Chapitre 1

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— Fléa, Penses-tu que nous aurons une famille un jour ?

Fléa baissa les yeux, la douleur gravée sur son visage juvénile.

— Je ne sais pas Solène, c'est ce que tu voudrais ? Répliqua Fléa en se levant pour aller déposer son verre vide.

— Nous n'avons jamais eu une famille à nous, je me demandais ce que l'on pouvait ressentir lorsqu'on a une mère. Marie a dit qu'une famille américaine a fait une demande pour adopter des enfants.

— Moi, j'en ai eu une, Solène. Mais elle n'a pas voulu de moi parce que je suis telle que tu peux le voir. Dit-elle en remettant une mèche blanche qui obstruait sa vision derrière son oreille. Je crains de ne pas être acceptée par quelqu'un d'autre alors que celle qui m'a mise au monde m'a rejetée.

— Ne sois pas triste, Fléa. Il y a des personnes merveilleuses dans ce monde qui peuvent voir au-delà de l'apparence physique. Je sais que c'est dur pour toi de concevoir que tu puisses être aimée, peut-être que quelqu'un t'aimera, tout le monde n'est pas pareil.

— Ce pays ne me permet pas de rêver, soupira Fléa, ses yeux rouges étincelaient d'une lueur irréelle, accentuant davantage son apparence unique et captivante. Si on nous adopte, on deviendra sûrement des bonnes. Tu ne vois pas comment on souffre ? Je n'arrive pas à voir au-delà de la souffrance. Murmura la fillette, sa voix à peine plus audible qu'un souffle, ses mots teintés de désespoir.

L'orphelinat dans lequel les deux enfants vivaient était un endroit délétère, où les orphelins espéraient un jour être adoptés par une famille aimante. Malgré leurs rêves et leurs espoirs, l'épreuve de la réalité les frappait durement. Rejetée à maintes reprises, Fléa portait le poids de l'abandon sur ses épaules fragiles.

Solène, pour sa part, gardait une lueur d'espoir dans son cœur tourmenté. Elle croyait fermement en un avenir meilleur, où une famille tendre viendrait les chercher pour les emmener vers un foyer dans lequel règne la chaleur du bonheur. Mais Fléa, plus résignée, doutait de cette perspective lumineuse. Les familles semblaient la fuir, laissant son cœur meurtri par une solitude accablante.

Solène, l'innocence encore présente dans ses grands yeux bruns, tenta d'insuffler un doux espoir à son amie tourmentée.

— Je m'efforce de croire que le destin nous réserve de belles surprises. Ça se peut qu'un jour une famille aimante viendra nous chercher et nous offrira un foyer chaleureux ?

Mais Fléa secoua la tête avec amertume, ses yeux empreints de tristesse reflétant les rejets passés. Les murs gris et délabrés du bâtiment semblaient absorber leurs paroles chargées d'émotions.

— Je n'ai pas ce désir, Solène, aucune famille n'a voulu de moi pour le moment. Toutefois, puisque c'est le tien, je te souhaite d'avoir cette famille que tu désires tant.

Les deux enfants se tinrent silencieuses un instant, chacune perdue dans ses pensées, avant que Solène ne murmure à voix basse.

— Nous sommes donc condamnées à errer dans ces lieux insalubres.

— Allons manger, je crois que nous sommes les dernières à ne pas être présente dans la salle à manger, prononça Fléa en plissant les yeux pour admirer les lueurs du soleil qui se couchait, baignant la vieille cour de l'orphelinat dans une lumière rougeoyante, soulignant les fissures dans les murs délabrés et les visages des deux fillettes qui s'y trouvaient.

Alors que Solène se levait pour rejoindre Fléa, une secousse soudaine déchira l'air, un grand vacarme provenant de la cour de l'orphelinat et aux alentours, secouant les murs, faisant trembler le sol sous leurs pieds fragiles, interrompant leur dialogue mélancolique.

Un tremblement de terre venait de frapper le pays, secouant le bâtiment fragile dans lequel les deux amies se trouvaient. Prises de panique, elles cherchèrent à se rapprocher de la fenêtre pour comprendre la situation, mais le sol se dérobait sous leurs pieds, les faisant tournoyer dans une danse macabre et incontrôlable. Elles tentèrent de courir, de fuir ce chaos imminent, mais leurs jambes refusaient de leur obéir, les laissant tournoyer dans un tourbillon de peur et d'incertitude.

Le chaos s'empara de tout, les empêchant de prendre la moindre décision.

Les minutes semblaient des heures, le temps s'étirant à l'infini dans ce décor effrayant.

Les murs se mirent à trembler, laissant éclater la terreur dans le cœur des deux enfants qui tentèrent en vain de comprendre la nature de ce cataclysme. Le bâtiment commença à trembler violemment, les privant de toute possibilité de fuite. Des murs s'effondrèrent, bloquant toute issue et les plongeant dans une terreur indicible.

Coincées, impuissantes face à la force déchaînée de la nature, les larmes coulaient sur les joues des fillettes, pétrifiées par la peur.

— Nous allons mourir, sanglota Solène, les yeux embués de larmes, terrifiée par l'ampleur de la catastrophe, tandis que des cris de terreur résonnaient à l'extérieur, annonçant la tragédie imminente.

Solène et Fléa se regardèrent intensément, se comprenant sans avoir besoin de mots pour exprimer leur angoisse.

Fléa s'approcha de la fenêtre avec détermination, malgré la peur qui la terrassait. Solène la suivit, les yeux brillants de larmes, les mains tremblantes.

— Nous ne mourrons pas, prononça-t-elle d'une voix enrouée. Viens, je vais te faire passer par cette petite fenêtre, murmura-t-elle en pointant le seul moyen d'échapper à la mort.

Se dépassant dans un dernier geste héroïque, avec bravoure, elle attrapa la main de Solène et l'encouragea à passer la fenêtre. Fléa hissa Solène sur ses épaules, lui offrant ainsi une chance de survie. Les cris de détresse résonnaient à l'extérieur, augmentant leur anxiété.

— Fléa, je ne peux pas te laisser derrière, sanglota Solène.

— Fais-moi confiance, Solène. On se retrouvera de l'autre côté, lui assura-t-elle en forçant un faible sourire.

Solène hésita un instant, la peur tordant son estomac. Mais voyant la détermination dans les yeux de Fléa, elle prit une profonde inspiration et se laissa tomber sur le sol.

Au moment de sortir à son tour, malheureusement, le bâtiment s'effondra sur elle, l'emprisonnant dans ses murs dévastés. Ses dernières paroles résonnèrent dans le silence assourdissant :

— Cours, Solène. Elle courut à perdre haleine, laissant derrière elle les hurlements de désespoir et les grondements sinistres de l'effondrement. Vis pour nous deux, parvint à articuler Fléa avant que le silence ne prenne le relais, emportant avec lui le courage et la détermination de la jeune fille.

L'orphelinat n'était plus qu'un amas de décombres et de débris, emportant avec lui tous les souvenirs et les rêves de ces enfants malheureux.

𝗬𝗢𝗨𝗥  𝗕𝗘𝗟𝗢𝗩𝗘𝗗Où les histoires vivent. Découvrez maintenant