Chapitre 18

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Chapitre 18 : L'ancestral dojo

Finalement nous arrivâmes jusqu'au dojo. Nous n'avions pas dit un mot de plus sur le trajet, ce qui avait installé une tension légère mais présente entre nous. Je me garai en silence devant l'établissement... Ce n'était pas le dojo de mon grand-père. Celui-ci était trop populaire et il y aurait eut beaucoup trop de monde. Voulais-je qu'on soit seul ? Peut-être...

Je connaissais cet établissement qui était quasiment abandonné. Il y avait encore des gens payés pour l'entretenir, mais l'établissement commençait à se faire vieux et tombait presque en ruine puisque personne ne venait plus ici...

-C'est là ? demanda Kiko en brisant enfin le silence de plomb qui s'était instauré.

-Oui. C'est normal que tu ne connaisses pas, il n'est pas référencé sur les cartes et rien dans la ville ne témoigne de son existence. En fait plus personne ne vient ici. C'est petit et un peu vieux. Mais l'endroit est en bon état.

Nous rentrâmes par deux portes vitrées floutées de l'extérieur. Nous débouchâmes sur un couloir en bois ancien. Une odeur de papier coupé, de vieux bois et de livre neuf s'empara de nos narines. Je connaissais bien cette odeur et elle m'était très douce.

Nous avançâmes tout le long de l'étroit couloir avant de parvenir jusqu'à une petite porte rectangulaire, en bois toujours. J'ouvris et nous arrivâmes dans le dojo. Des tapis au sol et un fumet propre aux lieux clos baignés dans la chaleur nous parvint. Ce n'était pas désagréable... Une petite lucarne au plafond, entrouverte, apportait une très léger, presque inexistant, courant d'air à la pièce exagérément chauffée.

Kiko qui me talonnait entra. Elle observa d'un rapide coup d'œil les lieux et huma l'odeur de cuir tanné et de vieux bois. Elle me passa devant pour s'avancer et voir ainsi la pièce dans sa totalité. C'est alors que je réalisais, et même si je l'avais déjà vu que Kiko était en uniforme scolaire. C'est à dire vêtue d'une jupe et d'une chemise blanche à manche courte bien serrée et ornée s'une cravate.

-Euh, Kiko ? Tu ne vas pas te battre habillée comme ça ?

Elle se tourna vers moi en retirant son sac à dos qu'elle posa au sol. Et sans me répondre elle en sortit un legging noir et un t-shirt ample sans manche.

-J'avais prévu le coup, et j'ai ramené des affaires plus appropriées !

Je restais silencieux... Quel idiot, je n'y avais pas pensé ! J'aurai du la prévenir...

-Kiko... Il n'y a pas de vestiaire dans ce dojo...

Elle ne répondit pas et se contenta de me fixer dans les yeux comme si elle attendait que j'ajoute quelque chose. Et cette phrase que je venais de dire, j'avais l'étrange impression qu'elle était pleine de sous-entendus... Je m'empressais donc d'ajouter :

-Je suis désolé, j'aurai dû te prévenir mais je n'y ai pas pensé...

Comme réponse, je reçu un énième silence de sa part. Pourtant elle ne détacha pas son regard de moi et cela me procura une vague de chaleur soudaine et inattendue. Pourtant elle n'avait fait que de fixer mes yeux des siens... De ses yeux cristallins et scintillants comme des pierres précieuses polies à la perfection, comme s'ils contenaient un monde distinct tant ils étaient hypnotisant.

-Pourquoi tu me fixe comme ça ? Demanda-t-elle presque froidement.

Je détournais instantanément la tête. Je sentais que je devais être rouge... J'étais gêné ? Si ce n'était pas de la gêne... Qu'est-ce que c'était ?

-Je... euh je vais sortir... Bégayais-je.

Je m'éclipsai alors en vitesse dans le petit couloir et refermait rapidement la porte ancestrale. Un air plus frai s'offrit à moi. Je n'osai pas bouger d'un poil. Qu'est-ce qu'il venait de m'arriver au juste ? J'avais... paniqué ? Je m'assis sur banc contre le mur en regardant dans le vide.

Pourquoi avais-je réagi ainsi. Je me sentais tout retourné, comme perdu... Je restai assis quelques instants afin de reprendre mes esprits, troublés inexplicablement. Alors que je revenais à moi-même, la première chose qui me vint, ce fut Kiko.

Kiko, qui depuis que j'avais fermé la porte avais dû commencer à se changer. Évident... Une sensation alors me monta, comme un gargouillement dans mon ventre, comme si quelque chose bouillonnait là-dedans.

Je repensai alors à quand nous étions allés au club de Mitsuya pour prendre les mesures de Kiko, et qu'elle s'était retrouvée en sous-vêtements devant moi... J'essayai de me rappeler de ses bandages sur sa poitrine, de la teinte de sa peau, des courbes de son corps... Non, seule une image floue me revenait. Je ne voyais que vaguement le souvenir de sa silhouette... Je ne me souvenais plus de la forme exacte de ses hanches, ou de ses cuisses, ou de ses épaules... J'avais oublié.

Et alors que je m'en rendais compte, une impression de démangeaison me prit à l'estomac. Oui, c'était comme se retenir, comme une envie, un besoin urgent. Je ne pouvais pas me retenir... c'était beaucoup trop tentant... Je ne voulais pas oublier... Je voulais me rappeler de son corps...

L'envie cruelle de regarder un instant, une seconde, par la serrure de la porte, Kiko...


One life (mikey x reader)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant