Série Moon: Hazel face aux abysses.

14

Je me terrais contre la paroie pour échapper à sa main lancée à l'aveuglette dans le vide.
Ne parvenant à ma saisir, il se redressa. Comprenant qu'il allait s'immiscer dans le réduit, mon coeur se souleva. Tant d'angoisse qu'à cause du roulement furieux des vagues contre la coque. je commençais à lui jeter tout ce qui me passait sous la main. Rapidement j'arrivais à bout de mes maigres munitions. Il atterrit dans la minuscule loge mais fut projeté -et moi avec- contre la paroie de bois.
En quelques secondes, ma gorge fut dans sa main, pressante, etranglante.
Quelques secondes encore et la scène devint vitreuse à mes yeux, flous, tandis que mes petites mains se cramponaient à la sienne et griffaient tout ce qu'elles pouvaient atteindre.

Je revins a moi un instant ou des heures plus tard. J'avais l'impression d'être une loque. Une serpillière usagée abandonnée dans un coin. Sans force. Sans volonté.

Il me fallut un long moment pour me remobiliser. Mes yeux d'abord. Ils papillonaient et tentait de focaliser sur mon environnement. Mes mains ensuite. Elles glissèrent le long de mes hanches jusqu'à ce que je sente la gaze de dentelle de mon corset crisser sous mes doigts. Au niveau de ma taille. Je remontais lentement vers ma poitrine et ne rencontrait que ma peau nue. Des larmes d'impuissance vinrent inonder mes joues.
A cet instant, mes doigts rencontrent une substance poisseuse contre mon téton, collant mes doigts.
Quel tableau degueulasse.

Portant ma main non souillée a mon visage, pour essuyer mes larmes, je rencontrais la même substance. Mon coeur se souleva de nouveau. La honte et la houle me tordirent le ventre et je vidais le contenu de mon estomac sur le plancher, dressée sur un seul bras.
Il ne me laissera jamais.
Il continuera à me traquer et à m'imposer sa macule chaque fois que l'occasion se présentera.
Et qu'adviendra-t-il de moi une fois débarqué?
Il me vendra à un vieux dépravé a son image qui me possédera chaque fois qu'il le souhaitera. Il me montera comme une jument et me forcera a porter sa progéniture. Peut être même sera-t-il violent?
Quel avenir se profilait pour moi?
Moi qui avait voulu vouer ma vie a Dieu, il m'envoyait la pire des épreuves.
Malheureusement, je n'avais pas les ressources nécessaires pour surmonter une chose pareille ne serait-ce qu'un jour de plus...

La nuit s'était levee. Pas la moindre trace de la fameuse brume.
Debout sur la proue du bateau, le visage ravagé par les larmes. Je me suis souvent demandé comment finirait ma vie. J'avais imaginé un lit de mort à l'orée de mes quatre-vingt ans, entouré d'enfants et de petits enfants, peinés, attentifs écoutant une dernière fois ma voix et mes recommandations. Jamais je n'aurais cru avoir la lune comme unique compagne face à l'immensité d'un océan déchaîné.

Une vague noire, monstrueuse se dressa soudain, plus menaçante que les autres. J'etendis mes bras en croix, prête à affronter la lame, prête à déferler pour sceller mon destin. Le mur sombre avança rapidement, me surplombant de plusieurs mètres. C'était maintenant. La faiblesse me fit fermer un bref instant les yeux. Un choc formidable me souleva brusquement avant que je ne sente mes pieds quitter le sol, le froid glacial me transpercer jusqu'aux os, et vite, me fit perdre conscience.