Alessio.
Je me réveillai en sursaut assis dans mon lit. Quelque chose m'avait réveillé, mais quoi ? Impossible de m'en souvenir. Je tournai la tête à ma droite, constatant avec déception le vide à la place d'Olivia.
Mais c'était mieux comme ça.
On avait rien à faire ensemble. Chacun de son côté.Cette soirée avait été une erreur. L'alcool m'avait fait perdre le contrôle. Pas ses formes. Pas ses remarques. Pas son regard quand elle me regardait. Non. Juste l'alcool. Et rien d'autre.
Maintenant c'était terminé, on redeviendrait comme avant. Juste amis. Rien qu'à cette idée, ma colère monta.
De toute façon elle voudrait pas de moi. J'étais son ennemi. Elle me l'avait clairement signifié dans les souterrains.
Je me laissai tomber de nouveau sur le matelas, incapable de penser à autre chose maintenant. A partir de maintenant, je me contenterai du strict minimum avec elle. Minimum de contact. Minimum de paroles. Minimum de-
Mes pensées s'interrompirent quand j'entendis un hurlement dans la chambre voisine. J'arrêtai de réfléchir. Je ne pouvais plus réfléchir.
Je me précipitai hors de ma chambre.
J'ouvris en grand la porte de la sienne, mon Smith&Wesson en main. Elle avait les yeux écarquillés, et elle était assise, droite comme un i dans son lit. Son regard fixait un point devant elle. Je ne distinguais rien d'anormal dans la chambre.
Je m'avançai dans la chambre en l'appelant doucement. Elle ne répondit toujours pas, semblant sous le choc. En m'approchant, je l'entendis murmurer comme une litanie :
- Mel. Mélanie...
Je lui touchai l'épaule. Elle sortit de sa torpeur, se retourna brusquement en m'arrachant mon revolver.
- Olivia ! C'est moi putain.
Elle me regarda sans vraiment me voir. Cligna des yeux. Puis réalisa qu'elle était en train de me viser avec un putain de flingue entre mes yeux. Elle le baissa. Je récupérais mon arme, la balançais sur le sol et m'assis à côté d'elle, oubliant toutes mes bonnes résolutions.
Elle était complètement décalée. Et elle me regardait, des larmes qui lui rongeait le visage, perdue.
Je la tint dans mes bras, alors même qu'elle restait toujours aussi apathique.
- Ca va aller, murmurai-je dans ses cheveux.
Je la fis s'allonger dans le lit, replacant la couverture sur elle, sans la lâcher. Elle nicha sa tête au creux de mon cou pendant que je lui caressai les cheveux pour la calmer.
- C'est qui Mélanie ? Ne pus-je m'empêcher de demander, le coeur battant en redoutant sa réaction.
Elle se crispa contre moi, ses larmes redoublant en silence, et alors que je finissais par croire qu'elle ne me répondrait plus, je l'entendis chuchoter :
- Ma meilleure amie. Mais je l'ai tuée.
Un choc s'ensuivit cette information. Mon cerveau arrêta de fonctionner. Quoi ? Non, impossible.
Elle continua de parler doucement :
- On était sur la route. Je conduisais. Des tueurs derrière nous. Elle avait rien à voir avec toute cette merde tu vois ? Sauf que je nous ai précipitées dans le vide. Et à la place de me laisser la rejoindre, les enfers ont décidé de me garder intacte.
Je restai silencieux. Je supposai qu'elle devait s'en vouloir depuis des années à cause de ça. Alors que ça n'était même pas sa faute.
Dans la noirceur de la pièce, je ne pouvais rien distinguer. J'avais l'impression que le temps s'était arrêté. Plus rien ne bougeait, je ne sentais plus que nos deux pouls synchronisés ensemble. Et j'aurais aimé que ce moment reste intact, que rien ne vienne troubler le silence qui régnait en maître dans toute la maison.