Partie 6.

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REDA

Il restait encore 3h de cours, la salle était pleine à craquer, mais elle n'était pas là. Depuis ce midi, sa tête me hantait l'esprit, son visage ensanglanté et ses yeux vert qui agonisaient ne faisaient que me rappeler à quel point j'avais été lâche et sans aucune raison.

Habituellement, je n'agissais pas comme ça, pas avec les filles, mais elle, s'était différent. Elle m'intriguait, me poussait à vouloir dépasser mes limites. Elle m'a fait agir comme un connard, mais ce qu'elle ne savait pas, c'est que mon cœur avait été touché par la profondeur de ses yeux, et ça, je ne l'acceptais pas. Je n'acceptais pas pouvoir ressentir quelque chose de pareil, mon cœur n'avais jamais connu de tels sensations en regardant une fille, et je ne voulais pas qu'il connaisse une tel douceur, lui qui n'avait connu que dureté et haine, je ne connais pas le mot amour. Je vous l'accorde, j'ai fréquenté toutes ces filles, usé de mon charme, pris plaisir à me jouer d'elles, mais jamais aucune n'avait réussi à franchir la carapace de mon cœur, aucune n'a su me procurer une émotion autre que le dégout de les avoir toutes eu aussi facilement.

La sonnerie venait tout juste de retentir me coupant dans ma réflexion, je pris mon sac et quitta la classe, hors de question que je reste pour les 2 heures de français, c'est la première journée, mais ça ne m'empêche en rien de sécher, personne ne me dira rien si ce n'est que la CPE que j'emmerde au passage.

Dans les couloirs, tous les regards étaient portés sur moi, la bagarre avait fait du bruit dans le lycée, tout le monde était au courant qu'elle avait été causé par moi. Je ne prêta attention à personne et sortie une cigarette de ma poche que je porta à mon oreille lorsqu'une main se posa sur mon bras, mes muscles se crispèrent automatiquement, je déteste qu'on me touche, je suis surement l'une des personnes la moins tactile de cette terre, ça me donne des envies de meurtres. Ses ongles de catins s'enfonçaient dans ma peau, et à cet instant, c'était mon point que je voulais lui enfoncer dans la gueule. Je me détacha violemment de son emprise et me tourna pour lui faire face.

Moi: Combien de fois je t'ai dis de pas poser t'es salles mains sur moi, tu piges du cul ? Dis-je sourcils froncés et points serrés.

Yasmina: Désolais, j'avais oublié. Dit-elle en faisant la moue.

J'étais sur le point de m'en aller mais elle n'était pas du même avis, elle commençait à bien me les casser.

Yasmina: Attend, S'il te plaît, écoute moi Reda ! S'exclama-elle tout en se mettant devant moi, pour me barrer la route.

Moi: T'as 2 secondes. Dis-je déjà ennuyé par ce qu'elle comptais me dire.

Yasmina: Je veux pas qu'on se sépare tous les deux, je t'ai pardonné pour la trousse, je m'en foutais en réalité, peu importe à qui elle appartenait je te faisais confiance, parce que je t'aime Reda. Regarde ce que j'ai fais pour toi, je me suis battu pour te prouver à quel point je tenais à toi, alors s'il te plait brise pas notre couple. Dit cette dernière au bord des larmes.

Moi: je m'en bas les couilles Yasmina, tu savais très bien les raisons qui m'ont poussés à me mettre en "couple" avec toi. Viens pas faire l'étonné maintenant que j'veux plus de toi. Rétorquais-je totalement détaché de la situation qui me soulait bien plus qu'autre chose.

Devoir me justifier pour un truc aussi insignifiant, c'était une perte de temps pour moi, et si y'a bien une chose que je détestais, c'était perdre mon temps. J'avais aussi horreur qu'on me supplie, si j'avais pris cette décision c'est que j'en était certain, personne ne pouvait me faire changer d'avis.

Yasmina: Donc, tu veux dire que t'étais là juste pour mon corps ? Tu..tu t'en foutais de moi, hein ? Tous ces moments qu'on a passé à deux ça comptait pour du beurre c'est ça ? Réalisa-t-elle le visage recouvert de larmes.

Moi: T'as tout compris. confirmais-je tout en la contournant pour continuer mon chemin.

......

J'étais devant le lycée, à la recherche de feu pour allumer ma cinquième cigarette de la journée, une drogue dont je ne pouvais me passer, ça me tuait les poumons à petit feu, mais c'était bien le dernier de mes soucis, j'en payerais les conséquences en temps voulu. Une voiture aux vitres tintés s'arrêta à mon niveau, la vitre s'abaissa laissant entrevoir une tête cicatrisé que je connaissais que trop bien.

...: Qu'est ce que tu fou dehors, t'es pas censé terminer à 17h ? Dit-il visiblement étonné de me voir.

Moi: Tu pouvais pas mieux tomber Setou, t'as pas du feu ? Lui répondis-je pour esquiver le sujet.

Setou: T'es pas possible, vas-y monte je te dépose. Rétorqua ce dernier tout en riant doucement.

Je grimpa dans sa BM toute neuve puis il démarra à toute vitesse. Ma cigarette allumé, je savourais chaque bouffée de fumé que j'inspirais et expirais lentement. Mes yeux étaient clos et je revoyais cette scène, toujours la même image, toujours cette sensation dans mon cœur, j'essayais de chasser son visage, mais il revenait à la charge. Sina.

Setou: Qu'est ce que t'as frérot ? Demanda-il tout en passant sa main devant mon visage pour me sortir de mes pensées.

Moi: Rien, dépose moi au quartier je dois récup ma moto avant de tailler au foyer. Répondis-je tout en finissant ma cigarette qui traversa la fenêtre pour s'écraser sur le bitume.

Le foyer, un endroit que j'ai tenté de fuir plus d'une cinquantaine de fois, un endroit dans lequel on m'a foutu quand j'avais 6 ans, à cause d'un père alcoolique qui noyait ses problème dans tout types de boissons toxiques, un père indigne, tellement indigne qu'il en a oublier l'existence de son unique fils. Un endroit qui m'a vu grandir et me détruire, un endroit qui à tué mon frère de cœur. Shems. Pendue à cette corde, j'oublierais jamais les premières larmes qui ont coulé de mes yeux, par ta faute mon frère.

Je sortis mon cahier de brouillon tout abîmé de mon sac et me mis à feuilleter quelques pages sous le regard curieux de Setou qui m'observait moi puis la route plusieurs fois d'affilée, habituellement c'est pas trop mon truc de me trimballer avec ce torchon sous les yeux des gens, mais j'avais besoin de me réfugier dans mes écrits pour oublier cette tête, ses yeux qui monopolisaient mes pensées.

Trop de choses pèsent sur mon cœur, trop de souvenir, trop de problèmes, et pourtant, je m'enfonce chaque jour un peu plus dans ce haram. Personne pour me repêcher, je me noie dans mes pêchers. Une âme paumé, un cœur cicatrisé et un avenir terrassé. Abîmé est la craie, qui parcourant mon passé me dessine petit et innocent le regard souillé par ces milliers d'enfoirés. l'avenir m'appel et me dit au tel que si demain je réussissais ça serait grâce au cartel.

Ce que vous venez de lire est un passage de ce que je note dans ce cahier. J'écris tout et n'importe quoi dedans, ça m'aide à extérioriser tout ce que je ressens. C'est ma bouffée d'air de la journée, ça m'arrive de prendre ma moto et de me rendre au cimetière où se trouve la tombe de ma mère, je lui tient compagnie tout en usant mon ancre sur ces feuilles blanches. Quelques fois, je lui parle et lui récite des sourates comme elle avait l'habitude de le faire pour m'endormir le soir.

C'est grâce à elle que je me suis intéressé à la religion et que j'ai eu la motivation d'apprendre toutes ces belles choses sur l'islam. C'est vrai que mon comportement n'est pas du tout en adéquations avec ma religion, mais ce n'est pas pour autant que j'abandonne mes prières et mon apprentissage. Je suis loin d'être parfait, je vous l'accorde, mais mon cœur n'est pas mauvais, il n'est pas totalement noircit.

......

𝐑𝐞̂𝐯𝐞 𝐒𝐢𝐧𝐚, 𝐞𝐭 𝐧𝐞 𝐭'𝐚𝐫𝐫𝐞̂𝐭𝐞 𝐣𝐚𝐦𝐚𝐢𝐬.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant