparation ?
Le traumatisme de la découverte des plans de mon oncle et de son vice me poussaient-ils à m'évader dans un monde onirique parfumé et entêtant ?

Ou devais-je m'attendre à être cueillie par des sirènes de conte de fée? Les mythes racontaient leurs voix célestes s'élevant dans des brumes marines vaporeuses... Il n'était jamais question de cette fumée colorée, d'une odeur quelconque ... Seule l'idée de la brume et de la privation de raison semblaient coller à l'histoire, mais je ne suis plus une enfant pour échafauder des raisonnements logiques à partir de contes de fées!

Non, quelque chose devait bien justifier de ces événements. Un phénomène marin? Une sorte d'hystérie a cause du stress? J'allais devenir folle...

Finalement la brume eut raison de moi une fois de plus et je me pelotonnais  contre la proue du navire avant de sombrer.  Alors que ma conscience filait, un bruit sourd perça le voile fin de mon demi sommeil pour faire vibrer mes tympans, puis ce fut un cri humain, étrangement déformé qui se fit entendre avant qu'un silence surnaturel ne le remplace.

Ce qui me parut des heures plus tard, je me réveillais enveloppée dans une douce couverture parfumée de lys, dans mon abri sous la réserve de la cuisine du bateau.
Une gamelle était posée a proximité, contenant une sorte de porridge et des fruits. Comment avais je pu me retrouver là? Et d'où venait cet étrange cri?

Série Moon: Hazel face aux abysses.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant