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Malgré moi , ma main se tendit vers le visage qui me surplombait et au moment où j'effleure à peine sa pommette avec la pulpe de mes doigts, ses pupilles s'écarquillèrent.  d'étonnement.
"- vous ne me craignez pas?"
"- comment? Comment le pourrais-je? Vous me protegez depuis des jours!"

L'homme qui m'avait calé au creux de son bras me fixait, abasourdi. Je promenais ma main sur son visage, j'effleurais sa nuque, sa chevelure, consciente de l'inconvenance de mon exploration mais incapable de me retenir. Un charme à la fois viril et juvénile émanait de sa personne. Une force et un magnétisme venant de sa personne m'electrisaient. Je ne pouvais détacher mes yeux des siens. Ils se plissairent doucement, signe qu'il m'adressait un sourire. Sa main se droite passa sur mon visage et il me rendit mon exploration. Il effleura l'arcade de mon sourcil de son pouce, puis ma pommette, l'arc de cupidon qui trônait au dessus de ma lèvre dont il traça le contour tendrement avant de glisser dans ma nuque et l'aller se perdre dans ma chevelure.

Alors que j'attendais qu'il s'adresse à moi avec gouaille comme à l'accoutumée, c'était un ton doux et velouté, des mots soigneusement choisis et prononcés à la perfection qu'il m'avait adressé.
"- voilà qui mérite toute mon attention... je me nomme Azad d'Esdras, je suis heureux d'avoir résolu de me présenter à vous damoiselle"
Ses mots me firent sourire. On eût dit un vieux chevalier d'antan courtisant une belle.
"- Hazel de hautecloque"
"- Hazel" repeta-t-il d'une voix douce "vous vous êtes jetée tout droit dans mes bras ce matin alors que j'étais parti vous ouvrir... souhaitez vous encore vous cacher douce Hazel ?"
Je hochais la tête à sa question.

Il caressa une nouvelle fois mes cheveux avant de me déposer doucement sur la paillasse et de s'extraire du réduit à ce souplesse, en se propulsant de ses bras.

Une fois qu'il fut parti, je m'étirais doucement sur la paillasse quand les images de la veille vinrent me percuter à nouveau. Pauvre gamin. Quel est ce monstre qui me sert d'oncle? Je me torturais des heures durant, comme paralysée et enfermée dans ces visions d'horreur. Que faire le soir venu? Me jeter dans la gueule du loup - car à n'en pas douter  il savait désormais que je erais chaque nuit sur le rafiot - où me sacrifier et préserver un temps soit peu l'innocence du gamin qu'il avait pris pour cible?  La journée passa, lente et angoissante, agitée par mes pensées noires et une mer démontée jusqu'à ce que je sursaute brutalement à l'ouverture de la trappe.
"- voilà ma charmante nièce..."

Série Moon: Hazel face aux abysses.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant