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J'avais jailli sur le pont comme le diable surgit de sa boîte dans les jouets pour enfants.
Agripee au bastingage de toutes mes forces, j'avais vomi par dessus bord tout en pleurant.

A l'intérieur, j'avais refuse d'obéir, mais mon oncle m'avait envoyé une gifle qui m'avait fait basculer sur le bureau. Ses mains étaient immédiatement venues se poser sur mes seins qu'il avait malaxé honteusement. Il avait essayé de relever ma jupe mais je me débattais tellement qu'il avait du me plaquer d'une main contre le bureau tandis qu'il se deboutonnait de l'autre.
J'avais tourné la tête pour ne pas voir. Il s'était fait quelque chose qui l'avait fait grogner pendant quelques minutes tandis que j'étais agitée de sanglots. Un grondement plus grave lui avait échappé soudain puis il était retombé, soupirant de satisfaction sur le fauteuil et relâchant sa prise. 
Échappant ainsi à sa poigne, j'avais couru vers la porte pour rejoindre le pont sous son rire gras.

La nuit était déjà tombée et il n'y avait plus personne sur le pont. Je m'étais laissée tomber sur mes genoux et je regardais la mer à travers l'ouverture de la chaîne de l'ancre. Lentement, j'avais pu reprendre mes esprits sans pouvoir mettre de mots sur ce qui venait de m'arriver. Qu'avait fait mon oncle? Qu est ce que ça voulait dire pour moi? Et surtout le voyage ne venait que de commencer... Comment tenir des mois à sa proximité ? Comment poser les yeux sur lui ou tolérer sa présence? Comment survivre s'il venait à recommencer ? Et moi? Est ce que je pourrais encore me regarder dans une glace? Est ce que je m'étais vraiment débattue ? Est ce que j'avais provoqué ça?

La tête appuyée contre le rebord en bois, ces questions tournaient a toute vitesse dans mon esprit torture. Mais bientôt vint la brume pourpre, annihilant les sens, plongeant dans l'oubli et l'hébétude, bienfaisante maintenant, éloignant les pensées obsédantes de l'atroce scène que je venais de subir. Un brouillard cotonneux, tiède, tranquille qui vint m'envelopper avec le bateau tout entier.

Le petit jour vint me cueillir, transie, la main agrafée au corsage déchiré la veille tandis que l'équipage reprenait doucement vie...
Je quittais ma cachette, transie, pour rejoindre l'entrepônt et me cachait dans un angle perdu. Mon oncle émergea bientôt de la cabine, portant encore les vêtements de la veille en se grattant la tête. Il grimpa sur le pont et je l'entendis vociférer après ses hommes.

La peur au ventre, je me suis faufilée jusque dans la chambre  et j'ai claqué la porte derrière moi. Avisant la chaise, je la tire vers moi pour la caler sous la porte. Une fois fait, je me tourne vers la chambre. Et quel choc. Chaque recoin, chaque meuble de l'étroite cabine me renvoie à mon calvaire de la veille. C'est comme si je sentais a nouveau son haleine avinee contre ma joue, ses mains moites sur ma peau et comme si j'entendais a nouveau son rire gras. Estomaquée par l'angoisse qui vient serrer ma poitrine, je deverouille la porte et détale dans le couloir.
 

Série Moon: Hazel face aux abysses.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant