CHAPITRE 8 : Elowyn

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Cela fait maintenant plusieurs jours que j'écris à Elowyn. Comme demandé dans la lettre qu'elle m'a faite, nous nous sommes baladées dans les jardins du château de Bienafaith. Nous avons beaucoup discuté, et elle n'est pas aussi horrible que ce que je pensais, pu du moins plus autant. Je ne sais pas pourquoi j'ai accepté cette rencontre si rapidement mais je crois qu'inconsciemment, je me suis dit que ce qui devait arriver arriverait…à cause de Cupidon. Je ne veux pas tomber amoureuse d'elle. Elle m'a fait trop de mal. J'aime les hommes. C'est interdit par la loi. Tout ce que je peux faire, c'est créer un lien de communication qui nous permettra de rétablir l'équilibre. Oui oui, l'équilibre qu'elle a brisé.  En soit, il ne s'est pas passé grand chose. C'était uniquement une discussion cordiale. Par conséquent, je ne vois pas comment c'est possible de tomber amoureuse d'une fille, reine du Mal. Cela me paraît impossible. De toute façon, je ne veux pas. Cupidon ira se faire voir. Je ne demande pas à un chevalier d'aller sur la lune, moi !
      En parlant de chevalier…j'ai un nouveau garde du corps. C'est un bel elfe blond aux yeux vert. Il fait même office de valet de chambre ! Hier, il m'a tenu la porte ! Comme c'est mignon !!! Bon, il ne faut pas trop que je m'emballe. Je suis une reine. Un simple chevalier de rang inférieur ne doit pas me plaire, surtout que la galanterie fait partie de son métier. C'est contre nature, bien évidemment. Mais purée, qu'est-ce qu'il est beau !!! Nooon Helena. Stop. Ressaisis-toi. Il est beau, certes. Il est gentil avec toi, certes. Toutefois, ce n'est qu'un (magnifique) chevalier. Stop. Je dois penser à la malédiction. Il y a peut-être un moyen de la contourner, un non-dit qui pourrait empêcher qu'elle se réalise. Je dois y réfléchir sérieusement.
      Alors que je suis dans mon lit en train de rêvasser, quelqu'un frappe à ma porte.
Oui ??? Je m'écrie d'un ton un peu nonchalant.
      L'elfe ouvre la porte. Oh merde… J'attrape les bords de la couverture et je la rabas rapidement au dessus de ma chemise de nuit. L'elfe se racle la gorge.
Bonjour, Princesse ! Dit-il d'une voix mieleuse accompagnée d'une révérence. Je viens à vous afin de vous informer qu'une émeute se forme aux portes du château, m'avoue-t-il sur un ton inquiet. Les autres chevaliers essaient de séparer et repousser les paysans plus loin, mais ils sont trop nombreux. Afin d'assurer votre sécurité, je dois constamment rester dans la même pièce que vous, m'annonce l'elfe d'une voix autoritaire.
Comment ça ? Êtes-vous conscient que je dois encore faire ma toilette ?
Euh…et bien…se racle-t-il à nouveau la gorge. J'en suis conscient, oui, c'est pourquoi je vous tournerai le dos.
Quo…comment ? Je réponds, les yeux écarquillés.
Ce sont les ordres de votre mère, Princesse, renchérit-il avec respect.
Et…qu'elle est la cause de cet attroupement ?
Et bien…dit-il en se raclant encore la gorge. Le Mal a de nouveau rogné nos terres. Nous avons perdu sept hectares aujourd'hui.
      Oh noooooooon. Ce n'est pas possible. Pourquoi le Mal se répand-il alors que Elowyn avait l'air d'aller bien il y a peu de temps ? Et cet homme ne peut pas rester là pendant que je fais m'habille…ni quand je suis au toilette ! Je suis une princesse et je ne mérite pas tout cela. Cette situation est malaisante…pour lui comme pour moi, parce que je l'ai vu rougir quand il m'a annoncé son omniprésence. Va-t-il m'entendre aller aux toilettes ? Non, tout de même pas. Quoi que…on n'est plus à cela près… mais non, je refuse qu'un simple chevalier, un inconnu, m'entende alors que je suis aux toilettes. C'est inconcevable. Je me sens prise d'une bouffée de chaleur. Réveille-toi Helena, ce n'est qu'un cauchemar. Je me pince pour me sortir de cet étrange rêve. À ma surprise, rien ne change. C'est tout simplement parce que…ce n'est pas un rêve. C'est totalement la réalité. Oh mon dieu…
Bon euh…d'accord, je reprends. Je vais faire ma toilette maintenant. Pouvez-vous vous placer au coin du mur, s'il vous plaît ?
Très bien, Princesse. Je ferai tout ce que vous voudrez, répond l'elfe, un sourire au coin des lèvres.
      Une domestique arrive pour me faire couler un bain chaud. Lorsque je m'immerge dans la baignoire, la chaleur du l'eau me réveille. Je sens le liquide faire pression  sur chaque parcelle de peau et je dois reconnaître que cette sensation est agréable. Je plonge sous l'eau, immergeant mon visage. Mes cheveux flottent maintenant dans le liquide limpide. Cependant, je remonte rapidement à la surface, me rappelant qu'il y a un chevalier qui m'attend.
Comment vous appelez-vous ? Je lui demande.
Helios, Princesse, me répond-il d'une voix tout aussi mieleuse que précédemment.
      Sa voix me donne sérieusement l'impression qu'il me drague.
Quelle est la raison de votre arrivée au domaine de Bienafaith ? Je poursuis d'une voix calme.
Et bien, pour être honnête avec vous, devenir chevalier est mon rêve d'enfant. J'ai tout d'abord appris seul à me battre puis j'ai commencé les combats illégaux à l'âge de dix ans. Ils m'ont permis de renforcer ma technique afin d'entrer dans une école de chevalerie. Je viens seulement d'avoir mon diplôme, Princesse.
Donc vous êtes novice et vous êtes déjà à mon service ? Je réponds, un peu plus désagréable que je l'aurais voulu.
Euh…oui, Princesse, avoue le chevalier sur un ton un peu honteux. Cependant, cela ne remet pas en cause mes capacités, se reprend-il.
Bien évidemment, je termine un peu trop sèchement.
     J'en ai marre de passer pour une peste avec tout le monde. J'essaie d'être gentille et agréable mais parfois, les mots sortent aussi rapidement et dangereusement qu'un lancer de couteau. Je travaille sur moi et sur la façon de m'exprimer mais j'ai encore de nombreux progrès à faire.
Désolée, Hélios, je m'excuse.
Désolée pour quoi Princesse ? Répond-il d'une voix douce (encore !!!)
Désolée pour ma maladresse, je confesse.
Ne vous en faites pas, Princesse, tout est en ordre, me rassure-t-il.
Arrêtez de dire Princesse à chaque fin de phrases, je lui demande. Appelez-moi Helena, s'il vous plaît, j'ordonne alors que ce n'est pas vraiment un ordre.
Comme vous voudrez, Helena.
      Helios me fait sourire. J'aime la façon dont il me respecte malgré son honnêteté, même si sa technique de drague est un peu grossière.
      Ma toilette terminée, je mets une robe blanche divine. Une domestique vient ensuite me coiffer : aujourd'hui, je décide de porter un chignon qui se termine en tresse. En termes de maquillage, elle me fait de jolies arabesques au henné avant de me mettre les chaussures au pied. Me voilà fin prête. 
      J'autorise enfin Helios à se retourner. Lorsque je croise son regard, je m'aperçois que ses yeux sont tout écarquillés.

Équilibre : La Malédiction de Cupidon Où les histoires vivent. Découvrez maintenant