Olivia.
Je restai assise. Incapable de me lever. Je regardai la violence se déchaîner autour de moi.
Immobile, j'observai la rage d'Alessio s'exprimer devant moi.
Il était épuisé. Les cheveux devant les yeux. Le corps couvert de sang et de bleus. Son sang . Puis celui de ses victimes.
Les lieux autour de moi se vidaient. Quand les hommes avaient un tant soi peu de bon sens, ils tentaient de sortir de la pièce. Alessio les rattrapait à chaque fois. Les tuant un par un.
De temps en temps, je voyais ses yeux me chercher pour s'assurer que j'étais toujours là.
Je savais que cette violence se déchaînait pour moi.
Je savais qu'il se battait pour nous deux.
Et pour cela, il avait deux fois plus de force.
Il avait commencé par tirer. Puis, lorsqu'il avait vidé les munitions de toutes les armes présentes dans la salle, il avait continué avec ses poings.
Les soldats essayaient de se raccrocher à quelque chose. Ils voulaient récupérer des armes avec des munitions. Sans succès. Elles avaient toutes été vidées, et ils le savaient aussi bien que moi.Simplement ils espéraient.
Puis Alessio leur enlevait tout espoir de vivre.
Toute vie même.
Son corps ne me disait plus rien, ne me transmettait plus aucune émotion si ce n'était une violence toujours plus forte.
Je savais qu'au fond de lui, il était en colère, il avait peur, il s'en voulait et tant d'autres choses.
Mais tout avait été anihilé.
Tout ce qui restait de lui, c'était ses coups violents qui mettaient des hommes à terre en quelques secondes, des coups mortels, précis et redoutables qui n'étaient que la preuve de son corps surentraîné et de la force de sa rage.
Mon coeur se serrait à chaque fois un peu plus quand je me disais que c'était moi qui l'avait mis dans cet état. Que sans moi, il aurait moins souffert. Qu'il serait parti plus vite.
Je restai assise en plein milieu de la salle alors que le dernier homme tombait, raide mort. La nuque brisée.
Alessio se tourna vers moi. Ses épaules retombèrent. Il marcha jusqu'à moi, seul debout au milieu de ce décor dystopique. J'aurais aimé me relever. J'en étais incapable.
Je le regardai arriver jusqu'à moi, les poings couverts de sang, les jointures ouvertes et le visage défait.
Il s'arrêta, regarda autour de lui.
Pris conscience du massacre auquel il avait participé. De ce qu'il avait fait.
Il se tourna enfin vers moi. Ses yeux croisèrent enfin les miens. Je vis son coeur libérer les émotions qu'il avait tuées pendant ces heures entières. Une fois devant moi, il se laissa tomber à genoux, me soufflant :
- Je suis tellement désolé.
Je réussis à lui adresser un sourire alors qu'il se penchait sur moi. Ses bras m'entourèrent. Il me serra contre lui, me répétant :
- Je suis désolé. Pardon.
Puis il s'éloigna de moi, m'examinant sous toutes les coutures :
- Tu peux marcher ?
Je secouai la tête. Il appuya sa tête sur mon épaule, et on resta comme ça un moment, immobile au milieu du champ de bataille.
Je le sentis perdre conscience. L'attrapant par les épaules, je le secouai.