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Après l'épisode de ce matin, j'étais restée frissonnante un long moment et j'avais passé la journée à tenter d'échapper à mon oncle et a ses hommes. J'avais un peu de mal à faire le tri dans mes emotions de ces dernières heures...

De retour à ma cachette de la veille, car il n'y avait pas moyen de trouver un autre recoin sans homme dans ce dédale, j'avais essayé de dresser une liste mentale de la situation.
Les points négatifs d'abord:
- mon oncle veut me vendre comme une jument reproductrice
- mon oncle veut me "dresser" en m'imposant de le voir nu ou de participer à... De supporter des ... Bref...
- je n'ai plus d'intimité car le bateau est plein à craquer d'hommes...
- je manque de sommeil
- je manque de nourriture

Ces trois derniers points me parurent être la priorité pour la suite.
Je ne pourrais pas combattre la folie de mon oncle le ventre vide et épuisée, sans lieu où me replier.
Le réduit où je me trouve ne resterait pas un abri très longtemps et ne me permettait pas de me tenir debout ou de m'allonger. Il fallait donc que je trouve un nouvel abri, si possible à proximité des réserves de nourritures et assez grand pour que je puisse m'allonger et me tenir debout ou au moins assise.

C'est donc tout naturellement que je suis allée fureter du côté des cuisines et de l'arrière-cuisine.
Dans l'arrière cuisine, des étagères étaient vissées contre les parois et regorgeaient de provisions. Je chipais quelques biscuits pour remplir mon estomac vide. Tout en grignotant, je continuais d'explorer la petite pièce. Quelques caisses étaient empilées à la diable au fond de la pièce. Alors que je déplaçais les boîtes pour tenter de créer un petit espace libre, la porte s'ouvrit brutalement. Je me plaquais contre le mur mais l'homme qui venait de surgir vrilla son regard droit dans le mien.
"- y a rien m'sieur, a part un tas de manger ! Voulez que'que chose à bouffer p'tet?"  C'était le géant  aux dents blanches.
Tout en disant ces mots, ses yeux rieurs ne me quittaient pas du regard.
J'entendis la voix de mon oncle pester et refuser son offre.
"- y a du bazard la dedans, ça a dû secouer plus que je pensais! J'va ranger de mon mieux m'sieur capitaine !"
L'homme avança vers moi et d'une main, fit glisser une lourde caisse sur laquelle je m'étais acharnée sans succès plus tot. En glissant, elle libéra une trappe dans le sol et il me fit signe du menton de m'y glisser. Je ne demandais pas mon reste et me laissais tomber plus bas.

Il fallut un petit moment à mes yeux pour m'accoutumer à l'obscurité.
Un raclement au dessus de ma tête me fit comprendre que l'accès était a nouveau boucher. L'instant d'après mon oncle grondait dans la petite arrière cuisine. Je lui avais échappé de peu.

Ma vue s'adaptait doucement a l'absence de lumière et je distinguais les contours d'une paillasse moelleuse posée sur le sol. Une caisse tenait lieu de table de chevet, envahie de livres et d'une chandelle a moitié brûlée indiquait que le réduit était habité. Une odeur puissante de lys parfumait le réduit. Des Lys. Des chemises étaient suspendues a un clou. J'en approchais et les reniflais. La même odeur intense en émanait...
En cherchant à me dissimuler, je m'étais enfoncée plus profondément encore dans mes mystères nocturnes...

Série Moon: Hazel face aux abysses.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant