Chapitre 10

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Fléa s'immobilisa, surprise. Elle scruta l'intérieur du véhicule et reconnut finalement le visage de son patron, éclairé par la lueur des lampadaires.

— Pourquoi ne pas avoir dit que c'était vous dès le début ? Vous m'avez fait peur, confia-t-elle d'une voix qui trahissait la frayeur qui avait parcouru tout son être.

Son patron lui lança un regard énigmatique, puis, brisant le silence tendu, demanda :

— Vous seriez moins effrayée si vous saviez que c'était moi ? Répondit-il en sortant de la voiture pour aller ouvrir la portière à la jeune femme.

Monsieur Firth sourit, un sourire qui éclaira son visage d'une lueur chaleureuse et presque tendre.

— Vous vous doutez bien que quiconque, à ma place, serait épouvanté d'être abordé ainsi au milieu de la nuit. D'autant plus que je suis une femme et que vous ne me portez visiblement pas dans votre cœur.

Fléa se sentait déconcertée par la situation. Depuis qu'elle avait commencé à travailler pour Théry Firth, elle avait toujours ressenti une certaine animosité de sa part à son égard. Il avait été si ignoble avec elle durant la matinée. Mais son regard maintenant, empreint d'une étrange douceur, la déstabilisait.

Alors, cette soudaine proposition de la ramener chez elle, comme un gentleman courtois, la rendait perplexe. Fléa ne savait que penser de ce revirement de comportement. Était-ce le fruit d'une quelconque stratégie de sa part, ou bien y avait-il réellement une intention sincère derrière ce geste inattendu ?

Son regard pétillait d'amusement derrière ses lunettes de soleil en pleine nuit, mais son visage demeurait impassible. Il semblait avoir un extraordinaire don qui permettait de dissimuler ses émotions, et cela intriguait encore plus Fléa. Alors qu'elle prenait place à côté de lui dans la voiture, le regard fuyant, hésitant entre la peur et l'excitation, elle sentit une tension électrique s'installer entre eux.

— Je voulais juste m'assurer que vous rentriez en toute sécurité, expliqua-t-il, ses yeux perçants plongeant dans les siens. Martin m'a fait savoir que vous souhaitiez rentrer chez vous, seule.

Fléa sentit un frisson lui parcourir l'échine. Elle ne savait pas comment interpréter cette soudaine attention de sa part.

— J'ignorais que vous viviez si loin du bureau, reprit son patron en reprenant le volant.

— C'est assez éloigné en effet, répliqua Fléa d'une faible voix, mal à l'aise à présent dans cette voiture luxueuse. L'atmosphère était étrangement chargée de tension, comme si quelque chose allait se produire ce soir-là.

Le trajet se déroula dans un silence pesant, seulement interrompu par le vrombissement du moteur et le bruit monotone des pneus sur l'asphalte. Fléa sentait le regard de son patron peser sur elle, comme s'il cherchait à décrypter ses pensées. Et elle, de son côté, se perdait en conjectures sur les motivations qui se cachaient derrière ce geste. Elle n'osait croiser ses yeux, perdus dans la contemplation du paysage défilant à travers la vitre.

— Mademoiselle Sloan, j'aimerais vous inviter à dîner. Pour discuter, et peut-être trouver un terrain d'entente entre nous.

Fléa fut prise de court. Cette invitation inattendue la plongea dans un tourbillon d'émotions contradictoires. Elle tourna le regard vers lui, cherchant dans ses yeux une réponse à ses questionnements muets.

— Je ne vous demande pas de répondre maintenant, répliqua ce dernier en tournant ses yeux vers elle, captant son regard confus. Vous avez toute la semaine pour y songer, prononça-t-il en redirigeant toute son attention sur qui s'étendait devant eux.

Fléa se sentait partagée entre la surprise, la méfiance à l'idée de ce dîner proposé par son mystérieux et parfois odieux patron. Elle n'arrivait pas à comprendre son changement de comportement soudain. Était-ce une sorte de stratagème pour la mettre en difficulté ou y avait-il une intention honnête derrière ce geste ? D'un côté, la colère et la frustration, liées aux récentes interactions désagréables avec son patron, et de l'autre, une étrange excitation à l'idée de ce dîner inattendu.

Secouant rapidement sa tête pour chasser ces pensées confuses, Fléa prit une profonde inspiration avant de répondre :

— Je vais y songer, prononça-t-elle d'une douce voix tandis qu'ils s'approchaient enfin devant sa maison.

— Prenez le temps qu'il vous faut pour réfléchir. J'espère que vous accepterez, ne serait-ce que pour avoir une conversation franche entre nous.

— Finalement, je crains que ma réponse ne soit pas positive, enchérit-elle d'une voix enrouée.

— Mademoiselle Sloan, ne seriez-vous pas en train de me défier en refusant mon invitation ? lança Théry Firth d'une voix empreinte de défi, tandis qu'un éclat froid traversait son regard.

Fléa sentit la tension monter en elle, mêlée à une pointe de peur. Elle savait que cet homme avait le pouvoir de bouleverser sa vie en un instant, que ce soit en bien ou en mal. Mais elle refusait de se laisser intimider.

Sa voix tremblante trahissait son malaise lorsqu'elle prit enfin la parole, déployant tout son courage pour exprimer son refus :

— Pardonnez-moi, monsieur Firth, mais je ne peux accepter votre invitation. Je ne me sens pas à l'aise en votre présence, déclara-t-elle d'une voix ferme en déployant tout son courage, laissant échapper un soupir de soulagement mêlé à une pointe de regret.

À cet instant, le silence s'installa dans la voiture, seulement brisé par le doux murmure du vent qui s'infiltrait par la fenêtre entrouverte. Son refus catégorique résonna dans la pièce, tranchant comme une lame affûtée.

Ils arrivèrent enfin à destination. Fléa s'empressa d'ouvrir la portière et pu enfin sortir de cette voiture dans laquelle elle semblait asphyxier.

— Attendez, lui demanda celui qu'elle fuyait.

Elle se tourna vers lui, redoutant ce qu'il dirait après son long silence pendant tout le reste du trajet.

— Très bien, mademoiselle Sloan. Je respecte votre décision. Mais sachez que je n'abandonne jamais facilement ce que je veux, lâcha-t-il avant de redémarrer la voiture et de quitter les lieux, laissant Fléa seule devant le portail, le cœur battant la chamade.

Fléa regarda la voiture s'éloigner dans la nuit, se sentant à la fois soulagée et inquiète. Théry Firth était un homme puissant, plaisant et mystérieux, mais quelque chose en lui la mettait mal à l'aise. Malgré son aura magnétique, Fléa sentait au fond d'elle une alerte, un signal d'alarme qui lui disait de se méfier. Elle resta là, ébranlée, se demandant quelles nouvelles épreuves l'attendaient à présent qu'elle eût défié Théry Firth.

 Une chose était sûre, sa vie venait de basculer dans un tourbillon de mystère et de danger aux teintes tragiques.

𝗬𝗢𝗨𝗥  𝗕𝗘𝗟𝗢𝗩𝗘𝗗Où les histoires vivent. Découvrez maintenant