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Mon oncle m'avait conduit dans un hôtel près du port. Pendant deux jours, j'avais gardé le nez collé à la fenêtre en observant la formidable activité du lieu. Les trois mâts majestueux arrivaient chaque jour et les marins et dockers dechargeaient caisses, tonneaux et produits fabuleux de l'autre bout du monde. Épices. Tissus. Argent. Or. Parfums. Bois exotiques. Tout était splendide et nouveau. Mon oncle n'apparaissait qu'à l'heure du déjeuner. Il ne semblait pas se soucier de ce qui se passait pour moi le reste du temps.

Le déjeuner était rapidement expédié et il repartait à ses affaires.
Au repas du troisième jour, il me fit par d'une nouvelle incroyable.
- Hazel, nous partons pour l'Amérique dans quatre jours, a la première heure. Avez vous tout votre nécessaire pour le voyage?
- c'est a dire mon oncle?
- assez de vêtements, particulièrement pour résister à l'humidité. Quoique vous ferez sûrement le choix de rester dans la cabine...
- je... je n'ai rien d'autre que des tenues adaptées à la campagne et qui sont globalement trop petits...
Il leva les yeux au ciel.
- allez voir madame Élise sur la place, vous lui direz de vous donner des tenues pour un voyage en mer, j'irai payer ce soir. Tout ne sera pas cousu à temps malheureusement. Vous savez coudre n'est ce pas?
- oui mon oncle.
- bien. Passez une bonne journée.

J'avais immédiatement filé à la boutique et là, on m'avait bien fait comprendre que si une seule robe était finie, ça serait miraculeux. Néanmoins, on me prépara un lot de jupons, corsets, chemises... On prit mes mesures pour confectionner quelques robes ou du moins, les pré-découper. Madame Élise me conseilla également de me faire fabriquer une pelisse pour lutter contre le froid.

Quatre jours plus tard, mes malles furent chargées dans la soute du magnifique trois mâts dont mon oncle prit les commandes. Le bateau fut nommé "L'Albatros".
La cale était chargée d'armes, de velours côtelés brillants et d'autres tissus plus chamarrés les uns que les autres, des coffres avaient également été chargés sans que je sache ce qu'ils contenaient.

Mon oncle désigna son second, un homme au visage sec, pour me montrer ma cabine tandis que les marins défilaient à bord, emmenant avec eux des Baluchons qui contenaient leurs effets personnels. Plusieurs me jetèrent un regard étonné mais aucun n'osa faire de commentaires.

La cabine était lambrissée de bois, un grand lit y trônait ainsi qu'un bureau derrière lequel s'étendait une banquette capitonnée. Le bureau était encombré de cartes dépliées et annotées, de livres de comptes noircis d'une écriture empatée, de lettres diverses et d'un encrier vissé au plateau du bureau.

N'y prêtant pas plus attention, j'entrepris de déballer mes vêtements.
Madame Élise avait priorisé la couture de la pelisse et d'une seule robe, les autres étaient simplement piquées et il me restait le travail de couture à faire. Installée sur le lit, j'entrepris de coudre l'un des ourlets à la main.

Série Moon: Hazel face aux abysses.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant